Didier ROUSSEAU – C’est pour consommer tout de suite ?
Avec cet opus d’immédiate accessibilité, Didier Rousseau propose quatorze titres comme autant de voyages au sein des différents territoires du monde musical. Constantes, sa façon de chanter et sa voix, toutes deux spécifiques (quoique …) et ces brassées de cuivres rutilants, souffles de tous leurs vents pour des bouquets de notes à tendance exotiques. « N’en v’là des « genres », n’en v’là ? ». Jugez sur pièces : grand orchestre swing ou jazzy, funk, rhythm and blues, samba, blues lents, reggae ou bossa nova. Pour un peu on se croirait chez Lavilliers !
Didier ROUSSEAU – Les on dits, les non-dits
Revenons sur la façon dont Didier découpe ses paroles, la diction qu’il adopte pour porter ses textes. Lorsqu’elles swinguent, si les partitions du grand orchestre sonnent Sinatra, immanquablement, pour le chant, dès la première chanson on pense à Claude Nougaro. Ce n’est pas tant la voix qui provoque cela mais la diction (l’addiction ?). Textes humoristiques ou traitant du quotidien aidant, l’association Vian / Salvador vient ensuite à l’esprit. Et puis, ce petit côté « gourmand » dans la rondeur du timbre nous entraîne vers Pierre Vassiliu, un épicurien convaincu.
Ale Ale Alessia
Sorti dans une période plutôt noire, dans la quasi clandestinité du mois de septembre 2021, C’est pour consommer tout de suite ? nécessite d’être mis à l’affiche. L’objet est joyeux, soyeux, entraînant, attrayant. Même lorsqu’il épouse la langueur d’un blues lent, un petit air de Nouvelle-Orléans autour d’un œil moins bon enfant, la musicalité prend du bon temps.
Didier ROUSSEAU – Ce monde autour de nous
C’est que Didier Rousseau n’en est pas à son coup d’essai, et même si le rock sous sa forme « pur et dur » ne transpire pas dans cet album, c’est à cette pierre philosophale qu’il a aiguisé son appétit, au contact de formations comme les Stones, Led Zeppelin ou Pink Floyd. Par la suite, la petite fée du jazz le saisit pour l’entraîner dans le giron d’un Duke Elington ou d’un Nat King Cole. Pluripotent, il sait également livrer des pièces plus intimes et capiteuses, du genre réflexives ou « amoureuses », de quoi enlacer sa partenaire jusqu’à à la poursuite d’une « petite mort » annoncée.
L’amour sans savoir vivre
L’accordéon n’étant pas que musette, joué sous forme bandonéon, il sied à ravir l’objectif de notre artiste : distraire, faire danser, toucher.
Si l’insipidité lassante des saillies marketing vous assomme, si, pour vous, en musique, les saveurs vous trouvent épanouis, alors, à la question : C’est pour consommer tout de suite ? Hâtez-vous de répondre oui.
Thierry Dauge