Un Thriller Social
Quand Le Noir Entrave Le Soleil
Ce roman noir se présente comme un thriller social. Effectivement il l’est. A tout point de vue. L’angoisse monte au fil des pages, on le sent, le prédit et pourtant tout semble si naturel, comme une évidence. Une vie dans un quartier chaud mais ouvert, glauque mais réjoui. Sur ces contradictions, Tristan Saule en joue à merveille.
Thom Yorke – Dawn Chorus
Pourtant le premier chapitre prend aux tripes. Impossible de savoir ce qui va se passer. Juste un bref résumé : une femme, par une journée ordinaire, s’inquiète d’en voir une autre défiler devant sa maison, vêtue d’un habit de travail d’une entreprise basée sur la mise en place du courant électrique. A priori, rien de gênant. Mais l’angoisse se dégage tout de même, en douceur. Inutile d’en dire plus parce que c’est à travers ce chapitre que tout va se mettre en place. Sauf que l’écriture se fait tranquillement, avec forces descriptions très précises, générales, comme on peut en observer dans n’importe quel quartier, qu’il soit bourré de tours immondes ou de pavillons cossus.
Closer – New Refused
Dès le chapitre suivant surgit Mathilde, la quarantaine bien tassée, l’héroïne banale, passe-partout, qui bosse dans l’aide sociale. Si ce n’est un physique plutôt corpulent mais sans excès, elle passe à travers les gouttes sans se faire repérer et aide au mieux les autres. Vous voulez savoir la suite ?… C’est compréhensible. Rien de plus à dire, comme Mathilde, qui se tait parce que, si imperceptible soit-elle, sa vie à un sale vécu et ce qui va suivre sera encore pire, jusqu’au dernier chapitre d’une âpreté extrême. Stop ! Le reste est à lire séance tenante, car une fois plongé dans ce polar, on n’en sort plus, ou pas indemne, entre mélancolie et rage.
Au fait, Mathilde Ne Dit Rien est sous-titré Chroniques de la Place Carrée – I –. Ce qui suppose une ou plusieurs suites. Tristan est prié de livrer très vite une prochaine chronique de cette Place.
Tristan Saule – Mathilde Ne Dit Rien
Parallèle Noir – Le Quartanier Editeur – 286 pages – 20€
Patrick Bénard
PS : les titres insérés dans cette chronique sont à la demande de l’auteur qui a été contacté pour l’occasion.