Ted NUGENT – Gonzo !
De par ses prises de positions politiques, Ted Nugent figure dans le Quid des persona non grata, black-listé à vie es vox populi. A partir des réactions présentes sur la Toile, à l’image de Bertrand Cantat depuis Vilnius, il est fort probable qu’il soit également celui qu’on adore détester.
En 1978, autre époque, autre temps, lorsque sort son Double Live Gonzo ! (en italien, « Gonzo » signifie : « idiot, crédule, dupe » …) ses talents de guitariste / soliste sont loués non sans reconnaître au personnage une certaine « originalité ». « Bande de petites graisseuses et de petits graisseux », permettez que l’auteur choisisse cet angle d’attaque pour évoquer « Guitar’zan », celui dont la chanson « Wango Tango » servit de titre à l’émission radiophonique de « Tonton Zézé », l’inénarrable et incontestable Francis Zégut.
Ted NUGENT – Great White Buffalo (live)
Avant de produire des disques sous son nom, il officie au sein de The Amboy Dukes (1967), un groupe de fondus au look de sauvages qui bousculent les trains en marche. En 1970, un album live sort sous le nom de Ted Nugent and The Amboy Dukes avant que, quatre ans plus tard, ne paraissent deux albums, le premier titré Call Of The Wild sous le patronyme de Ted Nugent & The Amboy Dukes, puis Tooth, Fang & Claw sous celui de Ted Nugent’s Amboy Dukes.
A partir de là, seul son nom sous forme de logo persiste sur les pochettes de disques.
Ted NUGENT’s AMBOY DUKES – Lady Luck
Le guitariste à la crinière léonine adopte un jeu aussi fougueux que la vie qu’il mène. Particularité, en lieu et place d’une Les Paul accouplé au séculaire ampli Marshall, il opte pour une demi-caisse Byrdland Cutaway pluggée chez Fender. Sa signature sonore devient une AOC, cavalcades incendiaires ponctuées de bends assassins.
Loquace, il marie souvent ses cordes vocales à celles de son instrument, lâchant des salves au micro aussi féroces que les assauts qu’il inflige à ses cordes. Pas étonnant que l’on compare son jeu à celui d’un furieux triturant une 12’7 ! Et nous y voilà ! L’ultra républicain membre de la NRA (National Rifle Association) ressort de sa boite. L’apôtre des armureries, les doigts dans la cartouchière, l’arc tendu et les flèches pointées vers le gros gibier, l’effigie de Charlton Heston érigée en poster, refait surface. « Parental Advisory » ! Vade retro Satana ! Et la musique dans tout ça ? La musique tudieu !
Ted NUGENT – Snakeskin Cowboys
Du premier album éponyme (1976) à Weekend Warriors (1978) via Cat Scratch Fever (1977), le guitariste fait feu de tout bois, carbonise le blues torturé qui tapisse ses chansons, porte aux nues un hard rock jubilatoire et puissant.
Bénéficiant d’un engouement XXL, Weekend Warriors devient même un flipper (!) présenté lors d’une convention à Las Vegas !
Weekend Warriors
Lorsque le nombre d’adeptes cessent de progresser, le Ted ne s’en laisse pas compter. Aux débuts des 80’s, plutôt que verser dans la métallurgie, il inocule de l’AOR à ses rugissements. Un album sobrement intitulé Nugent au visuel correspondant (1982) puis Penetrator (1984) témoignent du coup de torchon.
Le Nuge sélectionne alors les ingrédients qui composent ses morceaux en fonction de ses envies … ou des conseillers « marketing » de son Label. Sur ce modèle, au format vinyle, la Face A de Penetrator propose des « FMeries » savantes et musclées alors que la Face B porte des casques lourds, ou comment satisfaire l’ensemble de ses fans. Par la suite, au gré des albums, il réinjecte une once de venin ou une dose de grenadine dans ses chansons.
Ted NUGENT – Tied Up in Love
Personnage atypique et peu charismatique, il convient de lui reconnaître du talent, notamment lorsque ses doigts enfument nos pauvres oreilles torturées. Parce qu’en live, loin des « on dit », il a longtemps détenu le record de décibels et d’osselets fracassés.
Pas fréquentable Ted Nugent ? C’est à chacun de voir et, surtout, d’écouter. Personnellement, moi, ce que j’en écris …
Thierry Dauge