MGMT – Oracular Spectacular (2007)
En 2012, avec Oracular Spectacular (2007), MGMT atteint le million et demi de copies écoulées, ce qui est fort honorable à une époque où les téléchargements payants ou « sauvages » sont rois. Existe-t-il une suite à ce formidable album ? Soyons honnête : non. Congratulations (2010), MGMT (2013) et Little dark age (2018) n’ont pas la maestria de ce premier essai. L’aspect d’avantage psychédélique développé dans ces trois derniers Lps, s’il est louable, n’approche pas l’ouvrage à l’œuvre dans Oracular Spectacular : du point de croix.
MGMT – Kids
Les titres, tels des assemblages de cépages à la recherche d’un grand cru : Cabernet-Sauvignon et Merlot, ou une sélection de la meilleure orge malté, céréale susceptible de produire un whisky single malt de haute lignée, explore les mélodies sur plusieurs plans. Les « ponts » qui les unissent ne sont pas tranchants, tracés tout en progression pour en améliorer l’impact émotionnel. Lorsque la musique est modelée de cette façon, qui plus est amoureusement, elle retentit à l’oreille plurielle du mélomane épris tant d’originalité que d’équilibre.
Time to pretend
Pour celles et ceux qui abordent Oracular Spectacular par son aspect « dance », impression qu’il dégage au prime abord, l’enregistrement devient assez vite « autre chose ». De fait, on peut s’y agiter en cadence mais également s’y enivrer, plongé au cœur de l’alambic. Le sillon n’étant pas avare de nectar, l’addiction guette qui engage l’auditeur à changer de Face aussi promptement qu’il ou elle puisse le faire. La musique a cette vertu insaisissable susceptible d’épurer le corps et l’esprit. Paradoxalement, celle de MGMT dégage des fragrances sexuées invitant à la promiscuité des âmes.
MGMT – Of moons, birds and monsters
Andrew Van Wyngarden et Ben Goldwasser, les deux post ados au look de geek qui barrent le vaisseau, présentent des influences canonisées : Bowie, Stones, Dylan, disco glam rock et psychédélisme se bousculant tout sourire autour du gouvernail. Réminiscences modérées, elles s’ingèrent sans chausse-pied car savamment condimentées, made in 2000. L’alchimie mystérieuse à l’œuvre, ce coup de lifting aux partitions d’antan, aimante l’attention via le chrome dont elle glace l’audition.
The youth
Peut-être que nos deux compositeurs émérites sont de ceux que le succès rebute, lui préférant l’underground. Cobain y a laissé sa peau, ils ont choisi une autre voie : le baklava. Fourrée d’amades et de pistaches, la musique qu’ils pratiquent à présent, sans manquer d’appétence, s’est éloignée de ses saveurs originelles. Dommage … ou pas. Encore une fois, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Personnellement, je suis resté scotché au stade d’Oracular, son traitement live Spectacular n’y étant peut-être pas pour rien non plus.
MGMT – 4th dimensional transition (live)
Thierry Dauge