ALAIN BASHUNG : d’Osez Joséphine à Bleu Pétrole

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Alain BASHUNG – un idéal

Bashung

Alain Bashung en studio

« On m’a vu dans le Vercors, sauter à l’élastique, voleur d’amphores au fond des criques … ». Bashung, c’est ça: un esthète du saut dans le vide, un voleur de mots. Ecouter et réécouter les paroles de ses chansons relève de la performance, ces instants artistiques uniques qui ne sont pas reproductibles. Pourtant, les morceaux sont gravés dans le vinyle, les textes calligraphiés noir sur blanc, immuables ! Les lettres assemblées sur le papier : oui, l’interprétation qu’on en donne, certes non.

Alain BASHUNG – Volutes

«Osez, osez Joséphine, plus rien ne s’oppose à la nuit, rien ne justifie» … «Usez vos souliers, usez l’usurier, soyez ma muse» … des milliers de personnes à l’écoute, des dizaines de significations données, voire aucune pour celles et ceux qui, comme Alain, préfèrent la douce musique des sons, la phonétique au sens.

La technique du chanteur consiste à choisir l’auteur, d’adopter son texte pour mieux s’en défaire. Cutter en main, il scarifie les phrases puis les réassemble de manière quasi aléatoire, ne se préoccupant que d’équilibre, de rythme, de musicalité. La forme plutôt que le fond, l’expression, l’impression, préférer la poésie au message : de l’Art. Étonnamment, ça fonctionne !

CD Bashung

1991-1994, un espace-temps couvert par deux disques: Osez Joséphine et Chatterton. Pour ne citer que les titres grand public extraits de ces deux recueils de « mots-zique », il faut se faire violence. Si d’avantage tentent l’amateur, l’intégralité pétrit l’inconditionnel. 1991 : Volutes, Madame rêve, Osez Joséphine, 1994: Ma petite entreprise, A Ostende, L’apiculteur.

Alain BASHUNG – Ma petite entreprise

Les musiques qui soutiennent la prose sont indubitablement rock, pas celui des 70’s, celui des 50’s, des découvreurs, des initiateurs. L’attitude parle en faveur, le vêtement et le choix des guitares également, une Gretsh plutôt qu’une Les Paul, une caisse creuse parce que l’on peut y glisser un secret, s’y glisser en secret. Si, au début des 80’s, on écoute « Gaby oh Gaby » comme « Banana split », progressivement la « marque » Bashung gagne les esprits, « Vertige de l’amour » démocratisant l’artiste. Le tour de force aura été de rassembler « variété » et « rock » autour d’un même feu de camp : le sien. La pyrotechnie ? A d’autres …

En concert

Billet Bashung

Le 4 novembre 1994, à l’Olympia. Des aficionados, du cuir, du look, des bobos, la bière avant l’arène mais l’heure approche. Si : « Cœur transi reste sourd aux cris du marchand de glaces », il tachycarde à l’idée du « Bash » à portée de main, en connexion de pensée.
Rideau levé, l’ambiance est rêvée, intime. Même lorsque les instruments électrifient l’atmosphère, la quiétude domine. Mais lorsque l’Artiste expose ses démons intérieurs, les corps s’animent, la sueur gagne, le public enlace l’ombre projetée depuis la scène qui jamais ne s’en lasse.

Alain BASHUNG – Osez Joséphine (live)

La réserve du Chanteur, qui communique par le geste, le regard et l’attention, ne nuit pas à la proximité : « Herr major encore ». Pendant « Madame rêve », l’éclairage déjà feutré devient sous-marin, une plongée en apnée dans les pensées intimes de celle qui nous est contée. Par contraste, le final « feu d’artifice » la salle, déchaînant les passions jusque-là contenues, le public lâchant enfin la bride à son peu de vertu.

Madame rêve

Qu’on soit chanson à texte, variétoche ou rock, le façonnage spécifique de Bashung unifie les paroisses. Sans concessions, droit dans ses bottes, la musique du Chanteur efface les clivages, érodes les résistances comme l’océan l’argile des falaises. Au-delà de sa disparition, en studio, plus en live, il continue à s’épandre, boutant l’individualisme, agrandissant sa famille de goût.

Alain Bashung : un idéal.

Thierry Dauge

Un superbe coffret intégral retrace sa carrière discographique

Livre de Stephane Deschamps : Alain Bashung, sa belle entreprise

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