Le serial killer apparaît comme un phénomène propre au XXe siècle.
Comment va-t-il évoluer au XXIe ?
La formule a été adoptée vers le milieu des années 70, sur l’initiative de Robert K. Ressler, célèbre agent du FBI. Auparavant, on parlait plutôt de «stranger murders»
Stranger murders…
le terme indique que les victimes ne présentent pas de rapport évident avec leur bourreau. Il ne s’agit peut-être pas de crimes gratuits ni de crime sans raisons… mais, en tout cas, de crime sans motif.
Les tueurs en série appartiennent principalement à la gent masculine
L’homme tue plusieurs fois, la femme généralement une seule, le plus souvent motivée par une passion déçue. Mais ça peut changer. En France, on se souvient des affaires Marie Besnard, Simone Weber, dans le plus pur style « arsenic et vieilles dentelles »… de Violette Nozières, parricide chère au cœur des Surréalistes… et des sœurs Papin qui inspirèrent Les Bonnes à Jean Genet.
Définition du Serial Killer
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Charles Manson, par exemple, n’est pas un serial killer à proprement parler, mais plutôt un assassin par procuration, un leader qui ordonne les mises à mort en évitant soigneusement de se salir les mains.
Voici la définition la plus précise, à l’heure actuelle, du Serial Killer :
– individu qui a tué au moins trois personnes, en alternance avec des périodes d’inactivité criminelle. Cette période de « stand by » doit être supérieure à trente jours entre le premier et le dernier meurtre. Ce n’est donc pas le nombre de victimes qui compte, mais la cadence à laquelle le meurtrier frappe.
L’erreur vient du goût des médias à privilégier le sensationnel.
Un serial killer qui a tué 33 fois comme John Wayne GACY est beaucoup plus intéressant à exploiter qu’un autre qui aura tué deux fois moins.
Un phénomène majoritairement américain
La société américaine est, par excellence, une société de surconsommation, jusqu’à celle des amphétamines et des antidépresseurs. Le crime ne fait pas exception au phénomène de surproduction constaté outre-Atlantique, où les criminels massacrent à l’échelle industrielle.
Le premier plus grand tueur en série reconnu
En 1994 était exécuté John Wayne Gacy, plus grand tueur en série américain au moment des faits. Pour cette raison, il entrait au Livre des records.
Reconnu coupable de 33 assassinats, il avait passé seize années en prison, dont quatorze dans le couloir de la mort. Ses victimes avaient été violées et torturées. La plupart étaient sans défense : des enfants ou de jeunes hommes de 14 à 23 ans, naïfs voire simples d’esprit, drogués, prostitués ou mal dans leur peau…
Le tortionnaire, parfois, épargnait l’un d’eux, sûr de n’avoir rien à en craindre.
Maître d’œuvre en matière de perversion, Gacy, lâche prédateur qui se croyait plus fort que la société, offrait pourtant l’image parfaite de l’Américain moyen. Plus que moyen : respectable. A la course à l’argent qui motive ses concitoyens, Gacy avait préféré s’investir dans les œuvres sociales. Organisant des kermesses pour les plus démunis, se déguisant en clown pour animer les orphelinats et les salles de pédiatrie des hôpitaux, il était devenu rapidement une vedette locale. Suscitant l’intérêt de la presse, il posa pour la postérité en compagnie du maire de Chicago puis de l’épouse du président Carter.
Un livre raconte la vie de John Wayne GACY : https://www.amazon.fr/JOHN-WAYNE-GACY-clown-tueur/dp/2910196712/ref=sr_1_2?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&keywords=clown+tueur&qid=1562248711&s=books&sr=1-2
Un bilan global
Si elles étaient encore en vie, les victimes des tueurs en série américains pourraient, une fois regroupées, correspondre à la population d’une humble bourgade de l’Hexagone : l’un des plus anciens Serial Killers recensés, H.H. Holmes, est suspecté d’avoir tué entre cinquante et deux cents fois durant le dernier quart du XIXe siècle.
Impressionnant, également, le tableau de chasse de Jeffrey Dahmer, « le Cannibale de Milwaukee » (17 victimes)… celui de Juan Corona (25 victimes)… de Larry Eyler (23 victimes)… de la bande à Elmer Wayne Henley (27 victimes, dont la plus jeune n’avait que neuf ans)… de Edmund Emil Kemper, surnommé « Co-Ed Killer » (un récidiviste qui fera 8 victimes au début des années 70)… de Martha Beck et Raymond Fernandez (une vingtaine de victimes)… et de Albert DiSalvo (13 victimes, toutes féminines). Sans oublier Ed Gein à qui fut consacré livres et films (« Psychose », notamment).
La quête du record constitue d’ailleurs la trame du film américain de 1996, « Fantômes contre fantômes », avec Michael J. Fox. Encore à cette époque (ils sont cités dans les dialogues) les recordmen américains du crime étaient John Gacy et Ted Bundy, avec respectivement 33 victimes pour le premier, entre 50 et 100 pour le second. Mais depuis ces chiffres ont été pulvérisés.
L’Europe « à la traîne »
Aucun tueur en série européen (Landru, le docteur Petiot, Jack l’Eventreur, l’adjudant Pierre Chanal, Francis Heaulme, Guy Georges, Emile Louis, Michel Fourniret, etc.) n’arrive à la cheville de leurs homologues nord-américains. Le seul à pouvoir rivaliser est le docteur anglais Harold Shipman condamné en janvier 2000 pour 15 meurtres indiscutables (et qui se pendit dans sa cellule en 2004) : il est suspecté d’en avoir commis entre 215 et 250 entre 1975 et 1998. Viendrait ensuite Patrice Alègre, à qui l’on essaie d’imputer quelques-uns des 191 meurtres ou disparitions non élucidés dans son rayon d’action durant son triste règne.