Je connaissais Thomas Croisière pour ses chroniques sur France inter, dans l’émission de la bande de Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek. Et aussi, parce que je m’étais retrouvée avec lui dans un ascenseur de la maison de la radio il y a quelques années, mais c’est une autre histoire.
Un amoureux du cinéma
J’avais déjà pu apprécier ses connaissances cinématographiques lors de ses chroniques cinéma, en particulier celles qu’il a fait pendant le confinement en mettant à profit ses enfants, Alfred et Gaston, à qui il tentait de transmettre sa passion. Elles étaient toujours très juste et très drôles, souvent aussi très touchantes.
Thomas Croisière regarde Les Gremlins avec ses Mogwaï
Je suis donc allée voir Voyage en comédie assez confiante, même si je dois avouer que j’avais une grosse appréhension de la séquence karaoké, que j’imaginais incontournable et, bien évidemment, de la séance Michel Sardou. Qui, elle aussi, me semblait malheureusement gravée dans le marbre.
Eh bien, j’ai été rassurée : il y a bien eu les deux ! Mais elles sont toutes anecdotiques, à côté de la qualité de ce que nous a proposé Thomas Croisière, dans un spectacle à la limite de la conférence de presse, de la conférence tout court, du one-man show et de la melonite aiguë.
Embarquement pour un voyage en comédie
J’ai redécouvert de nombreux films français avec jubilation, parce qu’ils ont bercé mon enfance et mon adolescence et que j’essaie moi aussi, tant bien que mal, de passer le relai à la génération suivante. Et ce n’est pas toujours évident d’arriver à place un de Funès entre deux Marvel…
J’ai surtout découvert de nombreux films des années soixante-dix, aux noms tous plus improbables et tous plus longs les uns que les autres. Entre Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques et Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !, on s’attendait presque à voir arriver « Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe ! » Ça vous fait rire ? Pourtant, ce n’est pas si loin de Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir.
Souvenirs, anecdotes et films cultes
Retrouver sur grand écran les Gabin, Delon, Belmondo, Bourvil et autres Marie Laforêt, quel bonheur ! Thomas Croisière aime le cinéma et ça se sent. Au gré des anecdotes, il nous fait voyager dans les méandres d’un septième art pas si connu que ça. On va de découverte en découverte, et c’est salvateur : comment peut-on vivre sans avoir vu Jerry Lewis et son chien qui pète ? Et une mention spéciale à son déhanché chaloupé à la Aldo Maccione, qui a fait chavirer toute la salle… de rire.
Ce voyage en comédie est aussi l’occasion de découvrir Thomas Croisière acteur et donc de déguster plusieurs fois les meilleures minutes des films français que l’on aurait raté sans sa sagacité. Nous embarquant tour à tour entre éclats de rire, découvertes et nostalgie, Thomas Croisière réussit son pari : réunir et rassembler, quand le monde autour de nous tend séparer. Car oui, le cinéma est universel, et ses chefs d’œuvre comme ses navets sont notre histoire commune. Tantôt moqueur, tantôt espiègle, tantôt poète, tantôt pouet, mais toujours passionné, il réussit ce tour de force d’être toujours juste et de nous donner envie de revoir tous les films cultes dont il a passé des extraits sur scène.
Et, surtout, de découvrir le premier « Dans ton cul ! » de l’histoire du cinéma (spoiler : ce n’est pas dans un film français). Vive le spectacle vivant et vive le cinéma !
Delphine Hossa