Percussions Pop & Rock

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Ci-joint un dernier extrait de l’ouvrage : « Pop Rock – Les instruments de l’ombre », qui sortira prochainement aux éditions du Camion Blanc.

Xylophone, glockenspiel ou Marimba : percussions Rock

Percussions Pop & Rock

En Grec ancien, « xylo » est un terme qui fait référence au « bois ». De son côté, « phone » qualifie quelque chose qui « sonne ». Le mot « xylophone » est donc, d’un point de vue sémantique, une association des deux notions pour définir un instrument de musique ainsi constitué : ensemble de lamelles en bois qui « sonnent ». Et le glockenspiel alors ? Idem, sauf que les lamelles sont en métal et adoptent, de ce fait, un son plus cristallin, à la limite de l’infantile. D’accord, mais le marimba ?! Le marimba est un xylophone « africain » qui se différencie de son cousin occidental par l’adjonction d’une caisse de résonance. Ceci écrit, où sont la pop et le rock là-dedans ? Hummmmm … et si l’on passait aux exercices pratiques, histoire d’écouter, d’entendre ? Après tout, il s’agit bien d’une histoire de musique et de sons, non ?

The ROLLING STONES – Under my thumb

Aftermath (1966) où il n’a suffi que d’une bordée à Jagger pour mettre la fille sous coupe, « Under my Thumb », quel mâle ! Pour fêter l’évènement, un xylophone est convié. Loin de n’assurer qu’une figuration secondaire, l’invité accompagne toute l’épopée.

Comme souvent avec les Stones, pourtant groupe à deux guitares, ces dernières se font plutôt discrètes, n’arguant de leur présence qu’au bénéfice de l’ensemble. Keith Richards fait le bouleau, Brian Jones pimente, dépose des touches parcimonieuses, tel le pinceau du pointilliste sur la toile. A son départ, la musique rentrera dans un rang moins expérimental sans pour autant perdre de sa force. Profitons donc de l’avant Beggars banquet (1968) pour nous en régaler. Patron ? « Under my Thumb, the girl who once had me down … ».

PROCOL HARUM – Fresh fruit

« A whiter shade of pale » (1967), tube planétaire, a fait le bonheur et la perte de Procol Harum. A partir de ce titre, on ne voit plus le groupe que comme un fourbisseur de ballades pseudo classiques dressées à l’orgue Hammond. Il s’agit d’un malentendu. A salty dog, album de 1969, contient des morceaux qui prouvent le contraire, du type de ce « Boredom » où un xylophone assure la ligne de champ. Et plus le groupe s’enfonce dans les 70’s, plus il produit de disques originaux, pas lassants pour un euro, des construits de mélodies recherchées qui flattent l’écoute de l’amateur pop rock.

Grand hotel (1973) ouvre une voix royale assimilable à ce que balbutie Queen la même année. Le suivant, tout juste un an plus tard, Exotic birds and fruit (1974), revêt le même frac galonnée et doré sur tranches. Dans celui-ci, « Fresh fruit » fait état d’un marimba du plus bel effet prouvant que l’incongruité pressentie reste prisonnière de l’esprit qui l’a pensée. Il fallait bien une sommité comme Procol Harum pour démontrer qu’un xylophone ou un marimba ont toute leur place dans un contexte pop. Pour ne pas en douter, après l’avoir lu, il faut l’écouter.

The Lemon Twigs – These words

The Lemon Twigs apparaît comme un groupe, un quintette, alors qu’il s’agit en fait d’un duo constitué des frères D’Addario, Michael et Brian, tous les deux pas plus de vingt ans au compteur. D’Addario ? Ce nom est mondialement connu des guitaristes comme étant celui d’une marque de cordes. Et de cordes, chez les frangins, il en est amplement question. Guitare, bien sûr, mais également violon, pour l’orchestration.

Avec leur premier Lp, Do Hollywood (2016), ces jeunes gens nous ramènent dans les 70’s et le glam rock. Multi instrumentistes, ils dépassent même cet état, proposant des embardées pop, soul et jazzy. « These words » en est un parfait exemple, où tous ces genres musicaux se bousculent avec brio. Et au milieu, telle une rivière, coule un solo de xylophone. Véritable perle qui soutient le meilleur des « cadors » tels Beach Boys ou Beatles, cette chanson s’écoute et se réécoute sans fin. A inscrire sur la liste des incontournables de la fameuse île déserte.

