STREETS OF LOS ANGELES – L’histoire du Rock dans la Cité des Anges par Philippe Brossat

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Un panorama fascinant du Rock à LA

Le livre Street Of Angeles
Streets Of Los Angeles

Déjà auteur de périples mémoriels sur New York – Streets Of New York -, et les villes emblématiques des Fab FourLondres & Liverpool avec les Beatles – (Editions Le mot et le reste), Philippe Brossat renouvelle son exploit avec la mythique Los Angeles. Car il s’agit bien d’une prouesse, dresser le plan d’une cité où l’imaginaire Rock se confronte à la réalité, à moins que ce ne soit l’inverse, pour le meilleur et pour le pire.
Dès les débuts de notre musique fétiche, LA concentre à la fois les centres de décisions et d’investissements de la Californie – maisons de productions, labels -, les noyaux de créations et d’expression – clubs, salles, studios –, les lieux de loisirs – du plus snob au plus glauque – et les habitations des artistes. Ainsi, depuis les années 50, s’y est trouvé et parfois perdu un impressionnant Who’s Who du Rock à faire frémir un encyclopédiste. Ici se côtoient musiciens de la scène californienne – les Beach Boys, les Seeds, Love, les Doors bien sûr, Frank Zappa, les Byrds, Janis Joplin, Crosby Stills Nash & Young, les Eagles, Fleetwood Mac, les Red Hot Chili Peppers … -, et d’ailleurs : Ray Charles, Elvis Presley, Roy Orbison, les Beatles, ensemble ou dispersés, Marvin Gaye, Iggy Pop, David Bowie, les Ramones, Lemmy de Motörhead, Tom Petty, les Cramps, Prince, Nirvana

Crosby, Stills, Nash, & Young – Our House – Déjà Vu (1970)

Le recueil s’ouvre sur une carte de LA et de ses principaux quartiers. Ensuite, Philippe Brossat nous guide dans chacun de ceux-ci, boulevard par boulevard, adresse par adresse, racontant avec brio les histoires et les personnages.
Parfois, on touche au sublime. Aux 6050 et 6000 Sunset Boulevard résident les Studios United Recording et United Western, où vont travailler tant d’artistes et y créer des monuments de la Musique. Comme les Beach Boys en 66/67. C’est là en effet que Brian Wilson, le génial leader du groupe, pris dans le tourbillon d’un délire compétitif avec les Beatles, va engendrer les chefs-d’œuvre Pet Sounds et le single mythique Good Vibrations avant de s’effondrer pour le projet Smile. L’auteur rappelle justement l’importance du Wrecking Crew, cette équipe de musiciens de studio, capable de tout jouer et parfois de remplacer les musiciens eux-mêmes. Tels l’implacable bassiste Carole Kaye, dont le son de Fender Precision fait encore rêver les joueurs de 4 cordes et l’incroyable batteur Hal Blaine.

The Beach Boys – Good Vibrations – The Lost Studio Footage (1966)

Évidemment, les ombres de Jim Morrison et des Doors errent plusieurs fois sur la Cité des Anges et dans le livre. Le 8 Juillet 1965, au 2440, à hauteur de Barnard Way et Santa Monica, sur la plage, se rencontrent Ray Manzarek – futur claviériste – et le Jim, déjà poète, prêts à ouvrir les Portes. Puis, au 8901 Sunset Boulevard, le fameux club Whisky a Gogo – d’après la boîte parisienne de notre Régine nationale – accueille le quatuor pendant plusieurs dates avant de les virer un soir d’Août 66 lors de l’improvisation œdipienne et débridée de The End… Mais Morrison choisira de partir à Paris après avoir chanté l’hymne définitif de la ville en 1971 : L.A. Woman.

The Doors – L.A Woman (1971)

Enfin, Los Angeles est aussi ce creuset où la Faucheuse s’amuse avec tous les excès du Sex, Drugs et plus forcément Rock’n’Roll. Et pour cause ! On ne compte pas dans le livre de Brossat les narrations de morts accidentelles, violentes, crimes et décès aussi sordides que mystérieux : Sam Cooke abattu par sa p’tite amie d’un soir, Bobby – I Fought The Law – Fuller peut-être assassiné par un mari jaloux, Marvin Gaye tué par son père, la bévue létale de Terry Kath, le superbe guitariste de Chicago, jouant avec un revolver soi-disant non chargé, la descente fatale de John Belushi, le Blues Brother, drogué jusqu’aux Ray-Ban, la noyade du Beach Boy Dennis Wilson, la dernière prise de Janis Joplin, ou ce grand gaillard de Mal Evans, le couteau suisse des Fab Four, canardé par erreur par la flicaille.

X – Los Angeles – Idem (1980)

On retiendra ici la disparition absurde d’un futur Grand : Elliott Smith. Ce songwriter des années 90 / 2000, fan absolu des locataires d’Abbey Road, s’installe avec sa compagne Jennifer Chiba dans une maison au 1857 1/2 Lemoyne Street Silver Lake. Mais l’un et l’autre tombent inexorablement dans la came. Le 21 Octobre 2003, après une dispute du couple, on découvre Elliott, un poignard planté dans la poitrine. Il meurt peu après, sans qu’on sache vraiment ce qui s’est passé. Triste fin de parcours pour un gars aussi talentueux.

Elliott Smith – Angeles – Either / Or (1997)

Conçu finement tel un répertoire d’adresses, le livre de Brossat peut s’aborder comme un long panorama dans l’espace et dans le temps du Rock angelin, ou par bribes, selon les visites. Précisons que son style clair, nuancé mais sans pathos, sert à merveille le récit. Dans tous les cas, on reste estomaqué par la somme d’indices, d’informations et de révélations qu’a réunie l’auteur, faisant de ce livre l’incontournable outil pour un voyage réel ou imaginaire dans le Rock à Los Angeles.

Philippe Brossat : Streets Of Los Angeles – L’histoire du Rock dans la Cité des Anges / Le mot et le reste (Leur site) – 288 pages – 23,00 €
Parution le 21 Mai 2023

The Stranglers – Dead Loss Angeles – The Raven (1979)

Bruno Polaroïd

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