Un film de James Mangold, avec Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon
Johnny Cash est unanimement reconnu comme un monstre sacré, lié à une période dorée de la musique populaire. Il n’en a pas toujours été ainsi. Certains courants musicaux n’échappent pas aux ravages du temps. Durant le dernier quart du 20ème siècle, la country et le folk semblaient presque devenus obsolètes.
A l’image de Ray Charles avec le film Ray, une icône américaine telle que Johnny Cash méritait un biopic rendant justice à ses talents. Au début du troisième millénaire, ces long-métrages ont permis de sanctifier leur rôle primordial dans l’histoire de la musique.
Joaquin Phoenix – Get Rythm (Walk The Line)
https://www.youtube.com/watch?v=tz6b6_8ai4o
Walk The Line raconte l’ascension de Johnny Cash. Du milieu des années 50 et ses débuts chez Sun Records, jusqu’à la fin des sixties, et son combat pour se libérer de son addiction à l’alcool et aux drogues. Il met en exergue le calvaire silencieux d’une star des sixties, dénigrée dès son plus jeune âge par son père, lui reprochant la disparition de son frère aîné. Mais l’axe central du film est la rédemption. Celle que Johnny Cash cherche désespérément dans les bras de la chanteuse June Carter. L’amour salvateur d’une moitié de vie passée sur la corde raide.
En 2002, lorsque le réalisateur James Mangold (Copland, Une vie volée) monte son projet, Johnny Cash et June Carter sont encore de ce monde. Ces derniers jettent leur dévolu sur Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon pour interpréter leurs rôles respectifs.
Reese Witherspoon & Joaquin Phoenix – Jackson (Walk The Line)
Malgré ses aspects dramatiques, si l’objectif principal d’un biopic musical est de pousser le spectateur à découvrir l’œuvre de l’artiste, alors Walk the line est une grande réussite. Pourtant, la majorité des titres sont interprétés par les acteurs eux-mêmes. Durant les six mois précédents le film, ils suivent des cours de chant sous la direction du producteur et musicien T-Bone Burnett.
Reese Witherspoon & Joaquin Phoenix – It Ain’t Me, Babe
Décédés durant l’élaboration du projet, June Carter et Johnny Cash n’auront pas le temps de les voir se livrer à une performance exceptionnelle, tant sur le plan musical que cinématographique, et qui leur vaudra par la suite de nombreuses distinctions (Oscar, Grammy, Golden globe).
En effet comment résister à cette histoire d’un homme rongé par la culpabilité depuis son enfance, et trouvant dans la musique le moyen d’extérioriser sa douleur, et dans l’amour celui de l’apaiser.
Et même si James Mangold prend parfois quelques libertés chronologiques, romançant au passage certains évènements, jamais il ne s’éloigne de l’essentiel. Un portrait attachant mais jamais complaisant de l’homme en noir, et de la femme qui l’a soutenu. On ne demande qu’à voir se concrétiser cette relation entre un artiste marginal, pessimiste et trempé d’angoisse, et cette chanteuse du peuple, solide et rayonnante. Surtout quand le meilleur du folk américain rythme la ronde nuptiale…
Bande Annonce du film Walk The Line
Pour les amateurs de rock’n’roll, le contexte historique offre quelques apparitions prestigieuses comme les incarnations de Jerry Lee Lewis, Elvis Presley, Roy Orbison ou Carl Perkins. Evidemment, nul biopic n’est parfait. Et on peut regretter que le film ait éludé les prises de position sociales et politiques de Johnny Cash.
Walk The Line est présenté le 4 septembre 2005 au Festival de Telluride (Colorado). Produit par la 20th Century Fox, il sort en salle le 18 novembre et remporte un franc succès populaire. Les critiques ne sont pas en reste. Le film est nommé dans cinq catégories lors de la 78ème cérémonie des Oscars. Meilleur acteur, Meilleur Son, Meilleur Design de Costumes, et Meilleur Montage. Reese Witherspoon remporte le trophée de la meilleure actrice.
Serge Debono
