Kim FOWLEY l’Outrageux par D. Delinotte
Voilà un ouvrage « over time and space », qui entraine le lecteur d’un espace temporel à un autre, de la glorieuse décennie où naquit le rock, les fifties, jusqu’au 15 janvier 2015, date où Kim Fowley quitte son enveloppe terrestre, envoyant son corps astral rejoindre l’entité divine (ou le monstre) qui l’a créé. Entre les deux, multiples photos à l’appui, l’enquête consiste à trouver un cliché où l’artiste – auteur, compositeur, interprète, musicien et producteur, découvreur de talents… – sourit ! A. Souchon l’a chanté (le connaissait-il ?) : « Jamais content ».
Kim FOWLEY – Animal Man
Avec sa dernière production littéraire, Kim Fowley l’outrageux – De Hollywood à Babylone, Didier Delinotte nous offre un précieux présent parcourant l’univers de la pop music, de l’Amérique à l’Angleterre, et vice et versas, à la poursuite du Sieur Fowley et de ses contemporains, évènements musicaux contextuels inclus.
Pour les non-initiés, Didier revient sur toutes celles et ceux que le « Svengali » du rock, comme il le nomme, a côtoyé. Pour les plus célèbres, dans un ordre d’apparition aléatoire, Kim Fowley a travaillé avec : Gene Vincent (producteur), Warren Zevon (producteur), The Runaways (démiurge !), Jonathan Richman et ses Modern Lovers (producteur), Jeff Beck versus Yardbirds, Frank Zappa, communauté d’esprit, anticonformisme et provocation Etc, de biens jolis faits d’armes.
Bien sûr, Fowley a également œuvré pour son propre compte, son album le plus réussi – et accessible – restant International Heroes (1973), sorte de parallèle tout aussi talentueux que le Transfomer de Lou Reed (1972).
International Heroes
Didier Delinotte nous narre comment, avant et après l’avènement des Runaways, sa « chose » la plus connue, Fowley a construit puis laissé tomber de nombreux jouets, formations rock destinées à percer le marché sans jamais véritablement y parvenir. Nanti d’un cynisme légendaire, « l’animal man » traverse ainsi les décennies, dispensant des « mots choisis » lors d’outrageantes interviews. Il a tout inventé, devançant les courants musicaux, boostant des carrières en devenir… se faisant doubler lorsque ces dernières s’avèrent « arrivées ».
Par contre, comme le pressent l’auteur, le « génie » fut un des précurseurs du « punk » aux côtés d’Iggy Pop et ses Stooges, ainsi qu’initiateur de la future vague heavy métallique parallèlement à Steppenwolf et au MC5.
Kim FOWLEY – California Gypsy Man
L’ouvrage se lit comme un roman, foisonne d’informations musicales, capte le lecteur, promeut l’écoute des œuvres de l’Outrageux. Parfois au sommet : Fowley a favorisé la présence de John Lennon lors d’un festival de rock à Toronto (1969), il a écrit des chansons reprises par Alice Cooper sur Welcome To My Nightmare (1975) ou Kiss sur Destroyer (1976)… parfois dans l’ombre.
Et l’homme dans tout cela, l’être humain sous « l’armure » ? Des proches évoquent une sensibilité, une proximité, un sens de l’amitié… Hélas, vivant, il est fort probable qu’il ait reçu l’opprobre, patronyme versé dans l’obscur puit sans fond rattachée au mouvement #Me Too.
Quoi qu’il en soit, la richesse d’une telle carrière musicale méritait amplement qu’on y revienne. Merci Didier Delinotte pour cela, d’être revenu sur la vie du vampire, The Lord Of Garbage.
Thierry Dauge
Didier DELINOTTE – Kim Fowley l’outrageux – De Hollywood à Babylone – Éditions InfoDisc – à paraître…
Nota : Didier DELINOTTE a déjà publié de nombreux ouvrages chez l’éditeur qui véhicule le rock : Camion Blanc. De récentes intempéries ayant touchées les locaux de l’éditeur, l’ouvrage sera disponible sous-peu chez InfoDisc. Pour une précommande ou toutes questions le concernant, contacter Daniel Lesueur à l’adresse suivante :
Daniel.lesueur@yahoo.fr
