Ronnie James DIO – La voix de Dio

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Ronnie James DIO – Le Lutin Magnifique

Dio

ELF

Au début des 70’s, Ronald Padavona chante et joue de la basse au sein d’Elf, groupe de hard rock tendance heavy blues. Le premier album éponyme du groupe (1972), produit par la rythmique de Deep Purple : Ian Paice et Roger Glover, aligne des chansons impeccables. Face à la pléthorique production vinylique disponible sur cette période : « Machine head », « Harvest », « The rise and fall of Ziggy Stardust and the spiders from Mars », « The slider », « School’s out » … il ne reçoit qu’un succès d’estime … et qui le restera, loin, bien loin de la reconnaissance du grand public.

ELF – Gambler gambler

Trois albums plus tard, rien n’a bougé, la carrière du groupe ne décolle pas. En 1974, au beau milieu de ce no man’s land, Roger Glover invite Ronnie James sur deux titres de son album solo : « The butterfly ball and the grasshopper’s feast ». Un de ces deux titres devient un carton radiophonique et public : « Love is all », promenade champêtre enchantée par celui qui se fait alors appeler Ronnie Dio.

The BUTTERFLY BALL – Love is all

RAINBOW

Exposition médiatique aidant, deux tournées en guest de Deep Purple à l’appui, et c’est l’embauche ! Lorsque Ritchie Blackmore quitte le Pourpre Profond, il coopte l’ensemble des musiciens d’Elf. Il fonde alors le Ritchie Blackmore’s Rainbow et livre un premier album éponyme (1975) en leur compagnie.

L’année suivante, le ténébreux guitariste vire tout le monde à l’exception du chanteur pour publier le légendaire : « Rising » (1976), sous le nom de Rainbow. Il s’agit d’un des premiers disques à passer du hard rock au heavy metal « contemporain » en éliminant les gammes de blues de ses partitions. Au micro, le Lutin Magnifique transperce l’anonymat pour devenir un vocaliste de première division. Ainsi commence la légende de Ronnie James Dio.

RAINBOW – Stargazer

BLACK SABBATH

Un double live : « On stage » (1977) et un album studio plus tard : « Long live rock’n’roll » (1978), et Dio quitte Rainbow (limogé ?). Sa réputation de chanteur alliant mélodie, puissance et présence scénique lui permet d’intégrer un autre combo de haut rang : Black Sabbath. Avec ce dernier, il grave un album qui restera comme un des sommets de sa carrière : « Heaven and Hell » (1980). En son sein figurent deux beautés métalliques, les immortelles « Die young » et, surtout : « Heaven and Hell », la chanson titre.

BLACK SABBATH – Heaven and Hell

Incomparable pièce mélodique à la progression éruptive, ce morceau présente les caractéristiques musicales de la New Wave Of British Heavy Metal en éclosion, celle des Iron Maiden et consorts. On y retrouve le son, les ponts, l’emphase, l’énergie, la percussion, l’irrésistible attractivité d’un morceau qualifiable d’IN.CON.TOUR.NA.BLE. Les adeptes de rock cataclysmique en rêvaient depuis « Highway star », « Whole lotta love » ou « Big fat mama ». Armé de cet extraordinaire nouveau chanteur, le Sabbath Noir se réinvente.

En 1981, « The mob rules » rallume la fournaise. Et pourtant, chose impensable, Ronnie James Dio quitte le navire, mécontent du « Live evil » (1982) qui se prépare, emmenant avec lui Vinny Appice, batteur quasiment aussi doué que son frère aîné Carmine. En sa compagnie, Ronnie James s’apprête à monter un groupe sous son propre pseudo-patronyme : DIO.

DIO

Holy diver

Cette fois-ci, pour ne dépendre de personne, faire face à ses propres choix artistiques, il s’entoure d’amis et d’une « jeune pousse ». Les amis : Vinny Appice, donc, et Jimmy Bain, bassiste au côté duquel il a enregistré puis joué sur scène le « Rising » de Rainbow. Le « petit nouveau », c’est Vivian Campbell, un irlandais muni d’un jeu de guitare tout en tapping et en bends, de ceux initiés en 1978 par Edward Van Halen sur « Eruption ». Directement inspiré d’« Heaven and Hell », Dio envoie « Holy diver » (1983) dans les gencives de la concurrence. Et ça fait mal !

