Avec les Beatles, y’a qu’à traverser la rue pour être célèbre…
si possible Abbey Road !
Abbey Road, les Beatles
Aujourd’hui, c’est impensable : le moindre quidam réclamerait une fortune pour droit à l’image…
mais le 8 août 1969…
Ce matin-là, l’épouse de l’Américain Paul Cole a décidé de visiter les musées du Nord de Londres. Lui, en revanche, n’a pas très envie de s’enfermer par un tel beau temps. «Prends ton temps», lui dit-il, «moi je vais me promener dans le quartier . Il va choisir un coin à l’ombre d’un grand arbre, à… Abbey Road.
Vers 10 ou 11 heures, un policier arrête la circulation pour permettre un étrange manège qui va durer un petit quart d’heure. Un photographe installe un escabeau au milieu de la rue (Paul Cole est dans son champ de vision) et quatre garçons dans le vent, à plusieurs reprises, traversent le passage piéton.
L’un d’eux a retiré ses chaussures
La scène est incongrue. Des million de posters, de T.shirts et de pochettes de disques la représenteront: c’est celle d’ « Abbey Road ». Et les gars qui traversent la rue sont les Beatles, des artistes dont Paul Cole n’a jamais entendu parler, et, pour lui, de simples zigotos (« A bunch of kooks, I called them, because they were rather radical-looking at that time. You didn’t walk around in London barefoot »). La photo n’étant pas suffisamment détaillée pour qu’on puisse le reconnaître, jamais, de sa vie, on ne l‘arrêta dans la rue pour lui demander un autographe.
Volkswagen Beetle à Abbey Road
Tranquille, peinard… ce qui ne fut pas le cas du propriétaire de la Coccinelle garée sur le côté (une Volkswagen Beetle, quelle coïncidence !) qui porte une plaque d’immatriculation doublement historique. D’abord, parce qu’elle figure sur une pochette de disque légendaire. Ensuite parce que son numéro participe involontairement à une macabre légende. Depuis deux ans, la rumeur courait que Paul McCartney était mort et remplacé par un sosie. Les arguments les plus fumeux ne manquaient guère. Celui-ci est des plus surprenant: la photo a été prise la veille de son anniversaire, il avait encore 27 ans. Et il aurait eu 28 ans s’il n’était pas mort. 28, si… « 28 IF ». Or, l’immatriculation de la Volkswagen est : LMW 28 IF.
Au fil des ans elle sera régulièrement volée, ce qui coûtera une petite fortune à son propriétaire pour la remplacer à chaque fois.
Commentaire amusé de Paul Cole: «Aux Etats-Unis, on est moins con, on lui aurait immédiatement filé un autre numéro!». Paul Cole a toujours gardé la paire de lunettes de soleil qu’il porte sur la pochette du disque.
Il est mort en 2008 à l’âge de 96 ans.
Daniel Lesueur
[…] Mais si cette pochette est plus que célèbre, c’est aussi et surtout parce qu’elle a alimenté la fameuse légende de la mort supposé de Paul, encore plus que celles des autres albums, tels Sgt Pepper, Magical Mystery tour ou Revolver. Que de symboles décelés dans cette image à l’apparence innocente : les pieds nus de Paul, qui teint sa cigarette dans la main droite alors qu’il est gaucher, le costume blanc de John symbolisant le deuil dans certaines culture, le costume noir de Ringo évoquant le croque-mort, tandis que la tenu jean de George serait le bleu de travail du fossoyeur. Que dire aussi de la non moins fameuse coccinelle (“Beetle” en anglais, tien tiens…) avec sa plaque d’immatriculation “28IF” censée donner l’âge qu’aurait eu Paul (“28 si ”) s’il n’était pas mort dans l’accident de voiture…et quid du mystérieux personnage sur le trottoir à droite ? (le site culturesco nous en apprend mieux sur ce sujet)… […]