Charles Bukowski, poète des marginaux au cœur de la folie !

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«Le Génie peut être la capacité à dire des choses fortes de la manière la plus simple.»

Charles Bukowski demeure l’un des romanciers les plus influents de la littérature américaine du XX ième siècle.

Presque toujours autobiographique, les romans de Bukowski nous transportent dans un monde où l’alcool, le sexe et la folie se mêlent.

Contes de la folie ordinaire, (Titre original: Erections, ejaculations, exhibitions and general tales of ordinary madness ),une œuvre majeure où l’auteur invite le lecteur dans une conquête de la déchéance, de la folie, de la vie tout simplement.

C’est un recueil d’une vingtaine de nouvelles. Bukowski nous plonge dans l’univers de l’alcoolisme, du sexe, des humiliations… Il nous parle aussi beaucoup des femmes et se met en scène sans concession, d’un ton souvent grossier et provocateur.

Au fil de ses écrits, quelques nouvelles sont plus sentimentales et laissent transparaître une vision désespérée de l’amour.

Bukowski-citation

Ses personnages

Les textes de Bukowski évoquent la survie au sein d’une société corrompue.

Il raconte les exclus, les marginaux, les pauvres hères qui rêvent de faire fortune abandonnant trop vite leurs projets au passage d’une belle ingénue.

Le langage est cru et ironique. Certes, l’humour noir et décalé est au rendez-vous mais Bukowski, laisse transparaître une grande lucidité sur la société et sur lui-même. Il pousse le trait jusqu’au burlesque.

«Je ne suis pas un homme de réflexion, je fonctionne aux sentiments et mes sentiments vont aux estropiés, aux torturés, aux damnés, aux égarés, non par compassion mais par fraternité, parce que je suis l’un des leurs, perdu, paumé, indécent, minable, apeuré, lâche, injuste, avec de brefs éclairs de gentillesse ; salement atteint et conscient de l’être, cette lucidité ne m’est d’aucun secours, au lieu de me guérir elle me plombe.»

Son Histoire

Charles  Bukowski est né le 16 août 1920 en Allemagne. Ses parents s’installent à Los-Angeles en 1922. Il y grandit dans un climat de violence, son père manie les lanières de cuir avec dextérité, il le  battra jusqu’à son adolescence.

Très jeune il découvre l’alcool, un compagnon qui l’accompagne durant toute sa vie.

A 21 ans il quitte le domicile familial pour voyager tout en écrivant. A cette période il découvre Hemingway, Dostoïevski et surtout John Fante.

« John Fante allait toute ma vie m’influencer dans mon travail » écrira-t-il.

De retour à Los Angeles il vit de petits boulots jusqu’à l’âge de 49 ans. Là, il se consacre essentiellement à l’écriture.

En 1969,  le poète et éditeur Lawrence Ferlinghetti publie le recueil de nouvelles et de chroniques de Bukowski Journal d’un vieux dégueulasse. L’ouvrage lui apporte un début de notoriété; plus tard les Contes de la folie ordinaire, lui offriront la consécration. Suivront :Women, Souvenirs d’un pas grand-chose, Au sud de nulle part, Sur l’écriture… et bien d’autres ouvrages à découvrir car l’œuvre de Bukowski est immense.

Citation
Charles Bukowski

Bukowski, le sentimental

Les poèmes de l’auteur sont en effet débordants de sentiments et d’émotions qu’il parvient à transmettre avec précision, parfois même trop intensément. Ses mots frappent et partent abasourdis. Ils développent son regard sur la vie : une vision cruelle, objective et crue à la fois.

Le cœur riant, pour ceux qui sont dans la crainte, l’angoisse ou le doute; lire ce poème c’est reprendre vie !

«Ta vie est ta vie
Ne te laisse pas abattre par une soumission moite
Sois à l’affût
Il y a des issues, il y a de la lumière quelque part, il y en a peut-être peu
Mais elle brise les ténèbres
Sois à l’affût
Les dieux t’offriront des chances
Reconnais-les
Saisis-les
Tu ne peux battre la mort
Mais tu peux l’abattre dans la vie
Et le plus souvent tu sauras le faire
Le plus il y aura de lumière.
Ta vie, c’est ta vie.
Sache-le tant qu’il est temps
Tu es merveilleux
Les dieux attendent cette lumière en toi.»

Charles Bukowski – Cinq Poèmes du Recueil : L’Amour est un Chien de L’Enfer

Charles Bukowski à Apostrophes

Son passage dans la célèbre émission littéraire de Bernard Pivot fût une prestation des plus mouvementée…

Charles Bukowski s’en explique dans un entretien donné à Jean-François Duvel en 1986 :

«Je me fous toujours dans des situations pas possibles. Mais quelle coterie de snobs ! C’était vraiment trop pour moi. Vraiment trop de snobisme littéraire. Je ne supporte pas ça. J’aurai dû le savoir. J’avais pensé que la barrière des langues rendrait peut-être les choses plus faciles. Mais non, c’était tellement guindé. Les questions étaient littéraires, raffinées. Il n’y avait pas d’air, c’était irrespirable. Et vous ne pouviez ressentir aucune bonté. Il y avait seulement des gens assis en rond en train de parler de leurs bouquins ! C’était horrible…Je suis devenu dingue.»

Bernard Pivot donne sa version  dans son livre “Le métier de lire” :

«Il n’y a qu’un Bukowski. L’auteur des “Contes de la folie ordinaire” et des “Mémoires d’un vieux dégueulasse” est un stratège de la provocation. Intenable dans sa vie comme dans son écriture, comment ne le serait-il pas quand il se donne en spectacle ? Après son interview qui dura à peu près vingt minutes, il se désintéressa des autres invités et entreprit, avec succès, de siffler au goulot les trois bouteilles de vin blanc qu’il avait demandées. Que je n’aie pas retenu Bukowski et que j’aie été content de la voir partir, c’est évident. Mais jamais je ne l’aie expulsé, comme certains continuent, de bonne ou de mauvaise foi, à le croire…»

Charles Bukowski et le cinéma

Marco  Ferreri adapte Contes de la folie ordinaire en 1981. L’interprétation ne reflète en rien l’esprit de l’auteur, qui fait une critique très sévère dans son livre “Le ragoût du septuagénaire” où il qualifie le film de « Piece of shit »

D’autre part, il apprécie le film  Barfly, adaptation de Hollywood par Barbet Schroeder. L’histoire d’un écrivain, Henry Chinaski, alter ego de Charles Bukowski, dont le rôle est tenu par Mickey Rourke.

Le poète des gens ordinaires

Charles Bukowski, un écrivain culte qui n’appartient à aucun mouvement. Un marginal qui a refusé d’intégrer le monde littéraire « trop snob » disait-il !

Ses récits sont souvent autobiographiques. Il parle de ses errances et de ses angoisses avec humour et profondeur. Son oeuvre littéraire nous laisse une vision de la vie sans concession ni lyrisme, mais cependant non dénuée de tendresse.

Le 9 mars 1994, il meurt d’une leucémie.

«Il suffit de regarder les mots qu’il sculpte sur une feuille de papier blanc pour savoir si un homme a une âme ou pas.»

Nic Blanchard-Thibault

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