The Pogues – Megadeth – Janvier 1988
Sur la même platine en Janvier 1988
The Pogues, Megadeth ou les deux? Le plus fougueux des deux n’est pas toujours celui ou celle à qui l’on pense. Heavy Metal Trash ou Trad’Rock, versus Sailor’s atmosphère?
Pour répondre à cette question, il faut avoir vécu «live» ces deux formations ou bien analyser les stimuli corporels générés par l’écoute sur canapé des disques mis en présence. Bouge-t-on dans la fosse? Lève-t-on son séant des coussins? 8 musiciens à 4, en cas de pugilat, la force reviendrait-elle au plus grand nombre?
En matière d’électricité, The Pogues, même amplifié, présente une accointance pour l’acoustique alors que Megadeth consomme l’équivalent d’une dizaine de TGV. Pourtant, émotionnellement parlant, les britanniques bouleversent d’avantage que leurs confrères américains, plutôt horripilateurs. Du coup, quelle magnifique complétude que d’inscrire esthésie et ressenti au même programme! En 1988, l’actualité est-elle capable du même exploit?
The Pogues Bottle of smoke
L’actualité en 1988:
L’écorce terrestre tremble à la frontière indo-népalaise. En conséquence, le Gange présente une flottille de 1450 cadavres. Au Pakistan, Benazir Buttho devient premier ministre. Commentaire d’un journaliste sportif: «Splendide premier essai transformé en terre musulmane!». En URSS, Mikhail Gorbatchev conceptualise Glasnost et Perestroïca. Cinq ans plus tard, Yeltsin trinque à cette réussite: «Hips!», éructe-t-il. En France, instauration du revenu minimum d’insertion (RMI) pour les «désinsérés», mais toujours pas de boulot en vue. Par contre, chez les disquaires «en vue»: Pixies s’imagine en Surfer rosa, rien ne freine Jane’s Addiction car Nothing’s shocking, Scorpions pratique le Savage amusement, Metallica réclame … And justice for all, U2 auto évalue sa musique: Rattle and hum et, sous les nuages noirs de la discorde, Pink Floyd enregistre Delicate sound of thunder.
Megadeth – Set the World Afire
En janvier 1988, loin des vicissitudes de leurs contemporains, The Pogues espèrent If I should fall from grace with God pendant que Megadeth questionne So far, so good … so what?, émettant de concert des musiques touchantes, au cœur pour l’un, au bas-ventre pour l’autre. Mais que ces chansons nous collent le frisson ou qu’elles nous collent au mur, l’essentiel est ailleurs: elles ne nous laissent pas indifférents. Les gigues ou ballades irlandaises de The Pogues racontent l’océan, les ailes blanches de l’écume sur la crête des vagues qui viennent mourir sur les côtes découpées du comté de Clare. Les sharpnels de Megadeth nous découpent les côtes, rougissant la bave aux commissures de nos lèvres. Avec certitude et de toute évidence, nous pouvons en conclure qu’Irish Kermesse et Trash Urbain n’ont pas fini de nous séduire… et de nous faire pogoter!
Thierry Dauge – Culture Co