Michel DELPECH – Quand J’étais Chanteur
Dans les 70’s, Michel Delpech aligne les tubes chez le disquaire comme le boulanger les petits pains au chocolat dans sa vitrine. En 2020, il témoigne sur cette formidable réussite depuis le Paradis : « Quand j’étais chanteur … ».
Pour toutes celles et ceux qui sont nés au début des 60’s, malgré des paroles de chansons traitant de sujets adultes, Michel Delpech est synonyme d’enfance heureuse. En effet, socialement parlant, la vie était beaucoup moins stressante et « speedée » à cette période, au moins jusqu’au premier choc pétrolier de 1973. Par effet d’association entendre ses chansons rappelle une époque louée par Sacha Distel : « Ô la belle vie … sans soucis, sans problème … ».
Michel DELPECH – Que Marianne était jolie
Un mercredi de 1974, deux ans après que ce jour ait succédé au jeudi comme jour de repos scolaire. Un soleil de printemps tiédis l’air ou flotte des fragrances de jacinthes et de Lilas alors en pleine floraison. Le ciel bleu pâle charrie des nuages blancs épars pendant qu’à la radio, sur Europe 1 : « Par-dessus l’étang, soudain j’ai vu passer les oies sauva-a-ges … ». Tout va bien. Sur le vieux tapis en laine pseudo persane installé dans la cours, les petits soldats se mêlent aux poupées Tressy, l’aïeul des Barbie. Loin des années où la mixité boudait le milieu scolaire, filles et garçons profitent ensembles du l’après-midi. Au goûter, ils se régaleront de BN trempés dans des verres de lait chaud. Et Michel ? …
Je l’attendais
Désespoir …
Une séparation
Michel Delpech parvient à faire rimer le quotidien sur des musiques contemporaines. Lorsque sa vie part à vau-l’eau, il se coupe les cheveux, adopte la moustache et va se ressourcer dans le Loir et Cher. Après avoir divorcé, il prend de la hauteur, une prise de recul salvatrice pour ne pas sombrer. Et si toutes ses musiques accrochent l’oreille via les grandes ondes du transistor, c’est que sa voix sonne telle celle d’un ami de la famille, un « habitué » avec lequel on a grandi. Il faut dire que même aux prises avec un syndrome dépressif carabiné, l’artiste parvient à faire sourire son chant, ravivant nos humeurs les plus sombres.
Michel DELPECH – Vu d’Avion, Un Soir
« Après un flirt avec toi sur l’île de Wight, où tu m’as fait planer, le chasseur de l’hôtel de Bombay … » m’a dit que tu étais partie. C’est l’histoire d’un type qui ne s’est jamais remis d’une séparation et qui ne doit sa survie qu’à la chanson. Quatre puis cinq ans s’écoulent entre deux albums mais il reste toujours présent dans la pensée collective des amateurs de variété et … des autres. Même les convertis au rock, les adeptes des silex fracassés au sortir des amplis gardent de l’affection pour un chanteur qu’on ne peut intentionnellement dénigrer. Qu’est-ce qui, au sein d’une mélodie, l’ancre systématiquement au noyau accumbens, au cortex préfrontal, aux synapses dopaminergiques, sièges du plaisir ? Ne pas chercher, juste écouter …
Tu me Fais Planer
Il était chanteur
Hormis le prénom, quel rapport existe-t-il entre Michel Fugain, Michel Polnareff, Michel Jonasz et Michel Delpech ? Une certaine approche de la musique ? Le choix des mots, des notes et l’alchimie qui les unis ? L’étrange sensation du « déjà-vu », en l’occurrence, du « déjà-entendu » ?
Michel DELPECH – Le Loir et Cher
Lorsqu’une chanson a le pouvoir de séduire l’auditeur dès son premier passage radio, c’est qu’elle possède un « truc » qui shunte la raison. Très souvent, ces titres-là sont sans lendemain. Par chance, notre carré « michelisé » n’a jamais connu ce bonheur mais bien plutôt celui d’en avoir bavé avant d’avoir existé. En cela, Michel Delpech est un ouvrier de la chanson française.
Pour un Flirt
https://www.youtube.com/watch?v=Rc90o31VKyk
Alors, même s’il n’apprendra jamais à la mort de Mick Jagger, s’il ne fêtera jamais les adieux de Sylvie Vartan, s’il n’atteindra jamais les soixante-treize ans, il nous fait toujours entendre des choses qu’on aime et il distrait nos vies.
Michel DELPECH – Quand j’étais Chanteur
Michel Delpech : des CD … mais des disques « incontournablement » vivants.
Thierry Dauge