STATUS QUO – Big Fat Mama
« Big Fat Mama », initialement sortie sur l’album Piledriver (1972), est un des titres fer de lance du répertoire de Status Quo. Tout le Quo y est, tout ce qu’il transpire et représente. Les accords barrés sont légions, le pont central squelettique produit un effet de manque en prélude à l’orgie finale, cette explosion de débauche et de son.
Le solo de guitare caractérise à merveille le jeu de Francis Rossi, si différent de ceux de ses contemporains : pas de poses, d’effets de manche, d’égomania, une simple suite de notes au service de la chanson. L’impression de bloc compact qui découle de l’écoute identifie Status Quo, un groupe et non une somme d’individualités cherchant à tirer la couverture à leur seul profit.
Status Quo, l’ouvrier du rock au service du prolétariat.
STATUS QUO – Big Fat Mama (version studio)
En live, depuis la scène, l’offrande au public pulvérise l’ambiance. Les postérieurs libérés se lèvent et s’agitent, les pieds battent la cadence et les têtes s’animent, torticolis garantis ! Afin de répondre à l’attente qui veut que, jouée live, toute chanson catapulte sa jumelle « ensillonnée », le métronome s’accélère. Il en résulte un final dantesque, cataclysmique ! Telle une coulée de boue au cœur de l’orage, sueur et sourires envahissent l’assistance. Lorsqu’on apprécie le rock, atteindre un état de bien-être n’est pas plus compliqué que ça : un batteur, un bassiste, deux guitaristes et envoyez les chevaux !
Big Fat Mama (version live 1977)
Bien après sa séparation, une fois les inimitiés retombées, le quatuor d’origine décide de réaliser une tournée historique. C’est donc sous sa forme originelle : John Coghlan à la batterie, Alan Lancaster à la basse et au chant, Francis Rossi aux solos et au chant, feu Rick Parfitt à la rythmique et au chant, que le groupe se produit au Palais des Sports de Paris en ce mois de juin 2014. Sous les rides, les cheveux clairsemés, les ventres rebondis et les corps rongés par les excès, « Big Fat Mama » passe–t-elle les mailles du filet tendu par les années ? La jouer dans ce contexte paraît-il abscons ?
Dans son habit d’origine, comme en 1977, la chanson vous perfore le trognon !
Thierry Dauge