ALDEBERT – Enfantillages
Aldebert ? Tous les enfants connaissent, ou devraient. Honte aux parents qui n’ont pas fourni à leurs chères têtes blondes au moins un des quatre albums qui ennoblissent l’art des Enfantillages (2008) ! Sur le premier volume, la gouaille générale n’a d’égale que la nostalgie sous-jacente, en fonction de qui l’écoute.
« J’ai peur du noir », « On ne peut rien faire quand on est petit », « Pour louper l’école », « On m’a volé mon nin-nin », en quatre titres, le chanteur multi instrumentiste pose son décor. Plus l’ombre d’un doute ne subsiste quant au public concerné : les n’enfants ! Si ça n’est pas faux, les paroles des chansons tapant pile dans le mille, ça n’est pas pour autant que les « grands » y sont indifférents.
ALDEBERT – Pour louper l’école
« Pour louper l’école, je ferai n’importe quoi … », que celui ou celle qui n’a jamais tenté n’importe quoi dans ce but me jette la première sucette ! C’est en cela que l’on peut parler de nostalgie ou de réminiscence coupable ancrée au fond des chansons. Pour les adultes, les textes évoquent un « Monde perdu » : lorsqu’il ne fallait pas marcher sur les traits du trottoir au risque que ce dernier n’explose, que cailloux, bouts de ficelle, billes et plume d’oiseau tapissaient le fond des cartables. Au final, toute la famille se réjouit de vibrer communément aux rythmes et rimes de chansons tant malicieuses que gorgées de joliesse.
On ne peut rien faire quand on est petit
Question style musical, tout y passe ! Pop, reggae, ska, rock festif, chanson française, berceuse, jazz manouche, new orleans … heavy metal ! C’est en cela qu’Aldebert se différencie des fabulistes. Outre le verbe, il fait preuve d’une contemporanéité musicale exemplaire : « Qué variété ?! ».
Non content d’associer les genres, il propose également une somme d’invités étonnante, de Marcel Amont à Elodie Frégé, de Maxime Le Forestier aux Ogres de Barback, d’Alizée à Sanseverino (et bien d’autres). Face à un tel festin, il eut été dommage de ne pas réitérer. Enfantillages 2 (2013), Enfantillages de Noël puis Enfantillages 3 (2017) viennent épauler leur copain. Exploitation du filon à outrance ? Lassitude au bout de l’hameçon ? Même pas ! Du plaisir, rien que du plaisir !
ALDEBERT – Mon père il est tellement fort
Et les Enfantillages de Noël (2015) alors ? Quoi de neuf face à l’indétrônable Tino Rossi et son « Petit papa Noël » ? Et bien voilà ! Aldebert s’en empare mais plutôt que d’assurer une simple reprise …
Petit papa Noël (chamboulé!)
… il se l’approprie. Et Santa Claus, il en fait quoi ? Qu’à cela ne tienne !
Santa Claus attitude
Et ainsi de suite … Ah, non ! Encore une chose. N’avons-nous pas lu « Heavy Metal » quelque part dans cet éloge ? Et pourquoi l’éducation musicale des enfants devrait-elle faire abstraction d’un genre qualifié diabolique, bruitiste et violent ? Vous feriez quoi, vous, si on vous volait votre « nin-nin » ?
ALDEBERT – On m’a volé mon nin-nin
Au-delà du maelström musical, des textes foisonnant, Aldebert sait y faire qui s’adresse directement aux petits devenus grands en leur rappelant de ne jamais oublier qu’ils ont été des enfants. Parce que devenir « grand » ne signifie pas simplement atteindre un certain âge ou une certaine taille. Encore faut-il savoir qu’en faire …
Plus tard quand tu seras grand
… sur ce parcours qui, un beau jour, pour quelqu’un ou quelqu’une, servira de machine à remonter le temps.
ALDEBERT – Dans la maison de mon arrière-grand-père
Aldebert, chanteur pour enfants ? Pas seulement, pas seulement …
Thierry Dauge