Comme Une Sentence
Une Fin Définitive Ou Une Mort Subtile ?
Le titre sonne comme une sentence. Un tribunal a décidé que voici La Fin Du Rock et qu’il n’y a pas à revenir dessus. Définitif et rédhibitoire pour ceux qui sont contre.
Asséné ainsi il semble que ce petit essai / récit, très rigoureux et implacable, ne laisse planer le moindre doute. Mais, et c’est là, que tout se joue, il y a un mais et l’auteur, Marc Sastre, le perçoit. Il a pris soin de ne pas préciser que le rock est mort, nuance de taille.
Rory Gallagher – Do You Read Me
La mort est sans retour, la fin signifie le début d’autre chose même s’il ne le cite pas clairement dans cet ouvrage, seul point noir. Alors pourquoi la fin du rock ?
Sa démonstration remontre très loin, traversant les siècles, les pays, les pouvoirs, les puissances et, surtout, les révoltes. Et, par définition, le rock lors de son invention, se doit d’être révoltant tout comme le blues l’a été. Alors, oui, le blues, issu des noirs américains pauvres des années vingt (pléonasme ?) du siècle dernier a été récupéré par les blancs, parfois pour le plus grand bien, citant par exemple Rory Gallagher. Mais le rock à ses débuts a joué le même rôle. Et chaque fois, le capitalisme l’a récupéré, malgré des tentatives qui furent vaines : le disco pour s’en éloigner, le punk, pour mieux y revenir, la new wave à peine évoquée, le grunge, puis la techno, et ses free parties encore d’actualité, mais qui se renferme.
Dead Kennedys – Holiday in Cambodia (Live)
Aujourd’hui, il voit le rock comme une récupération, rapport à son âme, ses convictions même dévoyées (aucun mot sur le post rock) et se contenter de ce qu’il peut encore offrir d’agréable, bourré de sentiments divers qui bouleversent chacun à défaut de défier tout le monde. Comme le dit toujours si bien notre cher Neil Young : « Rock and roll can never die ». Et puis il y a cette phrase comme une citation en quatrième de couverture : « La fin du rock était autant la fin des idoles que le produit de notre émancipation ». Est-ce une note optimiste ou une triste constatation ? A lire pour mieux comprendre les méandres, parfois complexes, où veut en venir l’auteur.
The Clash – London Calling (Vidéo officielle)
Marc Sastre – La Fin Du Rock
Les Fondeurs De Briques – 110 pages – 14€
Patrick Bénard