Rod STEWART – Rod « The Mod » en 1971 … et après.
En studio
1971 est une année déterminante pour Rod Stewart. Elle le porte jusqu’en 1978, où sa carrière franchie une deuxième étape, puis au-delà, jusqu’à nos jours … ou nos nuit !
En 1971, des albums aux sillons fabuleusement riches arrivent sur le marché. Jugez du peu : « Sticky fingers » – The Rolling Stones. « Teenage head » – The Flamin’ Groovies. « Who’s next » – The Who. « Electric warrior » – T Rex. « Killer » – Alice Cooper. « Hunky dory » – David Bowie. « L.A. Women » – The Doors … que du beau monde ! Dans ce contexte, se faire une place dans l’oreille des amateurs de rock relève de l’exploit !
Et bien c’est exactement ce que fait Rod Stewart, avec panache et exhaustivité : un bourreau de travail ! Il assure deux albums (!) sympathiquement rugueux avec son pote Ron Wood au sein de Faces : « Long player » et « A nod is as good as wink … to be a blind horse ». Affamé, il fomente une livraison sous son propre nom : « Every picture tells a story », qui contient un de ses incontournables : « Maggie May ».
Rod STEWART – Maggie May
Après avoir ramé sur des canaux musicaux secondaires, s’être embarqué sur le bateau du Jeff Beck Group, Rod « The Mod », surnom hérité de sa propension à se laquer les cheveux, habitude qu’il perdra en adoptant la coupe « pétard », change d’optique, passe de la navigation aléatoire au transport ferroviaire : sur les rails du succès. Ses comparses des Faces le soupçonnent même de garder ses meilleures compositions pour lui ! Pas « bégueules » pour deux sous, ils jouent sur « Every picture tells a story » et vont jusqu’à l’accompagner sur scène lorsqu’il le présente au public.
Mandolin wind
Tout doucement, Rod s’éloigne déjà du Pub-Rock des Faces. Il emprunte un chemin plus folk au futur mainstreem … voire Disco ! Précisons que le régime cognac qu’il pratique en groupe fait place à une addiction au Dom Pérignon, au Krug, au Cristal Roederer, les subsides engrangés favorisant cette pétillante réorientation. Ingestion massive de médiateurs liquides synonyme d’érosion affective, féminisation de l’image à visée tout public, vie d’hôtel et notre descendant d’écossais devient accro au sexe de luxe, une luxure « modélisée ».
On le voit donc au bras de créatures peroxydées deux fois plus hautes que lui sans qu’il en prenne ombrage ou se départît d’un sourire pour le moins « rêveur ». Parallèlement, en miroir à l’image, il clame bien haut : « Da ya think I’m sexy ? » (1978).
Rod STEWART – Da ya think I’m sexy ?
Entre « Faces » et « fesses », au centre des 70’s, Rod a inauguré la mode du « slow qui tue » avec « Sailing » (1975), un morceau de niveau hyperthermique rejoint l’année suivante par les « pousses au crime » « Hotel California » d’Eagles (1976) et « If you leave me now » (1976) de Chicago. Par la suite, devenu un sex symbol, il préfère pratiquer le rock-Disco, des mélodies brodées de guitares et de claviers sur un lit de batterie métronomique. Ainsi sortent les singles « Passion » en 1980 et « Baby Jane » en 1983. Ces deux titres, véritables scies des night clubers, agitent toujours les nuits 2010, ou comment tatouer les platines des DJ.
Passion
Bien que n’ayant apparemment pas de prise sur lui, les années s’écoulent, effaçant à peine les plis de ses costumes en tartan écossais parsemés de motifs roses fuchsia. Comme la curiosité l’emporte toujours sur les « on dit », l’apparente jouvence méritait qu’on la vérifie.
En concert
Le passage en revue se fait le 25 juin 1991 à Paris-Bercy. Que reste-t-il des 70’s ? A 46 ans, Rod Stewart est sémillant, souriant, charmeur … mais point trop rock (l’a-t-il jamais été ?). Jean-Jacques Goldman au Zénith de Paris en juin 1988 ou Pascal Obispo au même endroit en novembre 2000 sont plus heavy que lui ce soir-là !
Sur la vingtaine de titres servis, plus de la moitié sont des reprises mais Rod Stewart a toujours été un « serial cover ». Les autres titres sont des hits personnels, prouvant par là-même qu’il ne manque pas de cartouches, « Tonight’s the night » et « Every beat of my heart » en tête.
Rod STEWART – Every beat of me heart
Inusable, sa voix n’a pas baissé d’intensité, ce rugissement léonin fruit de cigarettes plus ou moins prohibées et de nécessaires « testostéronisations » des cordes vocales pour exister live face à Jeff Beck. Avec un tel brasier comme baptême du feu, la gorge du « Mod » s’est forgée à tout jamais. Sur cette tournée 91, en souvenir de ces éclats volcaniques et bluesy, il reprend un titre de Muddy Waters, un habitué des « juke-joints ».
Highgate shuffle
Ce bon Rod, tel feu notre « rocker » national : Johnny Hallyday, pratique sur scène un orchestre élargi, avec chœurs et cuivres. Il clone Arturo Brachetti en changeant plusieurs fois de costumes et rend hommage au Club de foot de Brentford en shootant quelques ballons en direction de l’assistance à la fin du show.
Il ne faut parfois pas trop attendre des gloires anciennes et laisser vivre la Légende. Parce qu’à l’écoute de son passé, Sir Roderick David Stewart n’avait pas besoin besoin d’être anobli pour qu’on se souvienne de lui.
Rod STEWART – Baby Jane
Thierry Dauge
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