DIAMOND REO – Aerosmith meet Ted Nugent
En 1976, sur son deuxième Lp, Diamond Reo percute deux dinosaures du rock : Aerosmith et Ten Nugent . Ouvriers consciencieux, les musiciens recollent les morceaux pour aboutir à Dirty Diamonds, iceberg de « heavytude ». Iceberg ? Sorti dans l’indifférence quasi générale, cet album dépasse à peine le statut de résident des bacs à solde alors que, du point de vue musical, il est monumental !
DIAMOND REO – It’s A Jungle Out There
Hard rock, heavy rock, peu importe l’étiquette collée sur le flacon on ne retient que la potion. Les chansons s’envoient comme des shots de bourbon, secs, sans une goutte d’eau de seltz. A mi-chemin entre la crasse et les paillettes, cette musique empourpre les petites filles et débraille les petits garçons. Les chaînes de vélo déraillent, les poupées s’enflamment, direction l’adolescence et le bonheur de n’en faire qu’à sa tête. C’est que les morceaux incitent au foutoir, au bordel dans la rue. Pères et mères de bonne volonté, surveiller vos rejetons, que Dirty Diamonds n’aille leur donner des idées. Ce quatuor de « branleurs » pourrait bien les déniaiser.
It Ain’t What You Say It’s What You Do
Deux guitares destroy, une basse, une batterie et un chant qualifiable de « séduisant », pour des sprays détonnant de poudre noire, de quoi secouer les dortoirs. Label Kama Sutra oblige, toutes les positions y passent, bande son idéale pour concourir aux championnats de « air guitar ». Sauf que là, ce sont de vrais instruments qui vous bottent les tympans. Bien sûr, il est toujours possible de grogner, de jouer à l’ours mal léché : « Déjà entendu ! », « Trous du cul ! », « Musique de moldu ! ». En réponse, sur la pochette, regardez bien les mains du blondin au tee-shirt rayé. Elles ne font pas que s’accrocher à sa ceinture : « Tu n’aimes pas ma zique ? Tu as le ‘doigt’ … ».
DIAMOND REO – Power
Dans le fond, le seul défaut de cet album ne serait-il pas d’être sorti en 1976, année riche d’une production discographique pléthorique ? Sans rechercher l’exhaustivité, dans un genre musical similaire, outre Aerosmith’s Rocks et un Ted Nugent libérateur sur Free For All, jugez des pointures : Kiss Destroyer, Boston et son platiné premier Lp, Rainbow Rising, Blue Öyster Cult pour Agents Of Fortune, Status Quo colorisé Blue For You, les premiers remous d’AC/DC sur Dirty Deeds Done Dirt Cheap, Thin Lizzy s’évadant Jailbreak … Comment sortir du lot ?!
Par contre, imaginons que Dirty Diamonds arrive aujourd’hui sur nos platines … Avec l’autoroute Internet, plus rien n’est impossible, tout est accessible ! Et pour un format vinyle, cette chose noire, plate et circulaire au centre poinçonné, sur un célèbre site mondial de vente par correspondance il vous en coûtera moins d’une vingtaine d’euros. La musique reste vivante tant qu’on l’écoute …
Une dernière chose, si vous appréciez les ballades, du genre sirupeuses, type « glue à souris » … passez votre chemin ! Ici, m’sieurs-dames, pas de compromis ! On peut très bien se balader en se la jouant heavy.
DIAMOND REO – Momma Let Your Love
Patronyme aidant, pour peu que vous mépreniez et le preniez pour un déodorant, ce groupe vous arrache les poils des dessous de bras et ceux du derrière avec. Métrosexuel ? Plutôt : « Mais trop sexuels ! ». Alors, pour une saillie rapide ou une plus longue étreinte …
Thierry Dauge