Liévin, Arena Stade Couvert, Dimanche 27 Novembre 2022.
Il pleut des cordes sur Liévin pour ce concert tant espéré de The Cure. Le groupe de Robert Smith ne s’est pas produit en live dans le Nord depuis la tournée Bloodflowers au début des années 2000. Pour vous situer le niveau d’attente des 11 500 fans…
Grisailles et brûlures
Il pleut aussi dans la salle comble car des sonorités d’averse et des lueurs d’orage introduisent le spectacle. Arrivée progressive du groupe : le batteur Jason Cooper, le claviériste Roger O’Donnell, Perry Bamonte idem et 6 cordes en bonus, le guitariste Reeves Gabrels, et bien sûr l’un des maîtres de la basse New Wave, Simon Gallup. Les gars entament le nouveau titre, Alone, tandis que Robert Smith apparaît, et affable, arpente la scène pour saluer le public, visiblement ému de retrouver ses fans. Aux premières notes et aux premiers mots, on sent qu’on va vivre un grand moment : le gang joue à merveille, les lumières, les vidéos et le son s’avèrent superbes, alors que la voix sensible et unique de Rob demeure intacte.
Effectivement, c’est parti pour deux heures quarante de rêve éveillé. Le premier tiers des 28 pépites (!!!) survole toutes les périodes de Cure, mélangeant grisailles mélancoliques (Pictures Of You, Charlotte Sometimes) et brûlures froides (Shake Dog Shake, From The Edge Of The Deep Green Sea, Primary). Les quelques nouveautés (Alone, And Nothing Is Forever, A Fragile Thing, Endsong) du fameux album prévu (???) pour le Printemps évoquent singulièrement l’époque de Disintegration (1989). Entre les morceaux, Smith ajoute quelques mots d’humour en Anglais et en Français.
Après un autre inédit, I Can Never Say Goodbye, en hommage au frérot de Smith disparu en 2018, le second tiers, presque un faux retour, cite les perles de Seventeen Seconds (1980) : At Night, M, Play For Today et une magnifique version de A Forest, où l’on peut, comme de nombreuses fois, témoigner de la complicité entre le guitariste Rob et son bassiste fétiche Simon Gallup.
Héros
Il faut dire que ces deux-là, un temps frères ennemis après la tournée Pornography (1982), sont les deux héros musicaux de la soirée : Gallup pour ce son de basse légendaire, trame de la plupart des créations de Cure, reste le seul du sextet à faire le show en parcourant la longue scène pour taquiner son ami Rob ou l’appliqué Gabrels. Quant à Smith justement, il déroule avec émotion son style guitaristique personnel, parfois imité, jamais dépassé, sur sa guitare Schecter. Sportivement, on notera aussi le marathon rythmique de Jason Cooper, même si son jeu s’affiche plus classique que les lignes percussives des versions originales. Gabrels, assez sobre, ainsi que Bamonte et O’Donnell, accompagnent au mieux, point.
Bouquet final
Enfin, pour conclure, en vrai rappel, The Cure lance le bouquet final des Hits – Lullaby, The Walk, Friday I’m In Love… Une pochette surprise pleine de dorures, jusqu’au dernier cadeau, repris en chœurs par les milliers de fans déchaînés : Boys Don’t Cry. Le groupe part, et Robert Smith reste seul à remercier longuement la foule, en promettant timidement, de revenir…
Ce matin, il fait soleil sur le Nord.
The Cure – Push Live At Liévin (2022)
Ps : Les photos sont extraites du Facebook de The Cure et prises lors de différents concerts de la tournée. Merci à leurs autrices et auteurs.
Bruno Polaroïd
Setlist de Liévin / 2022