The SMILE – A Light For Attracting Attention
Avec deux Radiohead à bord – Jonny Greenwood et Tom Yorke – il eut été étonnant que, pour son premier album, A Light For Attracting Attention (2022), The Smile, nouvelle formation pop / rock (?), se contente d’aligner du linge à sécher sur la corde du même nom. À cet égard, dès la première chanson (?), le ton est donné. La partition accordée aux synthétiseurs, leur sonorité, évoquent le deuxième album solo de Robert Wyatt, le plébiscité Rock Bottom (1974) – CF « Sea Song ». L’avoir titrée « The Same » signifie-t-il pour autant que ses géniteurs souhaitaient qu’elle « teinte » à « l’identique » ? Aux intéressés de répondre.
Nonobstant, pour les textes, les thèmes abordés ne cadrent pas. « Lanceur d’éveil » en lien avec l’actualité chez The Smile, planant / ésotérique chez Wyatt. De toute façon, en ce qui concerne la question des possibles influences musicales, les autres morceaux de A Light For Attracting Attention « picorent » ailleurs.
The SMILE – The Same
Qualifier la musique pratiquée par The Smile relève du défi. Elle sinue entre le rock contemplatif, la traduction éthérée d’un voyage astral, une planante lysergique voire une alternative au vieil adolescent : alternativement rock ? Sans aller jusqu’à discourir d’expérimentation, assimilable à un « free rock » parallèle au « free jazz », il y a quand même un peu de tout cela au cœur du partage.
Pana-Vision
À partir du moment où Tom Skinner entre en jeu derrière ses fûts, la musique évolue, donne lieu à des sortes de mantras rythmiques ; même rythme répété à l’infinie, pour le moins du début à la fin du morceau. On pense à Mile Davis, adepte du procédé sur l’album On The Corner (1972). Puis des cuivres, en soli ou brassés à des cordes, viennent discrètement scintiller sur les plages. Le mixage de cette association évolue par accents, entre le retrait et une forme de présence plus ou moins appuyée. De fait, leurs interventions miment le mouvement des vagues, imprègnent le sillon puis se retirent avant de revenir s’y alanguir.
The SMILE – Free In The Knowledge
Claviers mis à part – synthétiseurs et/ou piano –, le disque n’est pas exempt de guitare. Si l’on doit évoquer le qualificatif « rock » à propos de The Smile, c’est dans ses interventions tantôt musclées, tantôt feuilletées, qu’on peut s’y retrouver. Instrument associé à Jonni Greenwood, quasiment exfolié chez Radiohead, la six cordes s’exprime ici dans toute la palette des genres affiliés ; metal excepté. De toute évidence, les power chords ne figurent pas au quotidien du musicien, celui-ci leur préférant des enchaînements complexes et alambiqués.
The Opposite
En toute honnêteté honnêteté, le chroniqueur avoue qu’il est finalement bien embêté pour rédiger son papier. Les formules à l’œuvre explorent des domaines musicaux où ses connaissances sont limitées. C’est donc depuis les sensations éprouvées, les vibrations intérieures que naissent les mots. Comme souvent, plutôt que d’en « parler », il est préférable de se faire sa propre idée. Pour cela, prendre la peine ou le plaisir de l’écouter.
The SMILE – Thin Thing
Depuis la parution de ce premier Lp, deux autres albums sont sortis, tous deux en 2024, témoins d’une inspiration débordante. Pourtant, dès janvier 2024, avec Wall Of Eyes, enregistrement moins attrayant car ne présentant pas autant de personnalité que son aîné, l’intérêt porté à The Smile se dilue. Par contre, mainte fois joué, A Light For Attracting Attention reste mystérieusement envoûtant. Critère d’incontournabilité ? Sais pas, mais pour le moins chaudement recommandé.
Thierry DAUGE
The SMILE – A Light For Attracting Attention – Label : XL Recordings – Déjà disponible.