MARCH MALLOW – The Silence
Dès l’entame de The Silence, l’atmosphère saisit l’auditeur en maraude. Assis costumé / cravaté – col de chemise déboutonné, cravate partiellement dénouée, chapeau mou imbibé de sueur sur cheveux brillantinés – dans un bar enfumé, il porte alternativement à ses lèvres une Lucky Strike sans filtre et/ou un shot de whiskey au titrage XXL. L’orchestre transpire, coincé dans un recoin aux murs suintants, la chanteuse à la robe largement fendue sinue entre les tables, repoussant du pied les ivrognes cuvant à même le sol.
Un autre soir, un autre auditeur en smoking siège dans une salle de cabaret illuminée de lustres dont l’éclat fait miroiter moulures et lambris. Un cocktail mordoré, déposé à sa proximité, attend d’être siroté sur la table art déco largement recouverte d’une nappe à plis roses candy. Du fume-cigarette qu’il tient négligemment entre ses doigts manucurés, une blonde exhale des volutes de fumées translucides et sucrées. Sur scène, l’orchestre endimanché, musiciens tout sourire, suit le rythme imposé aux chansons par l’ensorceleuse qui butine son micro, sorte de boite grillagée qu’elle caresse de sa main gantée.
MARCH MALLOW – Les couleurs
Écouter March Mallow, c’est escalader les décennies, remonter jusqu’aux 50’s et savourer un cocktail de jazz cool / West Coast Jazz à la Stan Getz, Gerry Mulligan ou bien encore Chet Baker. Avec The Silence, on s’attend à entendre Nat King Cole nous susurrer « Love » au coquillage de l’oreille ou à s’alanguir via la version définitive de « Stormy Weather » par Billie Holiday.
C’est qu’Astrid, Éric, Christian, Cédric, Jean-Pierre, Thomas et Alexandre, qui à la guitare, qui au piano, soutenus par saxophone et trompette, rythmés par contrebasse et batterie, s’y entendent à nous soulever, nous charmer, nous séduire. En France, contrairement aux idées reçues, on a du talent et on sait swinguer.
Fool’s Train
Au-delà d’un revival fifties, « The Silence », la chanson titre, offre une mélodie en cinémascope plus contemporaine, portée par des nappes orchestrées d’instruments à cordes. « Bo Jungle », lui, incite à danser le jitterbug avec Fred Astaire, queue de pie virevoltante, index battant la mesure sur une chorégraphie savante / endiablée.
Si, pour clore l’album, « Mr Bojangles » nous renvoie à Norah Jones feulant les chansons les plus jazz de Come Away With Me (2002), March Mallow imprime royalement sa marque dans nos psychés offertes.
MARCH MALLOW – Teaser live de The Silence
The Silence, plus qu’un enregistrement discographique, propose un voyage enivrant au pays de la musique, celle qui berce l’âme des mélomanes.
Thierry Dauge
MARCH MALLOW – The Silence – Distribution : Absilone – Disponible le 19 avril 2024