The DISTILLERS – Coral fang : en studio et en concert

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The DISTILLERS – Brody Dalle’s Distillers

The Distillers

En studio

Avec « Coral fang » (2003), The Distillers passe du punk core, tendance « oï », au punk rock. La différence ? Une limitation de la vitesse, quelques accords majeurs et des mélodies … en plus ! Les deux premiers Lps du groupe balancent tout ce qui vient par la fenêtre, au travers des portes, voire des murs, esprit Ramones. Par contre, « Coral fang », même rugueux comme une pierre ponce, picore des gammes qu’un Green Day pratique à longueur de plages. Nonobstant, le parallèle est osé parce que, chez The Distillers, le compromis, même infime, est interdit et certains sujets se stickerisent « Explicit lyrics ».

The DISTILLERS – Die on a rope

Question : The Distillers est-il un groupe ou le support band de Brody Dalle, sa chanteuse/guitariste rythmique ? Si « Coral fang » est le troisième Lp du combo, c’est également son dernier. A cette époque, Miss Dalle est mariée avec un activiste du « truc » punk US : Tim Armstrong, le leader de Rancid. Comme le groupe débute après ce mariage, et que les musiciens se connaissent tous, on peut subodorer un coup de pouce bénéfique de Monsieur. D’ailleurs, Hellcat Records, label sur lequel sortent les deux premiers essais du groupe, a été cofondé par Armstrong, d’où l’allusion. Mais peu importe, lorsque le talent est réel

Drain in blood

La voix de Brody Dalle descelle les carreaux de plâtre et les pierres meulières autant qu’elle disjoint les parquets. Conclusion : ne pas écouter The Distillers dans une maison datant du début des 1900, ni dans une demeure plus récente, à moins de vouloir déplacer les cloisons ou, carrément, raser le pavillon.

Pour « Coral fang », cet appel à la démolition trouve un lit de guitares saturées où s’enflammer, le son des rapières suggérant une coulée de napalm sur les pentes d’un volcan en éruption. Sous des aspects trouvant leur équivalent chez Jackson Pollock, style « jets » de notes sur la partition, la construction des morceaux est bien plus méticuleuse qu’il n’y parait. Loin d’une démarche « putassière », les mélodies sont costaudes. Elles servent l’ensemble de chaque titre et permettent de traiter des « saloperies de la vie », sans apitoiement.

The DISTILLERS – Coral fang

Après « Coral fang », The Distillers se dissolvent et Brody Dalle change de compagnon. Elle tente une autre expérience de groupe : « Spinnerette », qui sort un album plutôt rock que punk, puis enregistre et tourne sous son propre nom dans un créneau musical avoisinant. Une semi bluette, bénéficiant d’un intro acoustique, apparaissait déjà en prodrome sur « Coral fang », disque dont la pochette initiale fut censurée en Europe au profit d’un visuel bien plus sage.

The Distillers

The hunger

Toute mesure gardée quant au qualificatif employé, la Demoiselle s’offre un nouveau « mécène » en la personne de Josh Homme, le leader de Queens Of The Stone Age. Heureux « hasard », on retrouve les deux groupes à l’affiche de l’édition 2014 de Rock en Seine. L’occasion pour l’amateur de vérifier si le virage pop pris par nouvellement Me Homme assoupli ses passages scéniques.

En concert

The Distillers

Le 19 février 2004, à l’Elysée Montmartre, tympans crevés et saignements de nez témoignent de l’intensité du tsunami. On surnage dans un fleuve de disto chapeauté des miaulements érodés de la belle américaine. Un régal, un délice, comme une envie de baston rapprochée, au corps à corps, avec Brody. Les boys qui l’accompagnent jouent regroupés derrière elle, en formation serrée, tel un sacrum, un sloggy sonore. Le sentiment d’approcher une définition du rock n’est pas à forcer, la musique allant jusqu’à faire trémuler l’essence même des âmes présentes.

The DISTILLERS – City of angels (live)

Dix ans plus tard, le 24 août 2014, à Rock en Seine, sous son propre nom, qu’en est-il de Brody Dalle ? Physiquement, la brune est devenue blonde et quelques rondeurs appelantes enjolivent son corps, célébration de sa récente maternité. Hormis cela, c’est la même ! D’autres musiciens l’entourent mais l’énergie persiste. Tout juste note-t-on une cadence et un échevellement moins marqués, sans doute relatif au fait que la prestation à lieu de jour et en plein air, conditions moins mystérieuses et moins propices au « lâché de chevaux ». Malgré cela, ça headbang sous les tuiles lorsque la poussière s’élève du parterre.

Don’t mess with me (Live à Rock en Seine 2014)

Brody Dalle’s Band ou The Distillers, le combat semble bien être le même, la vindicte et la morsure initiale ayant fait place au plaisir de jouer. D’ailleurs, dernièrement, c’est sous le nom de The Distillers que le groupe se produisait.

Un regret : Brody a pris pour mari un géant texan, réplique de Michael Madsen : Budd dans Kill Bill, ce qui annihile toute possibilité d’approche sexuée. Pourquoi ? Si assister à un show de la Belle signifie se faire « tolchoquer le goliwog », jouer au « chaud » à sa proximité signifierait se faire « démonter le gueule », ce qui revient au même.

A bon entendeur.

Thierry Dauge

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