BB BRUNES – Nico teen love ? Tabac brun sans filtre
En studio
Tous pays confondus, si un groupe reçoit l’opprobre, c’est bien celui-là. Cible de quolibets, d’injures, en compagnie de The Naast à ses débuts, BB Brunes n’en continue pas moins son chemin au pays de la désaffection. « Désaffection » ? Pas de tous, une frange pop du public français apprécie ces garçons pour leur façon pertinente de manier la mélodie et les mots.
Arrivé à la fin de la vague musicale parisienne dite des « Bébés rockeurs », nom de baptême initié par Rock & Folk, remember les Rock’n’ Roll Friday organisés au Gibus, que leur reproche-t-on ? Trois mots : parisianisme, « fils de », « protégés » du magazine précité. Où est la musique là-dedans ? Avant de critiquer, il faut écouter.
BB BRUNES – M la maudite
Sympa, enlevé, pop-rock bien « torché », tant au niveau des instruments que du texte. Chantée en anglais, interprétée par un groupe anglais, « M la maudite » ouvre les portes des radios, des médias : « La relève ! », et du grand public. En France, la jalousie va bon train qui créée des inimitiés tenaces. Nonobstant, « Nico teen love » (2009) propose un bouquet de titres juvéniles, frais, nerveux, dont l’enchaînement rappel un concept album sans pourtant en relever. A l’écoute de ces rythmiques primesautières, le parallèle avec les ré initiateurs du rock à guitare : The Strokes, se fait naturellement.
BB BURNES – Seul ou accompagné
https://www.youtube.com/watch?v=NX8jv1lEy_s
Tout juste un an après la sortie de ce deuxième enregistrement, les Brunes sortent un Lp huit titres en anglais très … « anglais » ! La référence aux Strokes s’efface pour glisser vers une autre géographiquement plus proche, celle d’Arctic Monkeys. Ces « froggies » ne savent donc pas créer une musique qui leur soit propre, ce « quelque chose » d’identitaire ? Pour ça, la voix particulière se pose en candidate. Elle adopte une sorte de geignement à bout de souffle (en hommage au film de Godard ?) où les inspirations font partie intégrante du style. Appréciée ou abhorrée, c’est également ce genre de particularisme qui provoque l’adhésion ou l’avanie.
BB BRUNES – Taste of a baby
Parce que, parfois, des mots sur le papier et des notes au fond d’un sillon ne reflètent pas l’entière réalité, comment décider d’une concordance de goût sans une confrontation « vivante » ? Les concerts, c’est aussi fait pour ça.
En concert
BB Brunes est un groupe « automnal ». « Nico teen love » sort le 16 novembre 2009, « BB Brunes » sort le 10 novembre 2010 et cette sortie à l’Olympia a lieu le 24 du même mois, même année. Pour le groupe, le nombre « 11 », qualifiant novembre, aurait-il une signification particulière ? « Le 11 est le symbole de l’idéalisme, l’intuition, l’énergie, l’inspiration, la volonté, le courage mais aussi de la tension, la contradiction » (Site Web traitant de numérologie). Dont acte pour l’état d’esprit du groupe en 2010 mais également pour la musique proposée dans les albums qui suivront.
A l’Olympia ?
BB BRUNES – OLympia 24/11/2010
C’est exactement ça ! La fosse sursaturée de jeunes filles en fleur et de jeunes gens suintants de testostérone se meut telle une vague tempétueuse sur le sable des plages lors d’un coup de vent force 10 !
Pas de caméras sur scène ? Pour des garçons sensés se la « péter », c’est étonnant ! Pas si narcisses que ça, donc, contrairement à la plupart des artistes ou formations jouant dans cette salle. Côté son, l’écoute attentive est possible « entre deux ». « Entre deux » quoi ? Au moment où toute cette jeunesse cesse de crier son amour. En intro, en fin de morceau et/ou dès qu’Adrien Gallo esquisse un mouvement équivoque, c’est l’Enfer ! Et l’on s’imagine ce que pouvait donner un concert des Beatles sonorisés par leurs seuls amplis …
BB BRUNES – Printemps de Bourges 2008
https://www.youtube.com/watch?v=ggn-SXoqrSE
Lors de ce Printemps, pourtant de plein air, l’approche sonore est plus favorable. On identifie déjà ce parterre de jeunes femmes en transe qui bougent leurs corps au rythme de leurs idoles. Musicalement, on peut se rendre compte qu’il s’agit bien de musiciens qui œuvrent sur scène et non de gravures de mode sélectionnées en casting pour leur look et/ou attitude.
BB BRUNES – Lorient 2010
Contrairement aux hypothétiques hypothèses que certains lecteurs et certaines lectrices de cette chronique tenteront d’émettre, aucun « parti pris » n’a motivé l’auteur lors de sa rédaction. « L’expérience » vécue live (Olympia) et sur disque pour seules références, toute possible subjectivité avouée, enjoint à écrire que BB Brunes, tant en concert qu’en studio, produit une musique de qualité, fruit d’un travail mesurable. Certes, il existe d’autres groupes tout aussi talentueux, voire d’avantage, mais, qu’on cesse de lui jeter l’anathème, alors qu’il ne cherche qu’à musicaliser notre quotidien.
A cet effet, le 24/11:2010 à l’Olympia, Gaëtan Roussel vient interpréter avec eux « Gaby O Gaby » avant que le groupe nous gratifie d’une « Valse à mille temps », précisant ainsi deux de leurs références francophones. Si : « Tous les goûts sont dans la nature », on a connu des appétences musicales moins classieuses.
Thierry Dauge