Emmylou HARRIS – Pieces of the sky

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Emmylou HARRIS – Pieces of the sky (1975)

S’il est un album dont le titre reflète à merveille ce qu’il contient, c’est bien Peaces of the sky d’Emmylou Harris. Sans conteste, les dix titres sonnent lumineux et profonds comme des « morceaux de ciel », cette immensité qui nous coiffe lorsqu’elle est bleue, qui nous dépasse lorsqu’elle revêt son velours noir piqué d’étoiles.

Pour l’épauler dans sa quête de lumière, elle invite Bernie Leadon à la voix et aux guitares. Ex membre fondateur d’Eagles, et ancien membre de The Flying Burrito Brothers, il crée des entrelacs acoustiques qui embellissement les mélodies. Au côté de Gram Parsons chez les Burrito, c’est lui qui présentera l’âme torturée et toxique de la Bête à la Belle. Gram va envoûter Emmylou. En retour, elle livre sa voix sur Grievous Angel, album posthume de Parsons qui sortira en 1974. Effondrée, elle aura bien du mal à surmonter cette disparition.

En 1975, toujours empreinte d’une mélancolique liée à l’absence de Gram, une fêlure languissante dans la voix, elle produit ce troisième album caressé de country / folk doucereux au carénage impeccable.

Emmylou HARRIS – Too far gone 

On doit ce « cristal » sonore à Brian Ahern, producteur canadien qui travaillera avec Johnny Cash, Willie Nelson, Roy Orbison et Linda Ronstatd, la grande amie d’Emmylou. D’ailleurs, la voix de l’une n’est pas sans rappeler celle de l’autre et elles collaboreront souvent sur leurs productions respectives (Linda apparaît brièvement sur Pieces of the sky) ainsi que sur celles d’autrui, American stars’n’bars (1977) de Neil Young, par exemple.

Ne pouvant qu’être tombé amoureux de sa chanteuse pour, ainsi, lui créer un écrin de soie où poser sa voix, il l’épouse en 1977 pour la quitter sept ans plus tard. La « quitter » n’étant pas tout à fait le terme approprié car, en tout, il va produire onze Lps (!) d’Emmylou, une addiction.

Before believing

Parfois à la limite du style cowboy, CF « Bluebird wine », la country pratiquée par la californienne n’évoque en rien ces grands raouts coiffés et bottés où les pratiquants, alignés comme au presbytère, enchaînent des mouvements typés Madison. Alternant shaker et temps calmes, le disque délasse sans lasser en cheminant sans lacets le long des dix chansons ourlées des mèches brunes qui l’enjolivent.

Emmylou HARRIS – Boulder to Birmingham

Un souffle de vent chargé d’humeurs marines agite paresseusement les branches d’un dattier centenaire. Laurel Canyon s’éveille. David Crosby, Stephen Stills, Frank Zappa, Don Henley, Neil Young et bien d’autres se couchent. Au loin, Los Angeles cache son impudicité sous un smog léger, ouate grisâtre qui s’épaissira à mesure que les heures écoulées verront s’intensifier l’activité humaine.

Emmylou Harris

Alors qu’à Manhattan, l’angelinos Carole King rejoint le Brill Building, haut lieu de productions artistiques, Emmylou Harris étire sa longue silhouette. Ce faisant, le patchwork satiné qui lui sert de drap glisse sur son corps dénudé, l’exposant aux yeux sidérés du mélomane. L’incandescence produite envoie illico ce dernier retourner Pieces of the sky, cire sise sur la platine en mouvement, bras de lecture en bout de course.

Bottle let me down

Apaisé, turgescence passée, une nouvelle étreinte auditive peut commencer.

Thierry Dauge

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