LAUTNER / AUDIARD – Ne Nous Fâchons Pas

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LAUTNER / AUDIARD – Ne Nous Fâchons Pas

Lautner Audiard

Après Les Tontons Flingueurs (1963), une « pellicule » de Georges Lautner et Albert Simonin, suivi des Barbouzes (1964), qui associe Michel Audiard au duo initial, et avant Laisse Aller … C’est Une Valse (1971), où Lautner s’associe à Bertrand Blier, voici Ne Nous Fâchons Pas (1966), chef d’œuvre intemporel signé Lautner / Audiard. Du cinéma bon enfant, des répliques truculentes, Georges à la réalisation, Michel au scénario et aux dialogues, dans les films « à papa », la péloche jacte comac !

Le film commence par une scène révélatrice. Sur la Côte d’Azur, Intérieur pharmacie, trois hommes couverts de pansements, un policier qui interroge et Lino Ventura qui réplique : « Mais ils m’ont traité de brute Monsieur le commissaire ! ». Le ton est donné, et que roulent les truands à la française, des hommes endurcis mais au grand cœur !

NE NOUS FÂCHONS PAS – Dans la pharmacie

Les scènes suivantes présentent le scénario mieux qu’on ne saurait le décrire. André Pousse (Quinquin, un méchant, dans Le Pacha en 1968, avec Jean Gabin) et son acolyte arrivent chez Antoine Beretto (Lino Ventura), négociant en bateaux. Ils sollicitent son aide. Extrait choisis : « On a les poulets dans les reins, Tonio ». Beretto consent en rechignant à leur prêter de quoi naviguer jusqu’en Italie. Il rajoute une grosse liasse de billets, pour les frais. Remerciement : « On a une créance à Cagnes, un certain Michalon, un p’tit repasseur, un malfaisant, il nous a r’passer de quatre briques ». « Comment il s’appelle votre fléau ? ». « Michalon, Léonard Michalon », ou comment introniser Jean Lefebvre.

Sur la route menant à Michalon, Antoine s’arrête chez son pote Jeff, Michel Constantin, un « initié » restaurateur. Il se renseigne : « C’est le Belphégor des hippodromes le Léonard ». Il le trouve finalement dans une chambre d’hôtel, intérieur nuit. Alors qu’il s’apprête à le réveiller, un « angliche » rentre par la fenêtre pour « dessouder le malfaisant » … c’est lui qui finit dans le coffre du véhicule de Beretto. Et quand on apprend que l’individu fait partie d’une bande dirigée par le Colonel … les protagonistes sont identifiés. Evidemment, ils ne tardent pas à se retrouver dans une « béchamel infernale » !

Dans le restaurant

1966. La musique du film colle merveilleusement au contexte et « presque » à cette année-là. Bien que reflétant davantage la première moitié des 60’s, elle est si jubilatoire qu’on y revient avec bonheur. Bernard Gérard en a écrit la partition. Qui ?! M. Gérard est un compositeur qui a déjà collaboré avec François de Roubaix, un grand de la BO (La Scoumoune 1972, avec Bébel et Constantin, ou Le Vieux Fusil 1975, avec Philippe Noiret et Romy Schneider), et musicalisé les disques de Pierre Perret des 70’s au 80’s ; que nous le voulions ou pas : nos racines.

NE NOUS FÂCHONS PAS – Les Rosbifs

Notre trio picaresques, Antoine, Jeff et Léonard, est pourchassé par le Colonel et ses Boys, ces jeunes gens aux cheveux longs vêtus comme des écoliers anglais : so British !, qui veulent leur faire la peau. De tribulations explosives en rencontre attendrissante, Églantine, Mireille Darc, l’ex-femme de Michalon, les Hommes finissent par sa fâcher.

Premier tableau, se débarrasser du corps du Boys « repassé » dans la chambre d’hôtel. Jeff connait un expert dans le domaine, Robert Dalban : « Je vous proposerais bien le puzzle congolais, 32 morceaux plus la tête, ou alors le Cupidon de Vulcain, quinze cent degrés et vot’ petit jeune-homme se retrouve en plaques d’égout ou en grilles de square ».

En ce qui concerne le Colonel : « Sans aller jusqu’à l’butter, on pourrait quand même lui filer le traczir au Colonel ». Et alors qu’ils s’interrogent sur la situation en minimisant les faits, Antoine et Jeff, coincés dans une R8 Gordini bleue à bandes blanches trop étroite pour leurs carrures, émettent une évidence : « Il y aurait quand même de la relance sur la gelée d’coing ».

Tout au long des pérégrinations, comme un leitmotiv, un fil rouge, Léonard agace ses compagnons. Dans ces cas-là, la réplique est invariablement la même…

Dans l’appartement de Jeff

Evidemment, la « marine » française ne pouvant plier face à l’armada anglaise, nos durs de durs finissent par se défaire du problème. Alors que le colonel vient de partir en fumée, un soupçon de reproche est émis par Antoine à l’encontre de son comparse : « Je critique pas le côté farce mais, pour le fairplay, y’aurait quand même à dire ».

Puis tout le monde se retrouve dans la boite de nuit que vient d’ouvrir Jeff. Antoine et Églantine, s’apprêtant à partir en voyage, viennent saluer leur ami. La musique envahit la conversation : « Gloria », des Them, qui propulse les jeunes gens venus tout exprès se défouler psychédéliquement en danse-hurlant.

Soudain, on demande Antoine au téléphone. Au bout du fil, un Léonard dans tous ses états appelle à l’aide. Ne pouvant se résigner à le laisser dans l’embarras, Antoine part lui prêter main forte. Lorsqu’il le rejoint, deux individus patibulaires se dirigent vers lui. Antoine les interpelle : « Messieurs, messieurs, ne nous fâchons pas ». De retour avec Léonard au night-club, il lâche, géné : « Y’a deux mecs dans l’coffre ».

NE NOUS FÂCHONS PAS – Dans la R 8

Des films comme ça, plus personne n’en fait, on n’en voit plus. Associant le réalisme fantasmé de Georges Lautner aux dialogues fleuris de Michel Audiard, ils font partie du patrimoine cinématographique. Et puis, Lino Ventura dans toute la force de son personnage … à moins que … Le nez écrasé en héritage, ayant déjà fait du comique, CF Spy en 2015, la filiation entre lui et Jason Statham … ? Visionnez les scènes et remplacer Lino par Jason. Alors ? Bon, peu importe. L’essentiel est sur la pellicule, un film rare dont on ne se lasse pas.

Remarque : « Des quidams pour ramener leurs fraises, critiquer l’œuvre, chier dans la colle du chroniqueur ? Allons, allons, Ne Nous Fâchons Pas ! ».

Thierry Dauge

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