Récits d’une année charnière
L’intime et le politique
Lire un nouvel ouvrage de Patti Smith est désormais un régal et elle peut être considérée comme poète mais aussi écrivaine. Elle possède cet art magnifique de nous emporter très loin au point de ne plus pourvoir distinguer le vrai du faux.
L’Année du singe correspond, en gros, à 2016. En alternant vagabondage, vécu, imaginaire, réel, nostalgie, déception et délivrance, elle sait subjuguer ses lecteurs qu’ils n’aiment ou pas sa musique (bon, en général, ils l’apprécient plutôt quand même).
Alors suivons-là à travers quatre faits marquants pour elle.
Ses soixante-dix ans avant tout qui forment un aboutissement d’une carrière fantastique avec un inoubliable premier album qui va tout casser, Horses, dès 1976 (ou 75), soit quarante ans plus tôt. Mais ce livre n’est surtout pas un bilan, plutôt un état des lieux de cette période.
Patti Smith « Gloria » (Live, revisitée)
Elle assiste ainsi, jusqu’à ses derniers instants, à la disparition en juillet de Sandy Pearlman, victime d’une hémorragie cérébrale, producteur avant tout de Blue Öyster Cult, qui avait été le premier à la conseiller de former un groupe au milieu des seventies.
Elle ne peut que constater, un an après, au décès, victime de la maladie de Charcot, d’un autre ami proche, Sam Shepard, poète, écrivain et scénariste, entres autres, de l’inoubliable Paris, Texas de Wim Wenders, palme d’Or à Cannes en 1984, excellent acteur dans Les Moissons du ciel de Terence Malick (1978) et dans L’Etoffe des Héros de Philip Kaufman (1983).
Patti Smith – Smells Like Teen Spirit (cover)
https://www.youtube.com/watch?v=zg_ZXGX4gns
Pour achever cet annus horribilis, débarque à la Maison Blanche le plus taré de tous les présidents des Etats-Unis, Donald Trump, auquel Walt Disney, à son insu, a su donner un joli prénom.
Tout cela est décrit entre deux concerts, entre deux voyages, entre l’humour et l’émotion que Patti sait raconter dans un langage bien à elle alliée à une traduction parfaite.
Patti Smith – L’Année du Singe
Gallimard – 184 pages – 18 €
Patrick Bénard