L’état d’esprit du groupe Bijou à la sortie de l’album Pas Dormir

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Bijou – Pas Dormir – 1979

Après 2 albums, qui dorénavant font date dans l’histoire du Rock Français Danse avec moi et OK Carole, chacun vendu à 35 000 unités, Bijou est frustré (Dixit eux-même!). Le groupe souhaite toucher un plus large public. Ils s’acoquinent par conséquent avec les frères MAEL du groupe SPARKS et partent pour Los Angeles pour négocier ce virage radical, l’album Pas Dormir. Une interview accordée dans le magazine Best num 137 de décembre 1979 qui retranscrit l’ambiguïté du groupe à ce moment là.

Interview parue dans le magazine Best num 137 – Décembre 1979

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Magazine Best Num 137 – Décembre 1979

Palmer : «il y a 2 buts quand on fait de la musique, celui de s’adresser aux gens et celui de faire des disques pour soi-même. On a goûté à ça, mais le pied n’est pas suffisant. Maintenant, on veut que les gens sachent que l’on s’adresse eux.»
Dynamite, lui, est plus pragmatique :
«On le fait pour le fric. Il faut toujours plus de succès, de public. Nous sommes complètement intoxiqué par le pognon, le succès, l’exhibitionnisme. Si tu changes par rapport à ce que tu faisais avant, c’est que tu veux vendre du disque, c’est tout. Et ça, c’est l’intoxication du succès. Si on était content d’ OK Carole, pourquoi on aurait dû changer?»

Direction Los Angeles

Mais pourquoi Los Angeles ? Pourquoi les frères Mael ? Réponse…

Palmer : « on veut élargir notre public outre-mer. C’est pourquoi on a pris un producteur étranger. On voit des artistes étrangers vendre en France, on ne voit pas pourquoi on ne pourrait pas faire pareil. D’où l’envie d’une production internationale ».
Dauga : « En fait, le public voudrait retrouver l’énergie de la scène sur un album. On touche beaucoup de gens, mais ils n’achètent pas nos disques. Mais on est pas dans ce trip là quand on est en studio. On fait des choses sophistiquées qui font perdre l’énergie et la spontanéité de la scène… »

La désillusion

Mais la relation avec les frères Mael n’a pas les effets escomptés: ils refusent certains morceaux, leur font composer 3 nouveaux titres sur place. Ils leur font ralentir tous les tempos, leur refusent cuivres et chœurs…

Dauga : « On a pris des producteurs pour changer le son, juste ça. Perdu: ils nous ont fait changer les morceaux, le rythme, la façon de jouer. Avant de partir, je ne pensais pas qu’ils allaient traiter les morceaux comme ça ».

Dynamite, lui, est encore plus tranchant :
« Dynamite : Il y a au moins 3 morceaux, je me demandais ce que je foutais. J’étais en train de jouer, je me demandais ce que je foutais… Ça c’est vraiment mal passé, quoi… Bijou, c’est un groupe, faut pas le bousculer. On est un groupe lent. Et puis, il y a 2 morceaux disco qui me font chier… Plus un morceau de Palmer. Moi, je voyais vachement plus de guitares, de solos, plus de trucs ».

Dynamite enfonce le clou :

Dynamite : « Tu vois Palmer, tu n’as pas eu l’inspiration nécessaire, sinon tu en aurais joué. Tu voulais en jouer. Tu n’as pas pu. C’est de l’impuissance. Et tu n’es pas capable de faire un solo. T’as essayé, je t’ai vu en studio. T’étais incapable de le faire… Je t’ai connu une époque où tu jouais carrément comme Jeff Beck. Et les mecs adorent ça. Maintenant, je vais te dire, c’est fini ça, c’est terminé. »

Les conflits internes

Effectivement, contrairement à Dauga ou Palmer, la greffe avec les frères Mael ne prend pas avec Dynamite. Si les 2 premiers ont conscience qu’ils faut en passer par là en terme de création, Dynamite ne voit pas les choses du même œil… C’est lui qui a été le plus impacté avec le ralentissement du tempo, c’est à lui qu’on demandé de faire le plus de concessions. Et ce n’est pas parce que les frères Mael disaient « ça va » que pour Dynamite ça allait …

Palmer : « On s’est exprimé et ils ont compris. Je suis sûr que l’album a une pêche, même si tu as l’impression de t’être fait chier. Tu vas voir ça sonne… »
Dauga : « Il est temps qu’on vende plus de cinquante mille albums pour qu’on se décomplexe un peu. Qu’on se barre ailleurs, dans une autre dimension. Parce que là, on est en train de végéter, tout simplement. On n’est pas dans un très bon trip en ce moment, parce que ça fait 2 ans que ça marche, mais que ça marche minablement. J’espère que cet album va nous sortir de là… »
Dynamite : « J’ai été frustré de batterie, j’ai été frustré de Palmer… »

Il est comment cet album ?

Dynamite : « moi, je ne sais pas, faudra que quelqu’un me le fasse écouter. Mais je veux par conséquent qu’il se vende! Les mecs, achetez le, ce disque !! »
Dauga : « moi je vais le réécouter, mais je crois qu’il est très bien »
Palmer : « je pense qu’il est super, mais ça peut être pris pour de la prétention… »

Voila quel était l’état d’esprit du groupe à la sortie de l’album… Et vous, vous en pensez quoi?

Etienne FLT

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