William SHELLER – Un Homme Heureux

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William SHELLER – Un Homme Heureux

William Sheller

On présente souvent William Sheller comme un garçon nostalgique et dépressif. Pourtant, il n’est qu’à l’écouter dans les 70’s pour découvrir une collection de tubes aux musiques bourrées d’accords majeurs, de joyeuseté. Fait étrange, sa première chanson au titre enjoué, « Un Homme Heureux » (1991), sous-entendu « Y’a d’la joie », semble aborder le thème du célibat subi, évoquer la « casquette » de l’homme éconduit, l’image même du dépit amoureux.

« Et moi j’te connais à peine, mais ce serait une veine, qu’on s’en aille un peu comme eux. On pourrait se faire sans qu’ça gène de la place pour deux. Mais si ça ne vaut pas la peine que j’y revienne, il faut me le dire au fond des yeux. Quel que soit le temps que ça prenne, quel que soit l’enjeu, je veux être un homme heureux ».

William SHELLER – Un Homme Heureux

En 1975, Philippe Bouvard, homme de médias, présente William Sheller au grand public dans l’émission télévisée qu’il anime alors, Bouvard en Liberté. La séquence en question est intitulée : « La Chanson idiote ». Grâce à cette « imbécillité », Sheller et « Rock’n’Dollars » touchent un maximum de monde et le titre « idiot » devient un large succès. Au-delà, l’artiste bénéficie d’une exposition qui le mène de débuts « rock » et en « groupe » suivis d’orchestrations pour tutti quanti à sa seule starisation.

Suivent des titres devenus de véritables standards de la chanson française : « … Dans un Vieux Rock’n’Roll » ou « le Carnet à Spirale » (1976). Sous sa « patte », les mélodies évoluent dans des sphères pop moins galvaudées que ce qu’il est commun d’appeler de la « variété ».

Dans Un Vieux Rock’n’Roll

1978, 1979 … Les tournées, Les studios d’enregistrement, les plateaux télés, tout s’enchaîne selon la vie de bohème, la vie d’hôtel. Si les tubes « faciles » continuent à jaillir de son piano concertiste, l’homme commence à se lasser, à envisager des partitions plus « classiques », garnies de cordes, soutenues par un orchestre symphonique. Nonobstant, il continue de mettre le « business » à genoux …

William SHELLER – Fier et Fou de Vous

… mais les fêlures du chanteur fendillent ses textes.

« On m’a tout mis dans les mains, j’ai pas choisi mes bagages en couleur. Je cours à côté d’un train qu’on m’a donné au passage … Et je regarde ceux qui saluent aux fenêtres, j’me dis qu’y en a parmi eux qui m’aimeraient peut-être … Oh j’cours tout seul, je cours et j’me sens toujours tout seul ».

Oh ! J’cours Tout Seul

Ces « autres » aspirations, ce besoin d’espace sonore plus « ouverts », se concrétisent en 1989 avec un album au titre évocateur : Ailleurs. Son nouveau monde est féerique, fantasmé, sombre. La mise en image par Philippe Druillet de la chanson phare « Excalibur » magnifie le côté fantastico héroïque et médiéval de l’œuvre tout autant qu’il la rend inquiétante. Ombre et lumière, le choix du noir et blanc accentue une certaine déshumanisation poétique des personnages.

Sur les parties chantées, ce disque représente la fusion parfaite entre pop et musique classique. Sur les parties instrumentales, des élans symphoniques nous sont livrés. Envoûté, le public suit Sheller dans ce voyage si particulier.

William SHELLER – Excalibur

La clepsydre écoule son contenu, le sablier égraine le sien, l’eau sur les quartz et les micas dessinant la trace vagabonde du chemin parcouru. Épuisé psychologiquement, véhiculé par un corps érodé auquel il n’aura rien épargné, William Sheller navigue depuis un certain temps au large des mondanités médiatiques.

Dans son dernier opus, Stylus (2015), s’il continue à marier violons et violoncelles à son piano, c’est dans un style pop évoquant les plus belles heures des années 60, lorsque les orchestrations de Sir George Martin servaient l’œuvre des Beatles.

Youpilong

Il semble que le chanteur / auteur / compositeur ait atteint sa quête musicale. Si ses partitions ont livré tout ce qu’il avait à donner, peut-être n’avait-il pas tout dit, d’où cette autobiographie publiée en 2021. Son titre tout simple, « William », sonne davantage comme le témoignage d’un enfant sur la vie d’un homme. Au bout du compte, arrive-t-on jamais à réaliser ou devenir ce qu’enfant l’on espérait ? Si la réponse vient avec le temps, alors, quel qu’en fut l’enjeuWilliam Sheller est à présent, semble-t-il, un homme heureux.

William Sheller

Thierry Dauge

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