WARNING – Tel que tu l’imaginais
1981. Il y a une publicité dans Best qui invite à composer un numéro de téléphone afin d’écouter des extraits du premier album de Warning. Vous composez le numéro sur le cadran rotatif de la boite grise puis … un magma sonore vous envahit l’oreille externe, vous tortille l’oreille interne !
Sur la bande du répondeur qui supporte les extraits de chansons, on distingue une voix aiguë, des guitares qui crachent, des idées, des mélodies « en sous-sol », de quoi attirer le hard rockeur malgré un son bigrement dégradé. Un passage chez le disquaire. Il faut commander, l’objet n’est pas en rayon. La galette arrive, vous la pluggez sur la platine et … Fooooormidable !!! Nous sommes en présence d’un groupe de heavy rock français qui chante en français, un porte-avions chargé de munitions thermonucléaires, d’ogives comparables à celles envoyées par la référence hexagonale en la matière : Trust.
WARNING – Sous le Soleil de Mescaline
Le « véritable » son du disque est un modèle du genre ; versus vinyle. Pas étonnant, DBF, Dominique Blanc-Francard, est à la console d’enregistrement ; avec Laurent Thibault, un des ingénieurs du son made in France que le Monde nous envie.
La dynamique est au rendez-vous, les basses, mediums et/ou aigus sonnent clairement, percutent l’atmosphère d’ondes électriques stimulantes. Evidemment, puisqu’il s’agit de heavy rock, les guitares de Christophe et Didier lâchent un fiel incendiaire, amer et brûlant. La voix royale de Raphael se greffe sur le galop de ces chevaliers pour une joute harmonieuse et mélodique de laquelle tous sortent vainqueurs. L’auditeur, vaincu, abdique et jubile à l’idée de s’en remettre une dose dès la Face B terminée.
Ciné Regard
Parce que le « bruit » n’est pas seul sur l’horizon de son ambition, le groupe sert également une sorte de reggae barbelé, « Satan Relaps », ainsi qu’une ballade musclée, « Tel Que Tu l’Imaginais », dont le texte identifie une influence musicale du chanteur :
« Sylvia sort de Leidseplein dans un vieux tram de nuit … A quel Far Away sur cet air : Oh oh baby, I’m gonna leave you … Oh yesterday c’était good time et leidseplein est presque tel ! Tel que tu l’imaginais … »
Une déclaration d’amour …
WARNING – Satan Relaps
1982. Vient le temps d’enregistrer le redouté second album, « redouté » car le premier Lp éponyme a bien fonctionné. Question : comment, si ce n’est faire mieux, faire plus fort ?
Nul « II » ou autre titre ne figurant sur la pochette, il s’agit à nouveau d’un album éponyme d’où une confusion possible avec le précédent, même si le visuel, lui, n’est en rien comparable. Enregistré en Allemagne aux Dierks Studios, là-même où Scorpions à dégoupillé Blackout sorti six mois plus tôt, le son et les titres sont traités « Metal », ce qui déstabilise quelque peu le following du groupe. La tornade préfigure la prochaine vague de heavy metal français, H-Bomb et son Lp Attaque (1984) en licorne.
Une des raisons par lesquelles les fans boudent ce nouvel opus semble se situer au niveau sens mélodique, sacrifié sur l’hôtel de la puissance et de l’énergie. Pour continuer la comparaison avec la livraison teutonne des arachnides cités plus haut, on distingue clairement qu’ils ont sciemment conservé l’aspect « chanson » de leurs morceaux, même les plus virulents, notamment lors des refrains. Warning s’en est éloigné.
Rock City
Désillusions, mauvais conseils, le groupe largue son Label, Polydor, et se retrouve le bec (de coq – CF la pochette du second album) dans l’eau. Il faut deux ans avant que Warning revienne à la charge avec un nouvel Lp, Métamorphose (1984). Du line up initial ne reste que Christophe Aubert, le divin soliste. En introduction du 33-Tours, il concocte un riff redoutable répété à satiété tout au long de « Petit Peuple ». Les autres morceaux sont moins originaux, plus communs, à des lieux de ceux du premier long format.
WARNING – Petit Peuple
Manque de succès, galères des tournées, le groupe se dissout. Profitera-t-il du deux millièmes siècles pour se reformer ? Didier Bernoussi et Christophe Aubert, les deux premières gâchettes de chez Warning, sont décédés (Bernoussi 2011 – Aubert 1994). Un autre enregistrement de ce groupe français prometteur restera donc, à jamais … Tel que tu l’imaginais.
Tel Que Tu L’imaginais
Thierry Dauge