L’histoire d’un titre locomotive et tout-terrain
Long Train Running est un titre entêtant et impérissable ayant inscrit le nom des Doobie Brothers dans le livre d’or de la pop et du rock. Que vous soyez nés dans les années 50, 60, 70, ou même 80, vous n’avez pu échapper à la rythmique funky de ce standard capable d’inciter au déhanché le plus stoïque des mélomanes.

The Doobie Brothers… Comme le tube qui leur est associé, ce nom entre facilement dans les têtes pour ne plus en sortir. Sachez que durant les années 60-70, dans l’argot du sud des Etats-Unis, le terme “doobie” désigne un joint de marijuana. Baptisés ainsi par un proche en raison de leur consommation régulière, on peut donc traduire leur nom par “ Les Frères Pétard”…
Une improvisation et un succès indémodable
En 1973, les Doobie Brothers entrent en studio afin d’enregistrer leur troisième album The Captain and Me. Les ventes sont plutôt bonnes, et l’arrivée du bassiste Tiran Porter sur le précédent exercice a dopé leur rock sudiste d’un groove enthousiasmant. Alors qu’ils empilent leurs nouveaux titres, les californiens sont loin de se douter qu’un instrumental improvisé sur scène est en passe de les faire entrer dans l’Histoire.

Tom Johnston (guitariste et chanteur) a pour habitude de balancer cette rythmique simple et bien connue en répétition. Ou afin de combler un rappel en concert. Il ne comporte aucun texte figé. Johnston improvise en fonction de l’humeur, avec plus ou moins de réussite. Aucun des membres n’a jamais songé à en faire quelque chose.
« Je ne voulais pas y renoncer, je la considérais simplement comme une chanson de bar, sans beaucoup de mérite.”
Tom Johnston
Heureusement, le producteur Ted Templeman, est convaincu qu’à partir du riff accrocheur, une véritable composition est possible. Il insiste donc auprès de Tom Johnston pour qu’il écrive des paroles cohérentes. Ce dernier disparaît dans les toilettes (un truc de rocker…). Il en ressort quelques minutes plus tard avec le texte.

Les couplets de Long Train Running évoquent les nombreux voyages en train vécus par le groupe. Le texte est en parfait accord avec le tempo cadencé qui permettra bientôt d’en faire un titre dancefloor.

Tom Johnston, principal artisan du morceau dont il exécute le chant, le riff de guitare légendaire, et le solo d’harmonica, fait mouche également sur le refrain en délivrant une maxime simpliste, mais rudement efficace. Surtout dans la bouche d’une célébrité…
“Where would you be now
Où serais-tu maintenant
Without Love”
Sans amour
The Doobie Brothers – Long Train Running (1973)
Long Train Running est publié en single le 28 mars 1973. Il grimpe à la septième place du billboard, et permet aux Doobie Brothers de connaître une renommée internationale assez inattendue.
Long Train Running : les reprises
On pourrait penser qu’un titre aussi accrocheur a certainement suscité une flopée de reprises. Mais il faut croire que tout le monde n’est pas à même d’épouser le groove contenu dans Long Train Running…
La première à oser est une chanteuse suédo-finnoise devenue présentatrice de télévision. Rythmique à la guitare sèche et langue scandinave au programme…
Lill Lindfors – Long Train Running (1973)
Richie Havens a ouvert le festival de Woodstock, seul sur scène avec sa guitare folk. Alors il faut plus qu’un standard pour l’effrayer. D’autant qu’en cette année 1976, l’arrivée du disco consacre une certaine popularisation du courant funk. Le folk-singer se mue alors en roi du dancefloor…
Richie Havens – Long Train Running (1976)
En 1979, un groupe français méconnu délivre sa propre version sous le titre Yragael. Tangerine, formation marseillaise de folk-rock progressif, a la chance de compter dans ses rangs la voix de Valérie Btesh (sœur du chanteur Richard Anthony).
Tangerine – Long Train Running (1979)
La production de la version Traks, groupe italien de funk-disco, a pris une légère baffe. Il n’empêche qu’elle est celle ayant relancé la popularité du titre durant les années 80.
Traks – Long Train Running (1982)
Les Bananarama, elles aussi, en font un tube en 1991. Quant à Chris de Burgh, fin guitariste et arrangeur, il glisse une version sans fioriture sur son 19ème album.
Chris de Burgh – Long Train Running (2011)
Cette grande composition au groove infernal méritait bien une envolée soul. La suivante est à vif. Grosse performance de la chanteuse Justina Lee Brown, soutenue par un saxo inspiré, et une section rythmique de grande qualité.
Latvian Blues Band & Justina Lee Brown (2014)
Terry Ilous fut le leader du groupe de hard rock XYZ (originaire de Lyon), très populaire aux Etats-Unis à la fin des années 80, avant de tenir le micro du groupe californien Great White. Sur une rythmique flamenco, il délivre une version gypsy et assez savoureuse.
Terry Ilous (2019)
Pour finir, voici une version énergique et revigorante signée par le virginien Jason Manns.
Jason Manns (2018)
Lors de sa première publication par The Doobie Brothers, le succès de Long Train Running fut plus qu’honorable, même s’il n’a jamais atteint la première place du billboard américain.
Comme dans la fable du lièvre et de la tortue, il arrive que des number one, après avoir démarré en trombe, retombent assez vite dans l’oubli, subissant les ravages du temps. Tandis que certains de leurs poursuivants font preuve d’une étonnante résistance et glanent une reconnaissance durable.
En effet, Long Train Running n’est pas un TGV. Plutôt un train de banlieue ayant creusé son sillon dans les esprits. Au point de produire encore son petit effet, plus de cinquante ans après sa sortie.
Serge Debono



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