Stephan EICHER – Engelberg

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Stephan EICHER – Engelberg

Stephan Eicher

Depuis les années 80, nous connaissons l’artiste suisse, principalement pour ses deux hits : « Two People In A Room » (1985) et « Combien de temps ? » (1987). En 1991, Stephan Eicher franchit un cap, qu’écris-je, une péninsule (!) en sortant l’album Engelberg. Pour celui-ci, il collabore avec deux « armoires normandes », deux monstres sacrés dans leurs disciplines artistiques respectives.

Philippe Djian, auteur d’une flopée d’œuvres littéraires chez Gallimard est, en passant, responsable d’une température matinale à 37°2 le matin. Dominique Blanc-Francard, maître es production, ex ingénieur du son au mythique château d’Hérouville, usine des merveilles depuis sa console. Le premier fomente des textes à tiroir que beaucoup vont reprendre dans leurs salles de bains, le second lui mitonne un son qui l’ouvre à l’oreille d’un large public. Au final, les ondes radio nous assurent que nous n’avons pas d’ami comme lui… Et nous opinons !

Stephan EICHER – Pas d’ami (Comme toi)

La richesse des orchestrations dont bénéficient les chansons, ainsi que les multiples instruments mis à disposition, participent pour beaucoup à la qualité mélodique de l’album. Certes, le chant de Stephan Eicher est plutôt linéaire et monocorde, mais son charisme attire l’auditeur, attise la curiosité à l’égard d’un personnage au look présupposant de multiples origines.

L’anneau du compagnonnage à l’oreille, le cheveu long laissé libre de flotter aux vents, un certain dandysme vestimentaire, un profil au couteau souligné d’un regard ténébreux. Il voyage en solitaire. Gitan ? On l’imagine davantage de Bucarest, Budapest ou Sofia que de Lausanne. Coiffons-le d’un chapeau et l’on devine Van Helsing pourchassant Dracula au cœur des Carpates.

Hemmige

Sous le propos réservé, on pressent une blessure, un mystère supposé, un conte imaginaire parcouru de nuages obscurs. En choisissant Philippe Djian comme partenaire d’écriture, il s’adresse à un autre introverti, un chercheur obstiné par le sens de la vie. Il n’est qu’à écouter / lire les paroles des chansons pour identifier les choses du quotidien qui, par la magie des mots, interrogent plus qu’elles n’affirment. Parsemées de questions existentielles pour les uns : « Me feras-tu un enfant pour Noël ? », d’autres n’y appréhendent qu’un calque de leur propre (morne ?) existence.

Stephan EICHER – Déjeuner en paix

Stephan Eicher ne maçonne pas sa musique, elle vibre en lui telle la sève dans l’arbre. Les partitions de cordes – sept violons, trois altos, deux violoncelles et une contrebasse SVP ! – les notes d’accordéon, les accords de guitares acoustiques et les saillies de solid-body très électriques enregistrés dans un « casino », la salle de fêtes d’un petit village suisse au sud de Lucerne : C’était ici, nulle part ailleurs. En 2021, l’artiste retournant sur les traces de ce qu’il réalisa trente ans plus tôt, commente : « Je ne trouve pas le disque dégueulasse du tout ».

Tu ne me dois rien

Difficile envers lui-même, pudique à commenter ses propres travaux, Eicher livre peut-être la clé qui le conduisit à Engelberg dans l’album qui lui fait suite, Carcassonne (1993). Plus prompt à se remettre en cause, se critiquer, via la plume de Djian, il entrouvre une porte :

« J’avais des hauts, j’avais des bas. J’avais plus ou moins chaud et toute la vie devant moi. J’avais des hauts, j’avais des bas. Je crois que j’en voulais trop. J’ai même eu ce que je n’voulais pas »

Évoque-t-il le succès ?

Thierry Dauge

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