POINT BLANK – Southern rock à bout portant

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POINT BLANK – Pistoleros cinq étoiles

Point Blank

« That little ol’Band from Texas », c’est ZZ Top. « That ‘fuckin’ heavy Southern Band from Texas », c’est Point Blank, des pistoleros cinq étoiles. Pour le prouver, ne cherchons pas plus loin que leurs deux premiers Lps. Ils simulent des Winchesters chargées à bloc et prêtent à faire feu. Les projectiles sont à fragmentations, huit pour le premier, album éponyme (1976), neuf pour Second season (1977).

Point Blank

Dans le but d’augmenter la capacité de perforation des balles, les cowboys les ont remodelées, paraphant leurs extrémités d’une incrustation en croix. Un simple point d’impact à l’entrée de la cible : nos tympans, un orifice double décimètre à la sortie : le lobe temporal du cerveau, siège de l’audition. Plus moyen d’écouter autre chose par la suite.

POINT BLANK – Free man (1976)

Après ce duo d’albums initial, quel taon les pique ?! La course au succès ? Voilà pourquoi nous allons recentrer notre attention sur ces deux-là. L’aîné est plus heavy, le cadet plus mélodieux, une sacrée paire de canons sciés !

Bill Ham, le légendaire producteur de ZZ Top, nous raconte

« Sur le dernier concert du Fandango Tour, le 9 octobre 76 au Three Rivers Stadium, Billy, Dusty et Frank souhaitent ‘rajeunir’ leur groupe de ‘chauffe, celui qui ouvre la danse. Comme une autre date était prévue avec Aerosmith en décembre, pour démarrer la tournée Tejas, ils émettent également l’idée de proposer les deux shows au même combo. Jusque-là, The Outlaws et Blackfoot ont assuré le job. Je suis donc chargé d’aller recruter du sang neuf. No problemo ! J’ai déjà un nom à leur soumettre : Point Blank. En fait, je les ai sous contrat ».

Moving (1976)

« Je me souviens de la première fois où je les ai vus. Je traînais mes bottes sur Columbia Avenue, à Irving – Texas, lorsque j’ai entendu des giclées de guitares harmonisées sortir d’une boite de strip-tease. Je me paye un ticket d’entrée et je vois mes cinq lascars lâcher une purée d’enfer depuis la mini scène où ils jouent, un timbre-poste. Ni une, ni deux, une fois leur set terminé, je vais les coincer backstage. Il était hors de question que je les laisse filer, pas ces cowboys-là ! Entre les deux dates avec ZZ Top, je leur ai décroché d’autres gigs, notamment avec Kansas puis Foghat et Tommy Bolin ».

Point Blank

S’il nous faut faire une comparaison, Lynyrd Skynyrd semble tout désigné, la rudesse du désert texan en prime. Chez Point Blank, en lieu et place des champs de cotons, du whiskey et des bâtisses à colonnes, il y a des cactus aux coins des refrains, des tumbleweed qui traversent les couplets, du tabac brun et de l’alcool de grains.

Musicalement, le groupe détonne au milieu d’un équilibre discordant mais assez étonnant. En effet, le chanteur présente une voix similaire à celle d’un autre redneck : Johnny Winter, l’aspect mélodieux et la profondeur en plus. Cette voix serait plus à sa place pour conter la sérénade (ce qu’elle fera plus tard), se « ballader » que siéger entre deux Gibson déchaînées. Pourtant, la coexistence donne tout son charme au chili con hard rock cuisiné par ces « autres » barbus.

POINT BLANK – Tattooed lady (1977)

Deux Gibson ? Certainly ! Dans la grande tradition du genre, avec prises de parole alternatives et harmonisations autour de sexy ladies. Leurs sons respirent Les Paul pluggée dans Marshall mais il se pourrait que ce ne soit qu’une impression. Après tout, d’autres bretteurs parviennent à des sonorités similaires, par exemple Ted Nugent, à partir d’une Birdland copulant un Fender. En tous cas, au-delà des instruments en présence et de l’esprit Southern, le heavy blues rock coule également dans leurs veines, pour le plus grand plaisir des amateurs du genre. Sont-ils nombreux à priser cela ? Rien n’empêche de rattraper le temps perdu en se permettant d’écouter les liens proposés.

Back in the alley (1977)

J’en vois pourtant qui se restreignent, qui n’osent pas pour des raisons extra-musicales, des comportements, de prises de position, événements historiques tel que le parti pris en faveur de l’esclavage : « honterie » de l’humanité. Au-delà des images éventuellement véhiculées par le drapeau confédéré, et que le Texas avait adopté, il y a la musique. Faut-il toujours tout mélanger ? A mon sens, la musique c’est la musique. En l’occurrence, des guitares électriques qui crachent leurs tripes, une batterie qui tachycarde, une basse qui fait vibrer les murs, une voix pour les exhorter à monter le son : Point Blank, « That ‘fuckin’ heavy Southern Band from Texas ».

Thierry Dauge

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