Slomosa – Tundra Rock
Simple mortel.
Ne prends pas ce qui va suivre pour une menace.
Mais plutôt pour un avertissement.
Tu vas bientôt vivre une expérience. Un rite initiatique.
Car tu vas quitter ce monde qui est le tien. Régi par des normes tangibles et rationnelles.
Pour pénétrer en territoire Stoner.
Là où les lois fondamentales de l’acoustique et de l’électricité ne font plus foi.
Va et voit. Et surtout…
Écoute…
Bon, ça c’est fait. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas…
Ce bon vieux Stoner…
… Eh oui, dame, c’est qu’il naquit dans les derniers soubresauts de ce siècle dernier tourmenté. Engendré par des rebelles à la pilosité crânienne généreuse dont le dernier refuge était ces contrées arides, sèches comme une momie lyophilisée, où seuls quelques ossements blanchis acclamaient de leur silence séculaire les riffs plombés des adorateurs de l’infrason ultime. En deux mots : Desert Rock…
Avec Slomosa, changement de décor…
… Mercure en chute libre. Rocaille chauffée à blanc qui éclate sous le choc thermique et se couvre de glace ainsi que d’un rare lichen clairsemé tel l’occiput de quelque rocker cacochyme. Ciel d’un vide tellement vide mais vide qui s’encombre de lourds stratus tout droit sortis d’un cauchemar lovecraftien. Voici venir le Tundra Rock. Le bien nommé car c’est aussi le blase du deuxième opus de Slomosa, quatuor emmitouflé originaire de Bergen, Norvège. Qui démontre, une bonne fois pour toutes, une fois tombées les moufles, que la science de l’accord trapu n’est pas l’apanage des yankees de la sierra.
2020
En pleine pandémie émerge du pack leur excellent premier album tout simplement baptisé « Slomosa ». Bien décidés à exporter le Stoner du Grand Nord, le groupe ne cesse d’écumer les festivals européens, peaufinant toujours un peu plus son style et son assurance en live. Jusqu’à ce jour de 2024 où paraît ce « Tundra Rock », au titre évocateur, comme un manifeste du Rock minéral made in Septentrion.
Un frelon…
… accusant à la pesée ses trois tonnes et demi plane au-dessus de ton logis. Je te laisse t’imprégner de la situasse… Ca y est ? Tu y es? Voilà grosso merdo pour l’idée du son. Bourdonnant. Énorme. Vrombissant. Diesel titanesque réglé par un mécano virtuose. Et en matière de virtuosité on pense à Kyuss. Pour l’épaisseur sans la lourdeur, pour la riffologie avec le groove.
Slomosa – Battling Guns
Benjamin Berdous…
… question vocaux, ne joue pas la carte de la corde vocale bodybuildé. Plutôt en retrait, il popise même parfois le propos. Le contraste avec le rempart sonique maçonné avec la complicité de son compère Tor Erik Bye, n’en est que plus efficace, évoquant ce mix sucré/salé qu’affectionnent par exemple les angevins de Do Not Machine. La basse de Marie Moe, de son côté, soutenue par la frappe en mode « juste ce qu’il faut là où il faut » de Jard Hole, sait quitter la base et s’échapper pour de belles envolées mélodiques. Elle montre aussi, sur « Red Thundra », la richesse qu’un chant féminin peut apporter à un genre qu’on limite souvent à un unique horizon sévèrement burné.
Ajoutons dans le chaudron…
… des arrangement inattendus dans le genre, comme ce piano en intro de la face B ou ces percus tribales sur « Dune », superbe moment incantatoire, et vous aurez entre les esgourdes la confirmation que Slomosa va durablement imposer sa marque au sein du Clan des Grattes Farouches.
Slomosa – Red Thundra
Slomosa – Tundra Rock
Face A
Afghansk Rev – Rice – Cabin Fever – Red Thundra
Face B
Godd Mourning – Battling Guns – Monomann – MJ – Dune
Label : Stickman Records – 2024