SPARKS – Talent is an asset

Et puisqu’on aborde les fratries, ne nous privons pas de citer les frères Mael, démiurges de Sparks. Sur leur plus grand trophée, Kimono my house (1974), une flopée de titres méritent la canonisation. En lien avec ce chapitre, mettons en lumière « Talent is an asset », ou comment tirer le meilleur d’un glockenspiel dans un contexte glam, pop et rock. Le parallèle avec du champagne millésimé semble fondé tant cette chanson pétille, quel que soit l’abord par lequel on l’incise. Une autopsie musicale n’a jamais révélée autant d’organe à prélever. Entre deux « clap ! » de mains empaumées, le glockenspiel « Ding a dong », jubilatoire, divinité infantile au pays des Grands.

Jimi HENDRIX – Little wing (live et sans glockenspiel – Version studio out of Youtbe)

Même le divin gaucher a cédé au plaisir d’intégrer du glockenspiel dans l’introduction d’une de ses chansons. Les quelques notes extraites des lamelles métalliques épousent celles de sa Stratocaster comme des flocons de neiges une nuit d’hivers. « Little wing », sur Axis : bold as love (1967), est l’exercice de style usé par tous les apprentis guitaristes, au même titre que les premiers arpèges de « Stairway to Heaven » ou le picking d’« Angie ». Chacune des gouttes cristallines du Glockenspiel s’instillent dans l’oreille de l’auditeur puis le font frissonner tel un sein frôlé par un drap en satin. En plus de sa virtuosité instinctive, Hendrix manie l’érotisme qui sied aux plus grands séducteurs. Irrésistible, en toute simplicité.

Ceci dit, pour en revenir au glockenspiel, un doute subsiste. Vu le visuel hindouiste de l’album, ne s’agirait-il pas plutôt de crotales indiennes qu’on entend dans l’introduction de « Little wing », ces petites clochettes que l’on frappe l’une sur l’autre ? Les instruments de l’ombre, parfois, sont desservis par la « crasse » de notre ignorance.

VIOLENT FEMMES – Gone daddy gone

Violent Femmes sort son excellent premier album éponyme en 1983. Le son est roots, sans une once de graisse, à l’os. Si la guitare sature c’est qu’on en gratte les cordes avec entrain, aucun effet ne croisant le jack qui la relie à son ampli. Par contre, sur l’avant dernière plage, « Gone dady gone », tressé d’entrelacs guitaristiques, le marimba s’offre un solo endiablé. Dans le sillage de Gang of Four, la batterie est syncopée alors que le chant adopte un phrasé et un timbre évoquant le défunt chanteur de Joy Division. Au final, la musique du trio envoûte qui l’écoute, et cet épisode de marimba rajoute la touche d’originalité qui pousse à ne pas s’en lasser.

DEPECHE MODE – Everything counts

Issu du troisième album de Depeche Mode, Construction time again (1983), « Everything counts » présente tous les stigmates de ce que le groupe va devenir (ce qu’il est déjà ?) : un mastodonte radiophonique. La voix caverneuse et charismatique, les chœurs aériens, les synthés et samples foisonnant de mélodies glacées, tout est en place.

Nonobstant, deux pièces organiques viennent apporter leur chaleur dans cet environnement clinique, un hautbois activé par le souffle de Martin Gore, le Maître à penser, et un Xylophone percuté par Andrew Fletcher, sa face cachée. Un alizé troublé de sons pulsatiles traduit l’invite à danser du quatuor devenu trio. Paradoxe, ce groupe new wave sonne « live » comme le plus puissant des groupes de rock. Traversé de sonorités toutes droit sorties de l’ombre, Depeche Mode, le chamanique.

RADIOHEAD – No surprises

Par-delà le microcosme qui anime la pop et le rock, et après l’addictif « Creep », Ok computer (1997) est l’album qui propulse Radiohead au sommet des désirs musicaux de ses nouveaux adeptes. Adieu l’underground, bonjour la célébrité. « Karma police », « Paranoid android » et « No surprises » y contribuent grandement.

« No surprises », tout en douceur, promeut un accès sidérant de claustrophobie. Voir la tête de Thom Yorke insérée dans un aquarium et progressivement submergée par l’eau qui le remplit est hideux. En regard, la bande son, animée des petites percussions tintinnabulantes du glockenspiel, jure par sa légèreté. Avec ce genre de mode communicationnel, Radiohead montre un début de replie autistique, le visage de la dépression. A ne pas écouter le canon d’une arme vissée sur la tempe.

Des percussions pop & rock

Xylophone, glockenspiel et marimba ont-ils leur place dans la pop et/ou le rock ? Les huit chansons qui précèdent tendent à le démontrer. Le but n’étant pas l’exhaustivité, de grâce, lectrices et lecteurs, ne relevez pas le chien de vos armes ! Une queue de détente sensible, une douille percutée et c’en serait fait de notre relation suivie. A la veille de la sortie du recueil complet traitant des « instruments de l’ombre », ce serait dommage …

Thierry Dauge

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