Rencontre avec Félix (batteur) et Baptiste (chanteur) du groupe pour en savoir sur ce premier album qui va paraître ce vendredi 7 novembre chez Le Cèpe Records.
Que vouliez-vous faire ressortir en choisissant un nom comme Fragile pour un groupe de punk hardcore ?
Baptiste : Le nom Fragile est venu en même temps que la structuration des textes du premier EP, c’est devenue assez rapidement une évidence. À force d’être ensemble pour composer « AGH… » dans une période assez étrange (le 2ème confinement) on a réussi à se créer un espèce de cocons où on pouvait tout se dire, tout se partager, nos joies comme nos peines, se livrer sans peur d’être juger, ce qui nous a permis d’assumer et d’exprimer notre propre fragilité en quelque sorte. Dans la tête des gens, ce qui reviens le plus souvent c’est que ce nom prends le contre pied de notre musique mais ça n’a pas été réfléchis de la sorte, au contraire, c’est intimement connecté et quand tu regardes un peu les valeurs initiale de cette scène, cela fait encore plus sens.
FRAGILE – A REASON WHY
Votre musique est toujours aussi urgente et spontanée pour garder son authenticité ?
Baptiste : Je pense que c’est de l’urgence réfléchie. La spontanéité viens surtout des mélodies que l’on trouve ensemble, à contrario, les textes mettent beaucoup plus de temps à émerger, c’est notre juste milieu à nous.
En même temps, c’est aussi l’essence même du punk hardcore …
Félix : Bien sûr qu’on essaye au plus de garder cette urgence caractéristique à la scène hardcore. Mais l’idée est aussi d’aller plus loin, de casser certaines barrières, aller chercher des mélodies plus pop comme sur « Celebrate » par exemple, ou utiliser de l’autotune sans en avoir honte. Enormément de groupes catégorisés hardcore de nos jours dépassent ces limites comme Turnstile ou Militarie Gun. On a toujours été très influencés par la scène hardcore US, de Fugazi dans les années 90 à Speed aujourd’hui.
Votre premier ep parlait beaucoup de santé mentale. Est-ce qu’avec Big Big Smile votre vision de la vie est plus positive ou est-ce juste ironique ?
Baptiste : C’est ironiquement positif ! Il y a plus de lumière dans cet album parce qu’il y en a plus dans nos vies également, cependant les textes ne sont pas joyeux pour autant. J’aime cette idée d’écrire des chansons tristes mais que les gens puissent quand même bouger la tête et faire la fête avec nous en concert, c’est un peu une revanche sur les sentiments négatifs que l’on peut ressentir. Toujours prendre avec le sourire, autant que possible, le bon comme le mauvais.
FRAGILE – CELEBRATE
Que vous ont apporté les 50 dates données à travers la France et l’Europe ces dernières années ?
Félix : On a appris à se connaitre les uns les autres, à vivre ensemble. On a appris à se gérer aussi car quand tu pars 3,5,10 jours il faut aussi pouvoir se préserver, alors que nous avions avant plutôt l’habitude de faire des one shot donc avec une ambiance différente. On a aussi quitté notre zone de confort en partant loin et jouant dans toutes les conditions possibles, et ça nous a appris à être toujours humbles, à donner le meilleur de nous-même devant 200 personnes comme devant 10, ou même 1 personne à Santander par exemple (pour l’anecdote, c’est cette date devant une personne qui nous a inspiré le morceau éponyme). Et puis évidement, à considérer et respecter chaque personne qui t’accueille avec tout son cœur et qui fait tout pour que tu sois le mieux possible, surtout quand tu es loin de chez toi.

