Richard HELL & The VOIDOIDS – Punk, rock & Cie
Richard Hell participe aux premières moutures de Television et de The Heartbreakers. Sa vision musicale et son impétuosité ne supportant aucun compromis, il quitte ces deux formations avant qu’elles n’enregistrent leurs incontournables : « Marquee moon » (février 77) pour l’un, « L.A.M.F. » (octobre 77) pour l’autre, des must absolus !
Décidé à ne plus dépendre que de lui-même, il forme Richard Hell & the Voidoids. Intelligent, il choisit un guitariste au jeu talentueux pour l’épauler, un certain Robert Quine. Sa façon originale de griffonner les notes, de les rendre inattendues, enlumine les titres. Bonne pioche ! Ivan Julian lui fait face, un garçon qui enregistrera avec le Clash (sur « Sandinista » – 1980) puis jouera avec des ex Gang Of Four et XTC, ce genre-là. Du côté du rythme, s’occupant lui-même de la basse, Richard embauche Marc Bell. Ex bûcheron chez Dust, groupe de hard rock psychédélique, il deviendra le métronome des Ramones. Marky Ramone : c’est lui !
Richard HELL & The VOIDOIDS – Love comes in spurts
Equipe au complet, affûtés comme un katana, le gang livre « Blank generation » (septembre 77). Sorti sous étiquette « punk rock », le disque rivalise avec « Young, loud and snotty » (octobre 77) des Dead Boys. Son aspect « guenillé » étant trompeur, une écoute attentive permet d’écrire qu’il va plus loin que son étiquetage ou, pour le moins, « ailleurs ». L’album présente une série de chansons aux constructions alambiquées soutenues par des riffs de bistrots. La chanson éponyme en est un parfait exemple.
Blank generation
Au sommet de ces mélodies savamment « foutraques », la voix du fougueux Hell déjante à loisir, étalon d’un modèle punk. C’est également ce qui fait de « Blank generation » une référence, même si sa renommée ne brille qu’à l’ombre de ses contemporains. A n’en pas douter, il s’agit d’une pierre angulaire, d’un Lp fédérateur, pièce de choix à centrer sur le plateau des platines affranchies.
Richard HELL & The VOIDOIDS – Betrayal takes two
Au-delà des notes de musique, se pourrait-il que Richard hell soit à l’origine d’un code vestimentaire ? La légende veut que Malcolm Mclaren, futur manager des Sex Pistols, croise le chemin de Richard Hell (né Meyers) le jour où ce dernier, déçu de l’effet laissé par la chemise dont-il vient de couper les manches, rattache ces dernières au corps du vêtement à l’aide d’épingles à nourrice.
Au retour de l’opportuniste Malcolm sur ses terres, l’objet de couturière envahit l’Angleterre ! Il reste que Johnny Rotten, au cœur des 700 pages de ses mémoires (« La rage est mon énergie » – 2014), revendique la première utilisation de cette image identitaire. Quoi qu’il en soit, sur les clichés de notre éphèbe, nous retrouvons une autre « scie » punk : un torse dénudé couvert de hardes déchirées. La mode ne tient qu’à un fil …
Liars beware (live)
1977, donc, et puis ? … Richard Hell disparaît quasiment du domaine public. On soupçonne un excès de toxicité chez ce goûteur invétéré de substances prohibées mais l’Enfer est toujours bien présent sur Terre. Le ténébreux fêtera-t-il ses soixante-dix ans (il est né le 2 octobre 1949) en sortant du placard où il s’est volontairement enfermé ? Il lui reste moins de trois mois pour y réfléchir … mais il se dit que l’Art se doit d’être éphémère.
Thierry Dauge