Bill Deraime
Une interview qui dépasse le cadre du blues
La rue, il l’a connue…
Pour les besoins du livre Hexagone Blues, David Baerst a longuement rencontré et interviewé l’excellent Bill Deraime. Ses propos méritent d’être reproduits tels quels, sans y changer un mot (pour en savoir plus cliquer ICI).
Bill Deraime :
« À une époque, ma femme et moi, vivions en chantant dans la rue. Cette expérience m’a ouvert à une sensibilité particulière vis-à-vis des plus pauvres. Il y a aussi l’Évangile qui est une grosse question: quel est ton prochain? Je crois que c’est celui qui est sur le bord de la route… Je suis très sensible à tout ce qui correspond à ça. C’est pour cela que je m’implique dans ce mouvement d’une façon artistique car je ne suis pas un activiste. Mon épouse est plus présente dans les mouvements que moi. Elle voit beaucoup les gens de la rue car elle est accueillante dans des endroits…
Je connais bien ces gens et nous avons, même, fait un petit journal à une époque avec des sans-abris. On se réunissait une fois par mois pour mettre nos idées en commun, on faisait partie du collectif «Les Morts de la rue». Celui-ci prend en considération le fait, qu’actuellement, des gens meurent dans la rue dans des conditions terribles.
C’est inhumain…
On organise, à la fois, des célébrations inter-religieuses qui se déroulent dans des lieux de culte où sont représentées toutes les confessions (juives, catholiques, musulmanes, bouddhistes, hindouistes etc…) et une célébration laïque qui se fait dans la rue. Nous faisons des célébrations pour les gens qui sont morts dans la rue, une liste est lue et il y a une forme de cérémonie. Cela s’est passé deux fois à la Mairie de Paris. Lors de ces occasions, nous essayons de rendre compte auprès des administrations gouvernementales de l’urgence de la création de lieux d’accueil. C’est une petite Association qui est mandatée par une quarantaine d’autres Associations parisiennes comme le Secours Catholique ou les Restos du Cœur…
Les gens qui meurent dans la rue représentent l’extrême de l’extrême. Quand on raconte comment est mort untel qu’on a retrouvé sous le périphérique, le visage mangé par les rats ou incendié dans une carcasse de voiture, ce n’est pas évident. On arrive à comparer la vie dans la rue à ce que vivaient les gens dans des camps de concentration… Il existe des endroits pour abriter ces gens mais ils sont tous insalubres. »
La dignité de l’homme n’y est pas respectée.
« Si tu viens de perdre ton boulot, que tu essayes de t’en sortir et que tu te retrouves dans un endroit comme ça où il y a 500 personnes qui dorment dont 300 qui ronflent et 40 qui sont ivres et déconnent, ce n’est pas humain pour cette personne fragilisée qui passe d’un extrême à l’autre et ne peut pas s’en sortir. Il faut des petits endroits où les gens sont bien accueillis, des foyers. Cela serait une solution intermédiaire avant qu’ils ne trouvent un logement. Le collectif a pour mission de dire à quel point c’est dur.
C’est le cri du cri…
Autant les autres Associations travaillent auprès des gens, autant les membres de l’Association « Les Morts de la rue » représentent les cas extrêmes. Tu touches là l’horreur de la société d’hyper consommation.
Il y a des gens qui sont de plus en plus riches
Ils gagnent tous à fond la caisse. Si on laisse faire les choses, ce sera vite la dictature. Dans les guerres on se souvient des morts. Pour la guerre de la misère, tous ceux qui sont morts dans la rue seront un peu des soldats inconnus de la misère. Cette guerre est en train de se perdre malgré des énergies extraordinaires. Il faudrait vraiment que quelque chose se passe… »
Daniel Lesueur – CulturesCo
Bravo Bill moi ça fait le troisième frère de la rue que je loge dont un malheureusement qui est mort chez moi a 46 ans il faut lutter comme disait Martin Luther King I have a Dream!