Dio

« The last in line » (1984), son successeur, frappe presque aussi fort. Puis « Sacred heart » (1985) et d’autres … moins convaincants. Si la voix de Ronnie James est toujours aussi performante, une vieille amie à laquelle on s’attache, les nouvelles compositions « tournent en rond », sans originalité, moteur privé d’explosion.

DIO – The last in line

Et après …

Le dernier Lp studio de Dio sort en 2004, suivi d’une brassée d’albums live. En 1992, le chanteur s’offre néanmoins une incartade en renouant avec Geezer Buttler et Tony Iommi. Il s’agit de son ultime participation à un enregistrement de Black Sabbath : « Dehumanizer ». Par la suite, s’il réenregistre avec eux, c’est sous un autre patronyme, toute une symbolique : Heaven & Hell.

Dans ce costume empreint de nostalgie, « The devil you know » (2009) témoigne de l’osmose dont pouvaient être capables ces musiciens une fois leurs ego mis de côté. Malheureusement, l’année suivante, le 16 mai 2010, le cancer a raison de la voix de DIO sur Terre. Ce faisant, pour des millions de fans : « Jamais, au grand jamais, le gouffre béant ne se refermera. Cent ans après, triste sort, tu manqueras encore » (librement inspiré d’une chanson de Georges Brassens – « Les copains d’abord » – 1964).

HEAVEN & HELL – Atom and evil

Pourquoi un tel engouement du microcosme heavy rock autour de Ronnie James Dio ? Répondre à cette question, outre passer le soc d’une chaîne d’osselets au fond des sillons qu’il a gravé, nécessite de l’avoir également pratiqué live.

DIO en concert

Dio

Le 30 septembre 2002, Paris accueille Dio au Divan du Monde, petite salle du quartier de Pigalle qui, lorsqu’elle affiche complet, contient 490 visiteurs. Faisant fi des stades, le groupe revient en Club à la grande satisfaction de ses adeptes. Assister à ce concert donne donc l’opportunité de « côtoyer » la Légende.

Pour cette tournée, le Lutin Magnifique a su s’entourer : à nouveau l’ami Jimmy Bain à la basse, le « polytechnicien » Doug Aldrich à la six cordes et L’ex AC/DC Simon Wright aux fûts, que du beau monde ! Il en ressort une soirée magique où les hommes distillent la meilleure « gniole » musicale qu’un public, déjà tout acquis, puisse espérer.

DIO – Don’t talk to strangers (live)

Le visage de Ronnie James reflète son histoire, cette lumière dans son regard qui conduit à son âme. Et bien que la scène soit trop petite pour exposer les châteaux et dragons qu’il n’a cessé de chanter, sa seule voix suffit à les rêver, sujette à tous les fantasmes. Plaisir des sens recentré sur la musique, l’assistance jubile. Heureux, les musiciens ne sont que sourire entre les saillies qu’ils administrent.

Aldrich impressionne les apprentis guitaristes. Ces derniers lorgnent ses mains, surtout la gauche, cette araignée tricoteuse de toiles « spatiales », de voie lactée. En support, indomptable, le duo basse/batterie recherche l’affrontement, le pilonnage en règle. Envoûtant, le Mage délivre ses sortilèges depuis le feu intérieur qui le gouverne, guidant ses troupes jusqu’à l’apex d’une jouissance sonore et mélodique.

Killing the dragon / Egypt / Children of the sea

Concert terminé, dix-sept années passées, ne reste que le souvenir pour l’évoquer. Qui pour compenser ? Rob Halford de Judas Priest, Chris Robinson : Mr Black Crowes, Le Rival Sons Jay Buchanan … des athlètes du micro. On aura beau compenser, on ne pourra le ressusciter. Alors … « Ronnie James, toi qui chantas si bien l’Enfer, puisses-tu, aujourd’hui, jammer avec les anges au Paradis ».

Thierry Dauge

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