BLUR – A charmless Band

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BLUR – Une pop gustative !

Blur

Dans les 90’s, au sortir de la guerre scénarisée qui opposa Blur à Oasis, si ce dernier fut couronné pour sa célébrité, Blur l’emporta haut la main en matière d’originalité : a charmless band.

BLUR – Parklife

Entre 1994 et 1997, quatre charmants garçons dans la tourmente « Brit Pop » se singularisent par leur côté « décalé » : Blur. Non content d’inventer des mélodies « attrape-mouches », ces suites d’accords qui collent à l’oreille, ils osent une approche post-punk/new wave ponctuée de « brochettes » psychédéliques. Cette recette leur apparaissant restrictive, ils cuisinent des entremets condimentés 60’s. Blur : le creuset d’une pop gustative !

Charmless man

La genèse

« Alors, Mr Albarn, avant ‘parklife’ ? »

La drogue commençant à faire effet, il répond malgré lui.

« Nous avons sorti « Leisure » en 1991 puis « Modern life is rubbish » en 1993. A mon sens, ce sont de bons albums mais ils n’ont pas bien fonctionné. Pourtant, l’inepte presse anglaise a commencé à nous comparer aux Beatles. L’Angleterre court après son passé … ».

« C’est bien, Mr Albarn, continuez … ‘Parklife’ … »

Des remontées acides lui envahissent la bouche. Il est parcouru de frissons et vomit une bile amère.

« Ça n’est rien, Damon, la drogue … poursuivez je vous prie … »

Il renifle mais ses bras entravés l’empêchent de s’essuyer. Une force obscure l’enjoint à parler.

« Parklife’ est sorti au printemps 94. Un ami DJ sur Radio One a commencé à passer ‘Girls and boy’ en boucle et ça a pris. L’album s’est mis à se vendre comme des réglisses Basset’s. Tout le monde nous réclamait ce titre. On en a vite eu mare mais le champagne était gratuit … C’est marrant parce qu’on avait décidé de se lâcher sur cet Lp : fuck le cadre pop ! Sur ‘Girls and boy’, le riff est à l’Ouest et je chante ‘like a fucking bastard’. Et c’est celle-là qui cartonne, va comprendre … on devient bankable ».

BLUR – Girls and boy

Le succès

Blur choisit-il la voie de la facilité ? Un an plus tard, « The great escape » (1995) déconcerte. Où « Parklife » innovait, il propose une pop so « british », dépourvue du moindre hors-piste, une série de sucettes au miel, des nougatines. Les chausse-trappes, les tiroirs secrets, les casse-têtes chinois, l’origami sont mis de côté. Adieu la tourmente. Cette fois-ci, les deux singles extraits de l’album : « Charmless man » et « Country house », synonymisent quatre garçons dans le vent, plus « Revolver » que « White album ».

Country house

Poudre blanche et liquide mordoré ? Pourquoi faudrait-il être « cassé » pour jouer des mélodies simples, directes, carrées ? « The great escape » agit telle une bouffée d’oxygène. Son contexte musical est pourtant riche en médailles. A titre d’exemples : « Mellon collie and infinite sadness », « The bends », « One hot minute » ou « Garbage », mais aucun autre Lp n’est aussi rafraîchissant ou primesautier.

Deux ans plus tard, lorsque « Blur » (1997) voit le jour, on se dit que le présent coure à nouveau vers l’enchantement, la soirée coquine et … pas du tout !

Retour en arrière

BLUR – Beetlebum

« Blur » émet un parfum sépia, nostalgique, un brin dépressif. Le contexte n’est plus à l’amusement, l’âge de la maturité a sonné. Il faut choisir un os à mordre et s’y tenir : grandir. Forcer la réflexion, craindre la facilité, parcourir les crevasses et les fonds baptismaux pour exposer à qui voudra l’entendre les dessous du groupe, « Blur » ne traite que de cela. De la pochette jusqu’aux formes étranges qui sculptent les sillons, une brume hypnotique s’élève qui gagne l’auditeur ; s’y laisser bercer, refuser l’analyse, abdiquer, profiter simplement des notes enlacées.

Pour une cinquième livraison, choisir un titre éponyme n’a rien d’anodin : « Voici ma vraie nature ». Après cet album, l’expérimentation prendra une place prépondérante, gagnant le cœur des rockeurs, lâchant la plèbe « popisante ».

Song 2

L’avenir

L’exubérance « nirvanienne » : « Song 2 », tant radicale qu’addictive, clôt le passé « historique » de Blur. Ce faisant, elle laisse planer un doute sur le futur du groupe …

« Et après, Damon, après ‘Blur’ ? »

« On est parti en tournée. Très vite, avec Graham, on en est arrivé à ne plus pouvoir se sentir. Il fallait que je prenne le large. Alors, j’ai créé Gorillaz »

« Oui, Damon, vous êtes en 1998. Mais vous avez pourtant continué d’enregistrer avec Blur »

« Trois albums en vingt-deux ans !!! »

Les effets de la drogue commençant à se dissiper, le chanteur sort peu à peu du coma chimique qui emprisonne son esprit. Ce faisant, il s’agite : « … Son of a bitch ! ». Il recouvre néanmoins une certaine sérénité au moment d’évoquer l’année 2006.

« 2006 … Avec Paul Simonon, nous décidons de former un groupe. Un ex Clash ! Ce type est vraiment trop cool, un seigneur. Nous nommons le projet : The Good, The Bad And The Queen. Etre sur scène avec lui … incroyable ! Et puis, il y a Tony Allen à nos côtés, un batteur dont Brian Eno dit qu’il est peut-être le meilleur au Monde ! Simon Tong s’adjoint en quatrième membre, un ex The Verve … quel quatuor magnifique nous faisons ! »

« Damon ? Et Blur dans tout ça ? Où en est Blur ? »

« Blur ?! … »

(Fin de l’enregistrement)

BLUR – To the end

Le « privé » range son magnéto à bande, un Revox B77. Il attend son chèque. Les responsables de Parlophone/Warner Bros n’en sauront pas plus. Leur poule aux œufs d’or décidera-t-elle de réenregistre quelque chose un jour ? La réponse tutoyant l’aléatoire, une décision doit être prise.

Le type en polo Prada extrait une bouffée de sa « vaporette ». Tous le regardent. Il expire un brouillard parfumé aux fruits rouges puis susurre : « Virez-les et signez Gradur ».

Tel va le business musical, An 2019.

Thierry Dauge

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