Votre musique s’est donc enrichie et structurée avec tout ce temps passé ensemble ?
Baptiste : Oui, complètement, le temps c’est un peu la clé de tout. Plus tu passes de temps avec des gens, plus tu tisses des liens, plus tu partages des choses, vie des choses ensemble, plus la création devient facile et évidente. La meilleure chose à nous souhaiter c’est que ça continue comme cela !
Et avec autant de temps passé sur la route, il faut aussi apprendre à vivre tous ensemble ?
Félix : Effectivement, et c’est pas toujours simple d’autant que nous sommes 5 caractères assez forts. Mais on se connait depuis bien longtemps, et on a aussi appris à communiquer plus entre nous.
Avez-vous déjà une certaine nostalgie sur les débuts du groupe où tout s’est passé très vite pour le groupe ?
Félix : Je ne pense pas qu’on ressente une certaine nostalgie car ce qui se passe pour nous en ce moment est vraiment positif. Nous sommes accueillis dans de belles salles, festivals, avec des groupes toujours hyper qualitatifs ou alors nous nous retrouvons en première partie de groupes d’envergure nationale ou internationale et tout cet environnement nous permet de nous épanouir encore plus et d’évoluer positivement. Par contre, nous sommes toujours très attachés aux valeurs DIY de la scène. Les concerts en cafés ou caves, les fanzines, l’autoproduction, les petites assos qui se bougent pour garder un brin d’espoir en la culture en France… on ne laissera jamais ça de côté c’est évident car nous venons tous de là. C’est notre éducation et notre héritage.
Comment ça se passe chez Fragile entre les répétitions et le passage en studio ?
Baptiste : Ce sont deux exercices extrêmement différents. Les repet’ c’est un peu la cour de récré, les idées fusent dans tous les sens, ce sont des moments un peu hors du temps qui laissent place à la création. Cependant, on aborde le studio de manière beaucoup plus scolaire, mais dans le bon sens du terme. Il faut canaliser tout ça, un peu comme un brouillon que l’on remet au propre. Il y a un vrai cheminement qui se fait entre ces deux lieux, ce n’est pas toujours simple, mais la joie que l’on ressent quand on entends pour la première fois ses chansons mixés et masterisés fait rapidement tout oublier.
FRAGILE – TINY GHOSTS …
Dans votre musique on ressent la touche des groupes qui se situe sur ce côté de la France comme les Mad Foxes, Stuffed Foxes, Gleam … À quoi est-ce dû ?
Félix : L’air marin peut être ? aha ! Non en vrai je ne sais pas trop, d’autant que si tu descends un peu dans l’ouest tu peux aussi trouver des groupes comme Cold Stress de Hossegor, qui font du hardcore vraiment cool, ou Basic Partner qui sont aussi de Nantes et qui, eux, ont vraiment le vent en poupe. De toutes façons, Angers comme Nantes ou même Bordeaux ont toujours été des villes de rock depuis les années 80. Les chiens ne font pas des chats, on a grandi avec les Thugs, les Wank For Peace, Daria, mais aussi les Heavy Heart à Nantes par exemple. Ce sont des régions qui sentent fort le rock, c’est ancré dans la culture locale.
La nouvelle scène Angevine est vraiment intéressante. Que pensez-vous de Rest Up par exemple ?
Baptiste : Oui, intéressante et hétéroclite, c’est une petite fierté pour une ville de taille moyenne comme la nôtre d’avoir autant de projet qui cohabitent, que ce soit dans la techno, le rap, la folk, la pop ou le rock. Même si on ne se connaît pas tous, ça ouvre le champ des possibles, ça montre que la culture musicale est bien ancrée et encore présente dans l’adn angevin. Rest Up pour le coup, on les connaît bien, ce sont des gros copains ! On partage le même label et la même attachée de presse pour la sortie de nos albums respectifs sans s’être concertés, ce qui est assez marrant quand on y pense. C’est à l’heure actuelle le groupe avec lequel on partage le plus de chose, autant sur le plans amical que musical. On fait notre release angevine ensemble au Chabada le 7 novembre et j’ai bien hâte d’y être pour découvrir leurs nouveau live. « Real Sensation » à bien tourné sur ma platine dernièrement.
REST UP – ACCUTANE
Que vous a apporté Camille Belin de Daria lors de l’enregistrement et du mix de l’album ?
Félix : Il nous a apporté de la rigueur, du professionnalisme, il nous a poussé dans nos retranchements pour pouvoir extraire le meilleur de nous-même, que ce soit sur les prises instrument mais aussi et surtout sur la voix et les chœurs. Notre collaboration ensemble est arrivée pile poil à un moment dans notre vie de groupe où nous en avions besoin, à la croisée entre les débuts très défouloir et fun du groupe et un futur plus professionnel et un poil plus sérieux, où on peut commencer à se dire que notre musique plait vraiment aux gens et que ça vaut bien le coup d’y consacrer de l’énergie et du temps. Et puis il a toujours aimé le groupe dès le début, je pense qu’il a mis énormément de sa personne et de son temps dans cet album que ce soit à l’enregistrement mais aussi au mixage car il a toujours été persuadé que le projet pouvait fonctionner. Maintenant, on joue cet album sur scène en pensant à lui et à tout ce qu’il nous a apporté.
De quoi êtes-vous les plus fiers avec Big Big Smile ?
Félix : Je pense qu’on à donné le meilleur de nous sur cet album, et ça on en est très fiers. On a poussé les compositions au maximum de leurs capacités, et même si évidement il y a toujours des micros-détails qui nous trottinent dans la tête en réécoutant l’album, je pense qu’on pourrait tous l’écouter de temps en temps et se dire « oh pétard, les morceaux buttent !! » aha. On a aussi été à 99% totalement maitres de la création de cet album, on a travaillé avec des amis et la famille pour la pochette, on a fait le back de l’album nous-même, toutes les photos de presse, les vidéos promos… Le Cèpe Records, notre label, ne nous a rien imposé et ça nous a permis d’être très libre sur la création de l’album dans sa totalité.
En gros, on a réussi à faire ce qu’on voulait, dans un mood plus positif que l’était « …AGH » et maintenant on peut le faire écouter à beaucoup plus de monde que quand on a sorti notre premier EP et ça c’est aussi très appréciable.
Merci à Félix et Baptiste d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et retrouvez Fragile en tournée dans toute la France.

Commandez Big Big Smile qui sort ce vendredi 7 novembre ici.

Et merci à Lucie Marmiesse de See You In L.A de nous avoir bookée l’interview.

Gian, novembre 2025.
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