The Flamin’ Groovies et Humble Pie : Pop and Rock around 1971
Mars 1971
Si Mars est une planète du système solaire, la planète « rouge », c’est également l’homonyme du Dieu de la guerre dans la mythologie romaine. Choisir de sortir un album ce mois-là relève-t-il d’une intention guerrière ? Si c’est le cas, Teenage head et Rock on visent le centre de la cible. Au-delà d’être des armes redoutables, véritables bombes à fragmentation, ces enregistrements frôles l’impeccable, le 100% parfait !
The FLAMIN’ GROOVIES – City lights
HUMBLE PIE – Sour grain
The Flamin’ Groovies
Bien que The Flamin’ Groovies et Humble Pie utilisent le même terreau pour fleurir leur musique, au sortir des enceintes, le résultat n’a rien d’un clonage en série. Les Groovies explorent le rock en puisant dans les racines du blues, du rockabilly, du swamp, de la country, suivant en cela le chemin emprunté et « empreinté » par The Rolling Stones. D’ailleurs, la cale qui semble empêcher Teenage head de rouler jusqu’à une reconnaissance plus large pourrait bien s’appeler Sticky fingers, monstruosité sortie la même année.
Humble Pie
Pour Rock on et Humble Pie, il en va tout autrement. Les amateurs de pop music vénèrent déjà son chanteur, Steve Marriott, ex Small Faces, une référence du Swiging London. Déchirant son costume Mod, Marriott saute dans des jeans, change de coiffeur et chausse une Les Paul. Pour « blondir » sa palette sonore, il recrute Peter Frampton, cisaille ses partitions et en avale les copeaux. Résultat ? Comme Mademoiselle, sa voix éraillée chante le blues sur des accords de heavy rock turgescents.
HUMBLE PIE – Big George
https://www.youtube.com/watch?v=AtWa-bSZ0RQ
The FLAMIN’ GROOVIES – High flyin’ baby
En 1971, outre Sticky fingers, la concurrence scintille comme une queue de comète. Ci-joint quelques-uns de ces flamboiements : The Who – Who’s next, David Bowie – Hunky dory, T Rex – Electric warrior, John Lennon – Imagine, The Doors – L.A. Woman, Led Zeppelin – IV. Aïe ! Ça pique !
Dans l’actualité, du jubilatoire au tourment, des événements colossaux encrent les journaux. Un astronaute US ouvre un terrain de golf sur la lune (dans des studios hollywoodiens ?). De la Station Spatiale Internationale, des scientifiques ont comptabilisé une dizaine de balles encore en orbite.
Pendant que Jim Morrison à Montmartre et Gene Vincent à Newhall, Californie, rendent les clés à leur Créateur, « Riders on the storm » et « Be-bop-a-lula » gagnent l’orphelinat. Afin que le cœur des rockers continue de battre, Rock on et Teenage head injectent des bolus d’adrénaline dans les platines. Néanmoins, les parties de slide qui ensemencent les enregistrements, plus sarrasin que froment, rappellent d’avantage le sel des larmes hivernales que le sucre du printemps.
The FLAMIN’ GROOVIES – Whiskey woman
HUMBLE PIE – Rollin’ stone
Au risque de voir leur public s’assoupir, en live, Marriott et Frampton étirent leurs chansons jusqu’au bout de la nuit. En face, l’épileptique Cyril Jordan agite un shaker à effervescence. Héroïne pour l’un, cocaïne pour l’autre ? Pour varier les plaisirs, la seule solution revient à jouer Teenage head et Rock on en mode « ping-pong ». Au format vinyle, c’est un sacré boulot !
Thierry Dauge