Deuxième Sexe ?
Rien de moins sûr. Pourquoi deuxième ? Pourquoi pas le premier ? Dans son quatrième album, « 2e sexe », dont la sortie est prévue le 20 septembre prochain, Yoanna s’empare de la domination masculine avec sa gouaille, son énergie et ses textes qui claquent… Pour mieux la dénoncer et la renverser.
Mais, me direz-vous, si l’album n’est pas encore sorti, comment est-ce que je peux vous en parler ?
Surtout que, je l’avoue, il y a encore une semaine, je ne la connaissais pas. Et depuis, j’ai comblé mon retard, me promenant à travers ses albums. Je l’ai vue débarquer sur scène à Fontaine, à côté de Grenoble, en première partie de The Disruptives (oui, je suis retournée les voir, ne me jugez pas !). Voilà qu’elle arrive telle une guerrière, maquillée et prête à en découdre.
Et en quelques chansons et quelques phrases, elle installe son univers. A coup d’accordéon, elle fracasse les préjugés sexistes envers les faibles femmes et les mâles dominants qui ont laissé leurs cerveaux au vestiaire. Bon, on en parle de sa veste de pute ? Ah non ! C’est pas elle qui la porte, c’est son batteur, Mathieu Goust. Et c’est Yoanna elle-même qui le dit.
Yoanna ? Balance !
Elle enchaîne les titres qui parlent des femmes, sous toutes leurs formes. Pas un morceau où celles dans la salle ne se reconnaissent pas à un moment ou à un autre. Les hommes ? Bon, ils font un peu la gueule, mais en même temps, avec sa voix, son rythme et ses paroles, Yoanna met tout le monde d’accord. Elle reprend le phénomène « Balance ton porc », car on le sait, « il y a des porcs un peu partout, il y a des loups dans tous les ports ». Mais bon, « une main au cul, c’est pas la fin du monde non plus. C’est un compliment, une prise de contact, certes un peu maladroite…«
Elle assène des vérités et gagne son pari.
Même les hommes arrivent à en rire. Et même à en rire bien ! Dans « Pour une femme », pas une remarque que l’on n’ait pas soit dite soit entendue : « Retourne donc dans ta cuisine faire des gâteaux pour te copines, occupe-toi donc de ton corps, essaie de faire un p’tit effort pour être belle… Pour être celle… Que l’on déchire« . Elle vise juste, elle tombe bien, elle tape là où ça fait mal.
Mon coup de cœur : « Sorcière », où, toujours au son de son accordéon qui ponctue ses rimes, elle rappelle à tous qu’une femme libre, quelle qu’elle soit, finit toujours au bûcher.
Tu ne laisseras pas vivre la magicienne qui est en toi
Sorcière, sorcière ! De mère en fille, de fille en mère, va brûler en enfer !
Et comme elle n’est pas chienne, et pas monomaniaque non plus (Hein ? Vous dites ? « Hystérique » ? Oh ! On se calme, le patriarcat, là, ta gueule !), Yoanna aborde aussi les sujet de société que sont la capitalisme à marche forcée ou encore la pollution qui nous étouffe, avec le plastique qui envahit tout. Dans son titre « En marche« , premier clip de son album, elle dénonce notre société où on pousse toujours plus les hommes à travailler sans souffler. A travailler à en crever, sans jamais s’arrêter… En marche forcée !
En marche
Sur scène à Avignon
Bien sûr, il faut aller découvrir ses trois précédents albums. Bien sûr, il faut guetter le nouveau. Mais plus que tout, si les titres sont toujours bons, c’est sur scène et en live qu’ils prennent toute leur saveur. Parce que Yoanna leur donne vie, leur donne son énergie. Leur donne son humour, sa présence incroyable et toute sa force de guerrière. Elle est à Avignon du 13 au 26 juillet à l’Atypik théâtre tous les soirs à 20h40 : ne la ratez surtout pas. Vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !
Delphine Hossa