David BOWIE – 2003 : La « réalité » d’un dernier Word Tour
En studio
113 concerts répartis sur 10 mois, du 7 octobre 2003 au 23 juillet 2004, il n’y a que sur la tournée Ziggy Stardust que David Bowie avait assuré d’avantage de dates (182) avant de suicider son avatar. Ce coup-ci, c’est lui, en son propre nom, qui se retire. Après Reality (2003), l’album qui sert de support à l’organisation de ce World Tour, il faudra attendre dix ans avant que l’Artiste sorte quelque chose de neuf.
David BOWIE – New killer star (Reality)
En l’occurrence, Next day (2013), certainement un de ses meilleurs enregistrements depuis … Heroes (1977) et sa dernière «vraie» production originale en tant que chanteur, même si elle est un peu longue. Fait étrange, la pochette «parle» en faveur du parallèle évoqué ci-dessus. Blackstar (2016), plus qu’un disque, s’apparente à un testament qui, au risque de blesser certains fans et d’essuyer moult avanies, est plus lugubre que divin.
David BOWIE – Dirty boys (The next day)
Avant, bien avant … était-ce mieux ? C’était différent.
De 1971, et Hunky Dory, à 1974, et Diamond dogs, la production vinylique de Mr Jones rappelle une «lune de miel». Les garçons frôlent le priapisme pendant que les filles orgasment à tours de disques. Le Glam rock gicle, gorgé de mélodies extraordinaires, d’enchaînements originaux, de ponts aux factures architecturales uniques, de textes à tiroirs … de tiroirs de notes. Qualifier son imagination musicale de prolifique relève du pléonasme.
Et ça n’est pas tout ! Avec Young americans (1975) et Station to station (1976), David Bowie réinvente la soul ! Il l’a «passe à la machine», pour «voir si les couleurs d’origines peuvent revenir». Mais ça ne suffit pas ! Pendant le punk, il étalonne le post-punk sur Low (1977) et le précité Heroes (1977). Neuf Lps entre 1971 et 1977, et pas une faute!
David BOWIE – Life on Mars (Hunky Dory)
David BOWIE – Heroes
Après cette débauche de partitions mises en sons, le propos se «rock mainstream-mise» progressivement, Bowie «rentre dans le rang», à quelques singles près. China girl, Lets dance… Ashes to ashes, globalement, de nombreux autres artistes innovent d’avantage, génèrent bien plus d’intérêt. La source s’est-elle tarie? Il semble que le ténébreux Ritchie Blackmore, bretteur en chef chez Deep Purple Mark II, ait dit un jour:
«Chaque artiste possède un capital de chanson au-delà duquel il n’a plus rien à dire».
Se tarir tout en se pérennisant n’est pas incompatible. Cette éventualité ne vaut que pour le studio, parce qu’en live …
David BOWIE – Ashes to ashes (Scary monsters)
En concert
Gravés pour l’éternité au fond de sillons noirs, trois live officiels de David griffent les portes du Ciel.
Live Santa Monica ’72 – Changes
Live Los Angeles ’74 – Cracked actor
Live Nassau Coliseum ’76 – Station to station
La set list de 25 titres commence par The Jean Jeanie et finit par Ziggy Stardust. Pour un peu, on se croirait revenu aux débuts des 70’s ! Dans la même pioche, on entend: Suffragette City, Changes, Under pressure et Fame. Bien sûr, il y a les titres made in 80’s et 90’s, ces «autres», certes magistralement interprétés par le maître et ses mercenaires. Et puis David est tout sourire, dans une indéniable forme, loin, bien loin du pré-punk Ziggy ou du berlinois Thin White Duke. Décrire ce à quoi il fallait assister étant vain, interrompons abruptement cette chronique pour laisser parler la musique et rêver encore … même s’il est mort.
David BOWIE – Live POPB – 20 octobre 2003
« God bless you David. We love you »
Thierry Dauge