Patrick Coutin – J’aime regarder les filles
Un tube sauvé par miracle : aucune maison de disque n’en avait voulu!
Patrick Coutin – A la fin des années 70, il est journaliste au mensuel Rock & Folk. Comme beaucoup de ses confrères, c’est un passionné de musique moderne, doublé d’un artiste de talent. Il a constitué un trio, Reporter, dans lequel il chante, joue de la guitare, écrit paroles et musique. Avec la complicité de Laurent Thibault, il autoproduit entièrement son premier album, enregistré dans les célèbres studios du Château d’Hérouville qui ont vu défiler David Bowie, Elton John, Fleetwood Mac, les Bee Gees et Jacques Higelin. L’album est brillant au possible… mais n’intéresse aucune maison de disque, au grand désespoir du premier concerné, mais aussi de ses amis parmi lesquels… Daniel Lesueur, auteur du présent article, qui, persuadé de la qualité des chansons, tient le pari de parvenir, lui, à décrocher un contrat d’enregistrement.
J’aime regarder les filles…
Miracle : au premier rendez-vous, Lesueur convainc Michel Castric, de la firme Epic, filiale de C.B.S., de donner sa chance au trio Reporter. Mais pourquoi s’embarrasser d’un trio alors que 99% du succès potentiel semblent reposer sur les épaules du leader ? En conséquence, le disque, à peine remodelé (un titre, « Fais-moi jouir », un peu trop gonflé en cette époque pré-mitterrandienne, est écarté de l’album) sortira un an plus tard.
Cousin de Sea, sex and sun, « J’aime regarder les filles » est un des tubes de l’été. Son histoire est loin d’être finie!
https://www.youtube.com/watch?v=cLHrlQyhwKc
Après un second hit «Rends-moi mon cœur, gamine» et deux albums moins inspirés, l’artiste semble se chercher: à l’origine rocker classieux qui aurait pu, sans difficulté, assurer la relève du Gainsbourg «grande époque», le voici crooner dandy en costar’ nœud pap’, photographié par Harcourt. Bientôt en conflit avec sa maison de disques, l’artiste cherche à retrouver sa liberté. Mais il a signé un contrat, et tant que le procès n’a pas connu son épilogue, le nom Patrick Coutin n’appartient plus à celui qui le porte. Années galère qui, heureusement, s’achèvent un jour. Retrouvant la jouissance de son patronyme et de son oeuvre, Patrick réédite à qui mieux-mieux le titre qui l’a fait connaître. Parallèlement, il est devenu producteur réputé (notamment de Dick Rivers), et chante encore de temps à autre.
L’histoire de ce hit (et de 500 autres !) figure dans le livre ANTHOLOGIE DES TUBES ROCK. Soixante ans de musique pour les kids.
Daniel Lesueur