STARMANIA – Opéra Rock ou Comédie Musicale ?
Depuis sa création en 1978 il se trouve toujours un producteur pour relancer la machine, ranimer Starmania. A la base, comme signifié dans le double album correspondant, il s’agit d’un « opéra » composé par Michel Berger, le livret revenant au québécois Luc Plamondon. D’une qualité musicale incontestable, le qualificatif de l’œuvre porte à discussion.
En effet, sous le terme « opéra », on identifie en premier lieu une œuvre musicale classique. Pour Starmania, associer « rock » à opéra colle apparemment davantage à la musique en question. Seulement, voilà : est-il réellement question de « rock » distillé au fond des sillons ? User d’une terminologie « pop » ne serait-il pas plus juste ? Ou bien, encore mieux, ne pourrait-on distinguer une sorte de « variété internationale » à l’œuvre ? Dans ce cas, parler de « comédie musicale » serait plus adapté.
STARMANIA – Quand On Arrive En Ville
Dans les textes des chansons, peut-on identifier des formules ou tournures de vers, ou de prose, qui puissent faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre des genres ?
« Un jour vous verrez la serveuse automate s’en aller cultiver ses tomates » … « J’ai du succès dans mes affaires, j’ai du succès dans mes amours, je change souvent de secrétaire » … « On prend le même métro vers les mêmes banlieues tout le monde à la queue leu leu ».
Avouons que ce qui précède présente davantage de similitude avec « Le Jerk » de Thierry Hazard qu’avec un titre des Stones. « Quand Joséphine sort du bureau, elle passe aussitôt chez sa cousine Berthe…dans la fanfare de l’usine, les dimanches, il joue du trombone… » : Nous sommes d’accord ?
Par contre, d’un point de vue purement instrumental, le clavier l’emportant sur la guitare, un parallèle avec Supertramp versus Crime Of The Century (1974) ou Breakfast In America (1979) semble possible.
Ouverture
Pour ce qui concerne les interprètes initiaux : Daniel Balavoine, France Gall, Fabienne Thibault, Diane Dufresne, Claude Dubois (?) … Seule, peut-être, Nanette Workman évoque-t-elle un certain profil rock. Balavoine ? Avant d’user du fairlight à foison à partir de « l’Aziza », il a certes fourbi des titres ne manquant pas de mordant tels « Les Petits Lolos » ou « Vendeurs de Larmes ». De là à qualifier son répertoire de « rock » …
La parallélisassion de Starmania avec un spectacle plus récent du genre Le Roi Soleil (2005) n’est pas sans fondement. Aspect historique mis à part, les partitions supportent la comparaison. Par exemple, « Être A La Hauteur » extrait du deuxième, comporte des riffs de guitares assez musclés, de même que « Tatoue-moi », autre morceau de pop énergique présent dans Mozart, l’Opéra Rock (2009) cette fois-ci. Ces derniers spectacles relevant de la comédie musicale, peut-on en conclure que Starmania également ?
STARMANIA – Banlieue Nord
Quelle que soit la couleur de la démonstration, quel qu’en soit le parfum, il apparaît clairement que cordite et/ou rouge orangé d’une coulée de lave ne sont pas d’actualité. De rock, point question.
Starmania, opéra pop ? Si tant est que, contrairement à ce qui se passe en France : « Tu chantes de la pop en français, c’est de la variétoche », les contrées anglophones parlent plus volontiers de « pop music », pourquoi pas ? Comédie musicale, opéra pop, où se situe la frontière ? Signalons plutôt des interprétations surprenantes de la part d’artistes dont nous ne soupçonnions pas les capacités.
Monopolis (Dans Les Villes de l’An 2000)
Juger de la qualité d’une œuvre musicale à partir de notions basées sur les ressentis et les sensations relève de toutes les opinions, de tous les … goûts ! Reconnaissons quand même à Starmania, et d’une même voix, des qualités indéniables. Au titre de compositions destinées à un spectacle et, donc, à être publiquement interprétées, qu’on écoute l’album ou qu’on le zappe, la démarche est respectable.
Mais j’en entends déjà qui babillent « Finances ! », qui critiquent l’aspect « Pognon ! », subsides grassement engrangés par la … « chose ».
STARMANIA – Le Blues du Businessman
Dès que possible, la musique doit s’apprécier « vivante », debout dans une salle de concert, au contact de la scène. Lorsqu’elles ne sont plus jouées, les chansons cessent d’exister. En cela, l’opéra pop / comédie musicale en question continue de respirer de tous ses pores, de toutes ses notes. Et parions que, telle une comète, Starmania n’a pas fini de tourner.
Thierry Dauge