Emmanuelle SEIGNER – d’Ultra Orange à elle-même

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Emmanuelle SEIGNER – d’Ultra Orange à elle-même

Emmanuelle Seigner

Emmanuelle Seigner serait-elle devenue ce qu’artistiquement elle représente sans son grand père, Louis Seigner, sociétaire de la Comédie Française, ou son mari Roman Polanski, magnifique réalisateur / homme discutable, qui lui offrit son premier grand rôle au cinéma (Frantic – 1988, après Détective – 1985 – de Jean-Luc Godard, puis Cours Privé – 1986 – de Pierre Granier-Deferre) ?

Femme tout autant pulpeuse que féline, nantis d’une plastique concupiscente, elle ne pouvait qu’évoluer du cinéma vers la chanson, même si son filet de voix navigue très loin de l’opéra. Pour ça, elle rejoint un duo féminin / masculin (composé de Gil Lesage et Pierre Emery) nommé Ultra Orange avec lequel elle livre son premier véritable essai discographique : Ultra Orange & Emmanuelle (2007). Album culte ? Vendu à très peu d’exemplaires, il se monnaie actuellement à des prix tout à fait déraisonnables.

ULTRA ORANGE & Emmanuelle – Bunny

Pour son deuxième Lp, la belle passe en solo et à la langue de Molière : Dingue (2010) ! Elle fait appelle à Karen Ann et au chanteur Doriand pour l’écrire et le composer. Le propos passe d’un rock « ambiancé », un rien « vaporeux », à une pop ouvragée sucrée salée. Le français met davantage son timbre de voix en valeur ; un chant voilé, plus susurré qu’appuyé.

Au centre de la cire figure un imparable single : « Femme Fatale ». Nul doute que s’il avait bénéficié d’un traitement radiophonique digne de ce nom, dont ont pu profiter des « choses » moins girondes, il aurait canonisé les ondes. Dépit, la chanson ricoche d’une station grand public à une autre « de niche » sans trouver son public. Comme tant d’autres pourtant talentueusement turgescente, elle disparaît. Ravivons ses « couleurs ».

Emmanuelle SEIGNER – Femme Fatale

Pour sa troisième livraison, Distant Lover (2014), c’est aux States et avec un ex Smashing Pumpkins qu’Emmanuelle se rend et se lie. Elle revient à l’anglais et au rock, précisant que c’est dans cette langue et cette musique qu’elle se « réalise », s’accomplit.

Des fragrances de fuzz sont insufflées dans les amplis, nappes de guitares saturées plutôt qu’accords tranchant le lard des tympans. Côté voix, on retrouve ces écharpes de brumes éthérées, ces « baisés volés ». Bien sûr, considérer que la chanteuse parle plus qu’elle n’élabore de mélodies peut s’entendre, ainsi que la préférer francophone. Subsiste un certain charme, celui d’une femme de volonté qui assouvit ses désirs.

Emmanuelle SEIGNER – Cold Outside

Cinq ans plus tard, en 2019, c’est à nouveau sous la forme d’un groupe qu’elle revient en studio, un composé musical réunissant The Liminanas, Anton Newcombe et elle –même : l’Epée. Le contenu de Diabolique, l’album qui en résulte, clone un revival des 60’s un rien psyché. Et c’est comme si l’on entendait Brigitte Bardot aux prises avec un micro, lorsque l’égérie du grand écran cherchait à s’émanciper. Un parallèle ? A l’image de ce qu’ailleurs Alex Turner et Miles Kane ont fait avec The Last Shadow Puppets, l’Epée transcende les genres aux services de sa chanteuse.

L’EPEE – Dreams

Depuis, elles assurent des participations aux projets d’autrui sans encore faire chanter les siens.

Au final, faut-il voir en Emmanuelle Seigner une actrice ou une chanteuse ? L’avez-vous vu jouer ? L’avez-vous entendu chanter ? Quoiqu’il en soit, toutes filiations artistiques mises de côté, d’Ultra Orange à l’Epée, elle est devenue ce qu’elle souhaitait devenir : indépendante. Alors, cinématographique ou musicale, laissons-lui écrire son futur, « andante ».

Thierry Dauge

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