Je t’aime… Moi non plus – Le guitariste Vic Flick dément la légende
Gainsbourg Birkin : l’enregistrement n’aurait pas été … orgasmique du tout !
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Vic Flick a publié ses mémoires. Il jouait de la guitare en 1968 sur “Je t’aime… Moi non plus”, et il écrit ceci :
Quand je raconte que j’ai joué sur “Je t’aime… Moi non plus” durant l’été 1968 (le disque fut un succès près d’un an plus tard) on attend de moi que je révèle une ou deux anecdotes croustillantes. Mais il n’y a rien à raconter, tous les “ouuuuh” et les “aaaaaaaaah” qui furent censurés avaient été rajoutés après l’enregistrement. En ce qui me concerne, cet enregistrement fut pure routine.
Gainsbourg fait une nouvelle conquête, Jane Birkin.
De l’aveu de Jane, leur rencontre fut loin de ressembler à un coup de foudre. Mais leur couple devint néanmoins une réalité…
Elle prend son courage à deux mains, et, bien qu’elle n’ait jamais enregistré un seul disque, les voilà partis à Londres, où la chanson maudite sera n°1 du hit-parade en octobre.
Serge Gainsbourg était déjà une vedette en France, il va connaître la consécration planétaire.
Le succès démarre d’abord par le circuit des boîtes de nuit car la plupart des radios censurent le disque pour cause d’apologie de la sodomie, se référant aux paroles “Je vais et je viens, entre tes reins”.
Lorsqu’il rentre à Paris, Serge fait écouter l’enregistrement au directeur de sa maison de disque, qui s’alarme :
Vous, en tant qu’auteur-compositeur-interprète-producteur et moi en tant que distributeur, nous risquons la prison!
Le Vatican attise le scandale en demandant l’interdiction du disque, le directeur artistique italien est mis en prison. La maison de disque initiale, qui prend peur, le retire de la vente. L’enregistrement passe de label en label ce qui explique que la même chanson se retrouve sur disque AZ, Major Minor, Philips, Fontana, etc.
La version la plus recherchée par les collectionneurs étant celle dont la pochette (Gainsbourg Birkin) offre une photo de Jane entièrement nue, photo tirée du film de Roger Vadim,« Don Juan ’73 » dans lequel elle tient la vedette avec l’autre dame de cœur de Gainsbourg, B.B. Il est intéressant de noter que, sur chaque édition, toute la vedette est donnée à Jane, alors que Serge est mentionné en toutes petites lettres et n’apparaît pas sur les photos.
« Je t’aime, moi non plus » de Gainsbourg…
Le disque, évidemment, est un succès dans le monde en 1969. Mais il donnera naissance au film « Je t’aime, moi non plus » réalisé par Serge Gainsbourg, sur les écrans en 1976. C’est un film noir, brillant mais porte-malheur, un quasi-échec commercial (150 000 entrées à Paris), et les acteurs furent plus ou moins mis au placard après sa sortie :
– Hugues Quester dût retourner au théâtre pendant deux ans car on ne lui proposait plus, au cinéma, que des rôles d’homosexuel…
– Joe Dallessandro, superstar new-yorkaise des films underground d’Andy Warhol, retourna, fauché, en Italie…
Et Jane, elle-même, après ce rôle d’androgyne, ne se vit rien proposer d’intéressant jusqu’à « Mort sur le Nil » en 1978. Une traversée du désert.
Le seul qui n’en pâtit pas fut Gérard Depardieu, car sa participation était vraiment très discrète.
Et la version originale, dans tout ça ?
La version avec Brigitte Bardot sortit en 1986. La publicité de l’époque indique qu’il s’agit de la version “originelle”. Presque originelle, devons-nous préciser. Enregistrée 18 ans auparavant, elle méritait un léger remixage, ce dont s’acquitta Serge. Pour le grand public, en tous cas, l’oeuvre est authentique, la firme Philips ayant pris soin d’orner la pochette d’une photo d’époque (décembre 1967), prise, en studio, durant les séances d’enregistrement du titre maudit.
Le plus étonnant est l’explication de cette publication tardive, qui aurait bien pu ne jamais voir le jour: B.B. donna, finalement, son consentement, à condition que les bénéfices du disque soient portés au compte d’une association animalière.
La version de Bardot : un quasi-échec
Au lieu du raz-de-marée auquel les artistes et leur compagnie discographique pouvaient s’attendre, en raison de l’intérêt historique d’une telle parution, les ventes s’avèrent très faibles, au point, même, que le 45 tours ne parvint pas à entrer au hit-parade.
Ce fut, finalement, un non-évènement.
Pourtant, indiscutablement, la version avec B.B. est, vocalement, supérieure à celle réalisée avec Jane Birkin. Mais nous n’étions plus en 1969, le titre ne choquait plus personne. L’effet de surprise ne se reproduisit pas. Les mœurs avaient évolué. En outre, en -presque- vingt ans, le grand public s’était familiarisé avec la voix de Jane, et n’était pas près de lui retirer sa cote d’amour. Celle de Brigitte, en revanche, était moins présente dans le cœur des Français.
B.B s’était retirée du monde du spectacle. Il était logique que d’autres occupent une place que, de toute évidence, elle ne souhaitait pas reprendre.
en voir et savoir plus grâce aux archives de l’INA : https://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/1969-sortie-de-la-chanson-je-t-aime-moi-non-plus/
Daniel Lesueur
[…] la fois les portes du succès mais aussi de l’auto-destruction… Peindre avec son cul, seul le culot et l’humour génial d’un Gainsbourg pouvait engendrer un tel livre. Rocambolesque est le thème et il est […]