Serge GAINSBOURG – Comme un boomerang

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Serge GAINSBOURG – Requiem pour un chanteur

Comme un boomerang

« L’amour comme un boomerang me revient des jours passés … », et dire qu’il a fallu attendre qu’Etienne Daho lie sa voix à celle Dani pour que ce titre remonte du « passé » ! Si l’amour de Gainsbourg lui revient du passé, ses chansons nous reviennent du même espace-temps via cette formidable compilation : « Comme un boomerang » (2011). Vingt-sept chansons retraçant vingt années d’amour et « anamour » de la part du public, de 1960 à 1979, format double vinyles. Le double CD propose plus de titres dans un ordre un tantinet différent. Mais comme les originaux sont sortis imprimés dans la « cire », permettez que l’on continue d’en discourir en cette matière.

Serge GAINSBOURG – Comme un boomerang

Dans cette chanson, le compositeur tourne autour des accords et mélodies d ‘« Initials BB » (1968). Mais Serge a ses obsessions, il est donc normal d’en saisir les fragrances dans tout ce qu’il compose et/ou écrit. D’ailleurs, plus globalement, ses failles et ses faiblesses apparaissent dans l’intégralité de ce qui lui revient.

Serge Gainsbourg

Obsédé par les femmes enfants, Catherine Deneuve mise à part, et encore, « La sirène du Mississippi » (1969) ou « Les demoiselles de Rochefort » (1967) laissent planer un doute, en Maître chanteur, il les fait chanter sans pourtant rien leur soutirer. « La balade de Johnny Jane » (1976) par Jane Birkin, « Tandem » (1990) par Vanessa Paradis, « les sucettes » (1964) par France Gall sont autant d’aveux sur l’amour platonique qu’il leurs voue, encore que volontairement équivoques, ces chansons puissent sous-tendre des séances « d’exercices » en huis clos …

69 année érotique

Existe-t-il une chanson plus heureuse qu’« Elisa » (1969) ? « … Elisa, Elisa, Elisa cherche moi des poux. Enfonce bien tes ongles et tes doigts délicats, dans la jungle de mes cheveux, Lisa … ». Pourtant, au détour d’un vers : « … Tes vingt ans mes quarante … », la femme enfant surgit à nouveau. Et Gainsbourg peut bien s’affecter et s’énerver sur les « on-dit » autour de « Lemon incest » (1985), il y a de la matière … Le « Lolita » de Vladimir Nabokov aurait-il scarifié la psyché de l’artiste ? D’où cette dérive vers ce « Gainsbarrre », véritable Mr Hyde, double d’Humber Humbert, principal protagoniste du roman par lequel le scandale arrive.

Serge GAINSBOURG – Élisa

Les compilations, sommes de chansons sans fond ni culotte, sont souvent fourbies pour « vendre » une énième fois les mêmes scies ou expédier un contrat d’enregistrement en fin de course. D’où une certaine défiance à leur égard, l’idée du salpêtre en lieu et place des murs, lorsque ça n’est pas le moisi ou le papier-peint, cet artifice désuet, vieillot, sans lendemain.

Serge Gainsbourg

Et puis l’on tombe sur « Comme un boomerang » et l’on revoit son jugement. « L’essentialité » des titres qu’elle aligne ébaubit, bouleverse, enivre. Alors, plutôt que des mots, laissons parler les notes. La musique de Serge Gainsbourg dépasse les genres et les clivages, elle trône : universelle.

Ballade de Melody Nelson

Au-delà des orchestrations et des mots, si nous devions ne garder qu’un seul aspect de ce qu’il a fait, pourrait-ce être ce qui, prit jusqu’alors pour de la dérision ou du cynisme, s’apparenterait à du « comique » ?

Serge GAINSBOURG – Comic strip

« C’est l’histoire d’un mec » …

Requiem pour un con

Thierry Dauge

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