Le rituel et le sacrifice
Morphine, quelle formation atypique ! Un trio : Mark Sandman, chanteur à la belle voix grave, jouant d’une basse DEUX CORDES avec un BOTTLENECK, le saxophoniste soliste Dana Colley – sax baryton, tenor ou soprano – soufflant parfois dans DEUX saxophones en même temps, et enfin les batteurs, Jerome Deupree, alternant avec Billy Conway. Pas de guitariste ! Pour en rajouter dans le bizarre, on notera que Sandman usera aussi d’une TRITAR, 2 cordes de guitare et 1 corde de basse.
Le gang se forme en 1989, à Cambridge, dans le Massachussets, avec tout d’abord Deupree aux baguettes. Précisons que Mark Sandman est issu de la formation de Boston plutôt Blues Rock Treat Her Right.
Un premier album – Good – paraît en 1992. Leur son mélange déjà influences Blues, Jazz et Rock, des séquences rythmiques hypnotiques et des poussées d’intensité, sans oublier le talent de raconteur de Mark Sandman.
Morphine – Claire – Good (1992)
Remarqués par ce premier opus appuyé par des concerts impressionnants, les Ricains signent chez le label Rykodisc. Le 14 Septembre 1993, Morphine présentent un second LP, Cure For Pain.
Avec comme étendards, des titres comme Buena, le disque lance le gang un peu partout. Il faut dire que les trois ont particulièrement soigné leurs morceaux, accrocheurs tout en restant originaux, alors que les guitares et les fuzz du Grunge montrent une autre voie à suivre…
Buena – Cure For Pain (1993)
Surtout, parmi les 13 titres de l’ensemble, se détache une ballade mélancolique qui immédiatement interpelle les nanas et les gars, le générique Cure For Pain. Le genre de morceau parfait – intention, interprétation, arrangement, son – qui vous marque les neurones pour des jours, des mois ou des années (Rayez la mention inutile).
Les DJ se régalent et le public indé s’extasie, même si le propos peut désespérer.
Cure For Pain
Where is the ritual?
And tell me where, where is the taste?
Where is the sacrifice?
And tell me where, where is the faith?
Someday
There’ll be a cure for pain
That’s the day
I throw my drugs away
When they find a cure for painI propose a toast
To my self control
You see it crawlin’ helpless on the floor
Someday
There’ll be a cure for pain
That’s the day
I throw my drugs away
When they find a cure for pain…
En France ou en Belgique par exemple, le titre fait mouche, d’autant plus que les prestations scéniques du trio confirment leur attrait. Avec un déroulé en crescendo, menés par un Mark Sandman charmeur, au jeu de basse élastique, accompagné d’un batteur vraiment groovy – Billy Conway cette fois – les sets emportent le public dans un univers sonore unique. Il faut voir et entendre notamment Dana Colley s’époumoner dans ses deux saxophones à la fin du concert tel un héraut d’Heroic Fantasy annonçant une autre ère musicale. Incontestablement, on tient là l’un des projets les plus singuliers des années 90.
Puis, deux autres bons recueils suivent – Yes en 1995 et Like Swimming en 1997 -. Les critiques restent plutôt positives mais les ventes marquent le pas. Jusqu’à ce jour malheureux du 3 Juillet 1999, quand brutalement, pris d’une crise cardiaque, Mark Sandman, décède lors d’un concert en Italie, à Palestrina. A 46 ans. Un LP posthume – The Night – paraîtra en 2000.
Billy Conway a rejoint Mark le 19 Décembre 2021. Ça doit groover là-haut…
Morphine – Live au Pinkpop Festival (1994)
Ps : A lire, The Real Story About Mark Sandman par Michael Azerrad
Bruno Polaroïd / Illustration : POUP
[…] trop tôt. J’ai une très grande admiration pour le bonhomme. Alors quand l’ami Bruno, de Culturesco, m’a proposé de dessiner pour un article sur Morphine, je ne me suis pas vraiment fait […]