PEARL JAM – Do The Evolution
En 1991, lorsque Ten apparaît chez les disquaires, Pearl Jam cible l’exact créneau que la jeunesse en mal de repères musicaux souhaite côtoyer. Sept ans plus tard, avec Yield (1998), le groupe élargit son audience. Il réjouit l’ensemble du microcosme rock. « Do The Evolution » participe pour beaucoup à ce nouvel engouement.
Chez Pearl Jam, comme pour la plupart des formations de rock, le chanteur occupe une place centrale. En ce domaine, Eddie Vedder est atypique, sa voix surtout. Il l’anime de telle sorte qu’elle flirte parfois avec l’extrême limite de la justesse. Par contre, elle lui confère une aura charismatique inexpliquée. Pas spécialement grave ou aiguë, les notes que Vedder hôte à ses cordes vocales voyagent sur des médiums relatifs. Gorge mise à nue, pour « Do The Evolution », il essore des déchirements en lien direct avec le texte.
PEARL JAM – Do The Evolution (studio)
Dans cette chanson, les métaphores sont virulentes, le propos écologique est sous-jacent, « sauvegardiste » : « P… ! A force de l’épuiser, ces cons d’hommes vont bien réussir à la faire péter. La préserver ? Mon c… ! Je suis l’Alpha, je suis le Roi ! ». De ce côté-ci de l’Atlantique, et en français, Zazie ne chante pas autre chose dans « Je suis Un Homme » (2007).
« Do The Evolution » est composée de deux parties distinctes. Nanti d’une progression inéluctable, l’habillage est compulsif, addictif. Lors des premiers couplets, les musiciens déraillent, tordent la mélodie, piétinent un continuum pétri d’incertitudes. Sur la photo live qui illustre cette chronique, tous regardent le batteur ; avec raison. Ex frappeur chez Soundgarden, Matt Cameron tient la « baraque ». Mieux, sur ce titre, il en détient les clés.
En fin de morceau, même s’il faut tendre l’oreille, c’est bien un brasier qui gronde. Un vent de fin du monde lui fait suite avant que de timides stridulations de grillons n’apparaissent. Un Recommencement.
PEARL JAM – Do The Evolution (live)
Qu’on apprécie ou pas Pearl Jam, « Do The Evolution » fait l’unanimité. Pourquoi ? On ne sait pas. Par contre, inéluctablement, l’auditeur est envoûté. Peut-être, l’histoire contée fait-elle partie intégrante de son cerveau reptilien (?). Pris au piège, il l’écoute en boucle sans jamais s’en lasser. Il y a des choses, comme celle-là, auxquelles on ne peut rien … et encore moins résister.
Thierry Dauge